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marquez un homme étendu fur ce lit magnifique; c'eft fon mari qui vient de mourir. Elle en eft inconfolable. Leur hiftoire eft touchante, & mériteroit d'être écrite. Il me prend envie de vous la conter. Vous ne ferez plaifir, dit l'Ecolier, le pitoyable ne m'attendrit pas moins que le ridicule me réjouit. Elle eft un peu langue, repliqua le Diable, mais elle eft trop interreffante pour yous ennuyer. Alors il en commença le recit dans ces termes.

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CHAPITRE XIII.

De la force de l'Amitié.

UN

HISTOIRE.

N jeune Cavalier de Tolede. fuivi de fon valet de chambre s'éloignoit à grandes journées du lieu de fa naiffance, pour éviter les fuites d'une tragique avanture. Il étoit à deux petites lieues de la Ville de Valence, lorfqu'à l'entrée d'un bois il rencontra une Dame qui defcendoit d'un Caroffe avec précipitation. Aucun voile ne couvroit fon vifage qui étoit d'une éclatante beauté, & cette charmante perfonne paroiffoit fi troublée, que le Cavalier jugeant qu'elle avoit befoin de fecours, ne manqua pas de lui offrir celui de fa valeur.

Genereux Inconnu, lui dit la Dame, je ne refuferay point l'offre que vous me faites. Il femble que le Ciel vous ait envoyé ici pour détourner le

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malheur que je crains. Deux Cavaliers fe font donné rendez dans ces bois; je viens de les y voir entrer tout-à-l'heure. Ils vont fe bat.. tre. Suivez-moy, s'il vous plaît ; Venez m'aider à les féparer. En achevant ces. mots, elle s'avança dans le bois ; & le Toledan aprés avoir laiffé fon cheval à fon valet, fe hâta de la joindre.

qu

A peine eurent-ils fait cent pas u'ils entendirent un bruit d'épées, & bien-tôt ils découvrirent entre les arbres deux hommes qui fe battoient avec fureur. Le Toledan courut à eux pour les féparer, & en étant venu à bout par fes prieres & par fes efforts, il leur demanda le fujet de leur different.

Brave inconnu, lui dit un des deux Cavaliers, je m'appelle Dom Fadrique de Mendoce & mon ennemi fe nomme Dom Alvaro Ponce. Nous. aimons Dona Theodora, cette Dame. que vous accompagnez, Elle a toujours fait peu d'attention à nos foins & quelques galanteries que nous ayons. pû imaginer pour lui plaire la cruelle ne nous en a pas mieux traitez. Pour moy j'avois deffein de continuer

à la fervir malgré fon indifférence mais mon Rival au lieu de prendre le même parti, s'est avifé de me faire un appel.

Il eft vrai, interrompit D. Alvar, je croy que fi je n'avois point de Rival, Dona Theodora pourroit m'écouter. C'est pourquoy je veux tâcher d'ôter la vie à Dom Fadrique, pour me défaire d'un homme qui s'oppose à mon bonheur. Seigneurs Cavaliers, dit alors le Toledan, je n'approuve point vôtre combat. Il offenfe Dona Theodora. On fçaura bientôt dans le Royaume de Valence que vous vous ferez bien batus pour elle. L'honneur de vôtre Dame vous doit être plus cher que vôtre repos & que vos vies. D'ailleurs quel fruit le vainqueur peut-il attendre de fa victoire ? Aprés avoir expofé la réputation de fa Maîtreffe, penfe-t'il qu'elle le verra d'un œil plus favorable? Quel aveuglement! Croyez-moy, faites plutôt fur vous l'un & l'autre un effort plus digne des noms que vous portez. Rendez vous maîtres de vos transports furieux, & par un ferment inviolable engagez-vous tous deux à

foufcrire

foufcrire à l'accommodement que j'ai à vous propofer. Vôtre querelle peut fe terminer fans qu'il en coûte du fang.

Eh de quelle maniere, s'écria Dom Alvar, Il faut que cette Dame fe déclare, repliqua le Toledan; Qu'elle fafle choix de Dom Fadrique ou de vous, & que l'Amant facrifié loin de s'armer contre fon Rival, lui laiffe le champ libre. Fy confens, dit Dom Alvar, & j'en jure par tout ce qu'il y a de plus facré. Que Dona Theodora fe détermine qu'elle me préfere, fi elle veut mon Rival; cette préference me fera moins infuportable que l'affreufe incertitude où je fuis. Et moy, dit à fon tour Dom Fadrique, jen attefte le Ciel! Si ce divin objet que j'adore ne prononce point en ma faveur, je vais m'éloigner de fes charmes, & fi je ne puis les oublier, du moins je ne les verray plus.

Alors le Toledan fe tournant vers Dona Theodora : Madame, lui ditil, c'est à vous de parler. Vous pou-vez d'un feul mot defarmer ces deux Rivaux. Vous n'avez qu'à nommer celui dont vous voulez récompenfer læ

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