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Verfe des fleuves de vin.

VII.

Je vois au bout des campagnes
Pleins de fillons dorez,
S'enfuir vallons & montagnes
Dans des lointains azurez,
Dont la bizarre figure
Eft un jeu de la nature.
Sur les rives du Canal,
Comme en un miroir fidelle,
L'horifon fe renouvelle,
Et fe peint dans ce criftal.

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Avec les fruits de l'Automne
Sont les parfums du Printems,
Et la vigne fe couronne
De mille feftons pendans;
Ce fleuve aimant les prairies,
Qui dans des Iles feuries
Ornent fes canaux divers,
Par des eaux ici dormantes ›
Là rapides & bruyantes,
En baigne les tapis verds.

I X.
Danfant fur les violettes
Le Berger méle fa voix
Avec le fon des mufettes,
Des flûtes & des hautbois.
Oifeaux par votre ramage
Tout fouci dans ce bocage
De tous c coeurs font effacez,
Colombes, & tourterelles,
Tendres, plaintives, fidelles,
Vous feules y gémiffez.

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Une herbe tendre & feurie y

M'offre des lits de gazon;
Une douce rêverie
Tient mes fens & ma raison :
A ce charme je me livre,
De ce nectar je m'enyvre,
Et les Dieux en font jaloux.
De la Cour flateurs menfonges,
Vous reffemblez à mes fonges,
Trompeurs comme eux, mais moins
doux.

X I.

A l'abri des noirs orages,
Qui vont foudroyer les Grands,
Je trouve fous ces feuillages.
Un azile en tous le tems:
Là pour commencer à vivre,
Je puise feul & fans livre
La profonde vérité ;

Puis la Fable avec l'Hiftoire
Viennent peindre à ina memoire
L'ingenue antiquité. "

X I I.

Des Grecs je vois le plus fage*, Jouet d'un indigne fort, Tranquile dans fon naufrage Et circonfpe&t dans le port. Vainqueur des vents en furie Pour fa fauvage Patrie, Bravant les flots nuit & jour. O! combien de mon bocage Le calme, le frais, l'ombrage, Meritent mieux mon amour. XIII.

Je goûte loin des allarmes, Des Mufes P'heureux loifir;

* Ulyffe.

Rien n'expofe au bruit des armes
Mon filence & mon plaifir.

Mon cœur content de ma lyre,
A nul autre honneur n'afpire,
Qu'à chanter un fi doux bien.
Loin, loin, trompeufe fortune,
Et toi faveur importune,
Le monde entier ne m'eft rien.
XIV.

>

En quelque climat que j'erre, Plus que tous les autres lieux, Cet heureux coin de la terre Me plaît & fit à mes yeux: La pour couronner ma vie, La main d'une Parque amie Filera mes plus beaux jours; Là repofera ma cendre; Là Tyrcis viendra répandre Les pleurs dûs â nos amours,

Mr P'Abbé de Langeron.

FIN.

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