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Les retranchemens étant ouverts, les Troupes ennemies inquiétées & battues de toutes parts, la victoire qu'a préparée l'Artillerie, ne dépend plus que de la bravoure des Troupes. Le canon qui leur eft attaché, les ayant protégées dans l'attaque, doit chercher tous les moyens de les favorifer en cas de retraite.

Le peu que je viens de dire fur l'Attaque & la défense des retranchemens, ne doit être confidéré que comme des limites qu'il faut étendre ou refferrer, fuivant les circonftances, variables à l'infini. L'intelligence & l'expérience fuffiront pour remplir cet objet. C'en eft affez, fans doute, fi le Génie vient nous éclairer sur la foiblesse des Armées retranchées fuivant la routine de la défenfive moderne, & lorfque les Généraux les regarderont comme un pis aller, prefque toujours infuffifant car il eft reçu des Militaires inftruits & expérimentés, que toute défensive uniquement fondée fur des pofitions retranchées, eft absolument contraire à toutes les grandes vues, aux vrais & folides principes de l'Art de la Guerre, que cette méthode enfin n'a jamais été celle des grands Généraux. On peut s'en convaincre en parcourant les relations de leurs victoires, dans lesquelles

on verra qu'ils ont prefque toujours attaqué, & que lorsqu'ils ont reçu des combats, ce n'a prefque jamais été derriere des retranche

mens.

D'après cela, j'ai cru pouvoir limiter l'ufage de l'Artillerie dans l'attaque & la défense des Armées retranchées, à des principes fuccines & généraux : car, de quelque nature que foient des retranchemens, l'emplacement & l'exécution de l'Artillerie, eft à-peu-près la même ce font toujours des prolongemens à prendre, des feux croifés & des revers, autant qu'on le peut.

Quant aux Attaques de nuit, la meilleure façon eft de ne point faire usage du canon, à moins que dans ce cas extrême, on ne veuille employer la cartouche, en jettant, en avant des retranchemens, des matieres combuftibles, pour en éclairer le front, afin de pouvoir en diriger les coups. Mais ce moyen entraîneroit toujours beaucoup de difficultés, pour ne remplir qu'imparfaitement fon objet (1); je

(1) Malgré mon opinion fur les Attaques de nuit, fi l'on vouloit abfolument y employer du canon, il en faudroit davantage dans les fauffes Attaques que dans les vraies.

préférerois donc, dans ce cas, l'usage de la bayonnette. D'ailleurs, quels font les Militaires qui peuvent ignorer que les affaires de nuit entraînent toujours le défordre & la confufion & qu'en pareil cas, le Soldat a trop fouvent besoin de témoins, pour ne pas manquer de courage.

CHAPITRE VI.

Des affaires de Pofles.

IL Left très-facile d'imaginer le rapport intime qu'il y a entre les affaires de Pofte & l'attaque des retranchemens d'une Armée, puifqu'ils ne different entr'eux, que par l'étendue. Les Poftes font des points retranchés par la nature, que l'on augmente & fortifie par l'art. Tels font les Cenfes, les Villages entourés de haies, de foffés, de ravins, enfin tous les lieux qu'on ne peut attaquer qu'avec défavantage. Il eft facile de juger que tout ce que nous avons dit dans le Chapitre précédent, relativement à l'exécution de l'Artillerie dans les camps retranchés, convient parfaitement aux affaires de Poftes; qu'en général les combinaifons dans ces fortes d'attaques, ainfi que celles de leurs défenses, font moins compliquées & moins favantes que dans celles des Armées retranchées, & que celui qui attaque a toujours l'avantage que l'affiégeant a fur l'affiégé. Il n'eft donc queftion, après en avoir fait la

Reconnoi anes de le és efforts E donner. De employer tou

mettre tous

fûreté, en for

il rende sa dé
niâtre.

Après une p tuation du Pof de l'attaquer, n pofitions préli Ennemi. Il fa elles doivent ag ges qu'aura faits les retranchemen Pofte ne pourra p fanterie du Pofte les retranchemens ment, que quand attaquer de

vive

les breches devie ce moment on doi Poftes, furveillės pa intelligentes. Le fur

C

reconnoiffance, que de réunir fur quelquesunes de leurs parties foibles, tout fon feu & ses efforts pour obliger l'Ennemi de les abandonner. De même celui qui les défend, doit employer toutes les reffources de l'art, pour mettre tous les points de fa difpofition en fûreté, en forte qu'oppofant l'effort à l'effort, il rende fa défense plus nerveuse & plus opiniâtre.

Après une parfaite reconnoiffance de la fituation du Pofte, les Troupes qui fe propofent de l'attaquer, ne doivent point, dans leurs difpofitions préliminaires, s'exposer au feu de l'Ennemi. Il faut attendre que le moment où elles doivent agir, foit déterminé par les ravages qu'aura faits l'Artillerie fur les Troupes & les retranchemens; & qu'enfin l'Artillerie du Pofte ne pourra plus agir que foiblement. L'Infanterie du Pofte ne doit à fon tour occuper les retranchemens, foit en colonne, foit autrement, que quand l'Ennemi fe difpofe à les attaquer de vive force, & à mesure que les breches deviennent praticables. Jufqu'à ce moment on doit les garder par de petits Poftes, furveillés par des Sentinelles fûres & intelligentes. Le furplus des Troupes doit cher

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