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à moins qu'on ne puiffe s'affurer que leur retraite fera facile. On a dû prévoir auffi le cas où l'on fe trouverait, fi l'Ennemi forçoit les retranchemens en tout ou en partie, afin de s'y préparer d'avance; en forte que par une nouvelle difpofition de l'Artillerie, l'on puisse prendre des revers fur les parties enfoncées, & par la vivacité de fon feu, forcer l'Ennemi victorieux à les abandonner.

Dans le cas où l'on placeroit le canon dans quelques parties des retranchemens, il faudra, autant qu'il fera poffible, qu'il ne puiffe embarraffer les Troupes, ou nuire à l'exécution de leur feu. Dans les retranchemens, ainsi que partout ailleurs, il ne faut point faire de groffes batteries, parce que l'Ennemi peut les éviter, qu'elles fortifient un point aux dépens des autres, & offrent fouvent des revers, qui deviennent d'autant plus dangereux, que le nombre des pieces eft plus confidérable.

S'il y avoit un terrain, ou des hauteurs favorables qui permiffent à l'Ennemi de prendre des revers, & que, malgré cet inconvénient, la pofition qu'on occupe fût effentielle, il faudroit faire un bon épaulement pour s'en garantir.

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Les batteries à barbette doivent être généralement préférées à celles qui ont des embrafures; parce qu'elles procurent plus de facilité à découvrir de loin, & qu'elles doivent fouvent changer de pofition, relativement aux progrès de l'Ennemi. Il faut donc les multiplier, afin que, felon les circonstances, on puiffe le fuivre & le harceler par-tout.

Nous n'avons rien à ajouter fur ce qui concerne la conservation des munitions, & les accidens toujours trop fréquens. Par-tout où l'Artillerie fera exécutée, ce seront les mêmes précautions à prendre ; c'est donc pour la derniere fois que nous en ferons mention.

Ayant dit, à-peu-près, tout ce qui concerne la défense des retranchemens, nous terminerons ce Chapitre par ce qui nous reste à dire fur l'Attaque. Nous obferverons encore, qu'il y a un rapport très-immédiat avec les principes que l'on a établis pour leur défense, puifqu'on eft également dans la néceffité d'appuyer les flancs, & toutes les parties de la difpofition de l'Attaque, en forte qu'elles fe protegent réciproquement. Il faudra réunir le plus grand nombre de Troupes, & une plus grande quantité d'Artillerie, fur les points où

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l'on veut forcer l'Ennemi, tandis qu'on fera illufion fur les autres, & qu'on lui en imposera par des mouvemens & de fauffes attaques. Dans l'un ou l'autre de ces cas, l'Artillerie peut être employée très-avantageusement.

Le Général de l'Armée ayant mûrement réfléchi, prévu tous les obftacles & trouvé les moyens de les furmonter, s'étant enfin déterminé à attaquer l'Ennemi, fera fa difpofition de concert avec le Commandant de l'Artillerie, & d'après une parfaite reconnoiffance de fa fituation, de fes refsources & des débouchés, il ne négligera rien pour mettre l'Ennemi dans l'incertitude fur le vrai point d'Attaque. Enfin le moment arrivé, l'Artillerie de pofition, c'eft-à-dire, les pieces de huit & de douze, feront placées aux fauffes attaques, fur les flancs correfpondans des vraies. Elles chercheront à attirer l'attention de l'Ennemi, & le feu de fon Artillerie. En même temps, l'on fera fon poffible pour prendre & conferver la fupériorité fur elle. On s'occupera peu des retranchemens, à moins que, par quelques ftratagêmes, on ne veuille en imposer à l'Ennemi & lui donner le change. Ces batteries doivent commencer les premieres, &

prendre des prolongemens, s'il eft néceffaire, fur les parties des retranchemens, derriere lesquelles on auroit pu placer le canon, ou tirer par des batteries perpendiculaires aux faces, s'il arrive que dans cette pofition elles découvrent davantage.

Les batteries deftinées aux véritables Attaques doivent éviter de battre trop-tôt les points par où l'on veut faire effort. C'eft avertir l'Ennemi & lui découvrir fon projet, qu'on ne fauroit trop lui cacher, afin de le tromper dans fa contre-difpofition.

Les batteries qu'en général on oppose à celles de l'Armée retranchée, ne doivent s'exécuter que quand elles peuvent battre les retranchemens, & les Troupes qui font derriere, foit en colonne ou autrement. Elles doivent chercher tous les moyens de remplir ces deux objets, en obfervant en même temps de chercher à fe garantir, autant qu'il eft poffible, des coups en rouage.

S'il fe trouve des retranchemens fermés, ou des redoutes, en multipliant les feux fur elles, il fera facile de les écrafer. Dans ce cas les batteries fe placeront le plus avantageufement qu'elles pourront, d'après la reconnoiffance qui

en aura été faite, foit en prolongeant les faces, foit en les battant dire&ement. Les obus feront très-avantageux à employer, foit qu'il faille détruire les fraises, les palifsades de toutes efpeces, les abattis, &c. foit qu'il faille inquiéter les Troupes au dedans. Dans le premier cas, il faut emplacer les obufiers fur les prolongemens, à deux cens toifes & plus près, s'il eft poffible. Tirer fous l'angle de trois ou quatre degrés, parce que cette distance fera d'autant plus avantageufe, que, fans changer de place, ils pourront non feulement renverfer les paliffades, mais encore tirer à cartouche, fi l'Ennemi borde les parapets des retranchemens.

S'il étoit néceffaire de tirer des obus en bombes pour battre l'intérieur, en même temps qu'on détruit les parties extérieures qui doivent en faciliter l'approche, alors toutes les pofitions font bonnes; même les ravins les plus à portée, s'ils font praticables, & que l'on puiffe y être garanti du feu de l'Ennemi. Toute cette Artillerie, placée & exécutée avec intelligence, doit faire un grand ravage, & dans peu, rendre impraticables tous les points fur lefquels elle eft dirigée.

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