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II. CLASSE.

cruel ennemy auroit été bien aife de changer en douleur & en tristesse la joye AN. 401. que nous avions euë de vôtre retour; mais le Dieu de mifericorde, le Confolateur des affligez, le Protecteur des orphelins, le Soûtien des foibles n'a permis au demon d'aller jufques à un certain point, qu'afin que nous eussions plus de joye de voir les chofes rétablies, que nous n'avions eu de douleur de les voir en mauvais état. Car IL EST BIEN plus glorieux de renoncer à l'Epifcopat pour prevenir des maux dont on voit l'Eglife menacée, que de l'avoir accep→ té pour la fervir; & rien ne prouve mieux qu'on étoit digne de cet honneur, que de ne vouloir rien faire d'indigne pour s'y maintenir. Dieu a donc voulu que vôtre frere nôtre tres-cher fils * Ma→ ximien fervît à faire voir aux ennemis de l'Eglife qu'elle porte dans fon fein des enfans qui ne cherchent point leurs propres interefts, mais uniquement ceux de Jefus-Chrift.Car ce n'eft par aucun moument de cupidité ny d'intereft temporel que Maximien s'eft départy du miniftere de la difpenfation des Sacremens; mais au contraire par un mouvement de pieté & d'amour pour la paix, ne voulant pas conferver fa dignité

Tome II.

B

* Ce mot la fait voir que Maximien n'avoit pas été ordonné autrement S.

Auguftin & Alipe ne le pas leur fis Phil.2.21.

qualifieroient

II.

au prix des honteufes & funeftes diviCLASSE. fions qui pouvoient naître à son occasion AN. 402. entre les membres de Jesus-Christ. Aussi

Mat.7.10.

auroit-ce été un aveuglement horrible à un homme à qui l'amour de la paix de l'Eglife Catholique venoit de faire quitter le fchifme, que de troubler cette même paix en conteftant pour fa dignité : comme au contraire il n'y a rien de plus beau à un homme qui revient de l'égarement & de l'orgueil des Donatistes à l'heritage de Jefus - Chrift, & de plus digne d'une charité vrayement Chrêtienne, que de fignaler fon amour pour la paix par un fi grand exemple d'humilité. Ainfi autant que nous avons de fujet de nous réjouir qu'il fe foit trouvé fi folidement établi fur la pierre ferme, que l'orage de cette tentation n'ait pu renverfer ce que la parole de Dieu avoit formé & élevé dans fon cœur, autant fommes nous obligez de fouhaitter & de prier Dieu qu'il luy faffe la grace de faire voir de plus en plus par la fuite de fes actions & de fa vie, combien il fe feroit acquitté dignement de fon miniftere, fi les chofes fe fuffent tournées d'une maniere à luy permettre de l'excercer. Que la paix éternelle qui eft promise à l'Eglife foit la recompenfe

de l'humilité qui luy a fait comprendre, que ce qui ne convenoit pas à la paix de l'Eglife ne luy convenoit pas non plus.

2. Pour vous, nôtre cher fils, qui faites nôtre confolation & nôtre joye, & que nul pareil obftacle n'empêche de vous charger de l'Epifcopat, il est de vôtre vertu & de la bonté de vôtre naturel de confacrer à Jesus-Christ, ce qu'il vous a donné. Car tout ce qu'il y a en vous d'efprit, de fageffe, d'éloquence, de modeftie, de de modeftie, de temperance, & de toutes les autres vertus, qui font l'ornement de vôtre vie, doit étre regardé comme autant de dons de Dieu. N'eft-il donc pas jufte de les employer pour le fervice de celuy qui vous les a donnez; afin que non feulement il les conferve, mais qu'il les augmente & les perfectionne, & qu'enfin il les recompenfe éternellement ? Et quel dommage feroit-ce que vous les employaffiez pour le monde, & qu'on les vît paffer & perir avec luy? Nous fçavons qu'il ne faut pas beaucoup de difcours pour vous remettre devant les yeux, ce que vous concevez affez vous même de la vanité des efperances des gens du fiécle, de l'infariabilité de leurs defirs, & de l'incertitude de la vie. Chaffez donc

11. CLASSE.

A N. 402.

11. CLASSE.

A N. 402.

de vôtre cœur toutes les fauffes efperances qu'il avoit conçues de trouver quelque forte de felicité fur la terre, & faites confifter tout vôtre bon-heur à traMath.10.1. vailler dans la vigne de ce Pere de famille qui paye fi bien ceux qui le fervent. Il eft fidelle dans fes promeffes;& nous en voyons déja tant d'accomplies qu'il y auroit de la folie à douter de la feureté de celles qui ne le font pas encore.

Nous vous conjurons donc par l'humanité & la divinité de Jefus-Chrift,& par la paix qui regne dans cette celeste patric, où nous ne fommes point encore, & dont nous tâchons d'acheter le faint repos au prix des travaux de cette vie mortelle, de vouloir bien prendre la place que vôtre frere vous laiffe dans l'Eglife de Vages ; & qu'il a quittée d'une maniere fi glorieufe. Faites que le peuple de cette Eglife, pour qui nous efperons de fi grands fruits des talens d'efprit & d'éloquence dont Dieu vous a gratifié, reconnoiffe en vous que ç'a été pour les maintenir en paix, & non pas pour s'épargner de la peine, que vôtre frere a fait ce qu'il a fait. Nous avons -donné ordre qu'on ne vous lût cette lettre, que lors que vous feriez entre les mains de ceux qui ont befoin de

CLASSE,

vous, Mais quoiqu'ils ne vous tiennent II, pas encore, nous vous tenons déja em- AN. 402. braffe par le lien de la charité qui nous unit, en attendant que nous foyons encore plus étroitement unis, par vôtre entrée dans le College Epifcopal qui a tant de befoin de vous. Vous fçaurez dans la fuite ce qui nous a empêché de vous aller joindre,

LETTRE L X X. *

Saint Auguftin montre dans cette lettre que quand les Donatiftes, pour se justifier d'avoir retabli Felicien, un de leurs Evêques, qu'ils avoient eux mêmes condam né avec les autres Maximianiftes, prenoientle parti de dire qu'il étoit innocent. lorfqu'ils le condamnerent, ils faifoient affez voir qu'ils n'avoient pas condamné moins temerairement les Evêques Catholiques qu'ils avoient autrefois accufez d'avoir livré les faintes Ecritures aux Payens, & que toute la conduite qu'ils avoient tenue à l'égard de ce Felicien condamnoit celle qu'ils tenoient à l'égard de toute la terre.

ALIPE & AUGUSTIN faluent leur trescher frere, le tres-honoré Seigneur NAUCELION.

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