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CLASSE. AN 404.

fe mit en devoir de les celebrer, quoy « FI. qu'il fût déja Apôtre de Jesus-Chrift, ce fut feulement pour montrer qu'il n'y avoit rien de pernicieux pour ceux qui voudroient les obferver felon la Loy & « les traditions de leurs Peres?

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Souffrez, je vous prie, que je me laiffe aller à ma douleur, Quoy S. Paul observoit les ceremonies des juifs tout Apôtre de Jesus-Chrift qu'il étoit, & elles n'ont rien de pernicieux, dites-vous, pour ceux qui voudroient les obferver felon la tradition de leurs peres? Et moy je dis au contraire, & je foutiendray hardiment contre toute la terre, que l'obfervation des ceremonies Judaïques eft pernicieufe & mortelle aux Chrêtiens; & que quiconque les obferve, foit Juif, foit Gentil est tombé dans la foffe de fathan. Car c'eft Iefus. Chrift qui eft la fin Rom.10.4. de la Loy, pour juftifier tous ceux qui croyent; c'eft à dire les Juifs auffi bien que les Gentils; puifque fi les Juifs en étoient exceptez, il ne feroit pas la fin de la Loy pour juftifier tous ceux qui croyent, C'est ce que l'Evangile même nous apprend quand il dit que la Loy &les Prophetes Mat.11.13. ont duré jusques à Iean Baptifte; & ailleurs, ce qui faifoit que les Juifs cherchoient à faire, Ioan. 5.18." mourir lefus, c'est que non seulement il

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violoit le Sabbat, mais qu'il difoit que Dieu étoit fon Pere, par où il s'égaloit à Dieu; & encore ailleurs, Nous avons tous reçû Ioan. 1. 16. de fa plenitude, & grace pour grace: car la Loy a été donnée par Moïfe, mais la grace &la verité a été apportée par Iefus-Chrift, c'eft à dire au lieu de la grace de la Loy, qui n'a fait que paffer, nous avons reçû la grace de l'Evangile qui demeure; au lieu des ombres & des figures du vieux Teftament, la verité a été apportée par Jefus-Chrift. N'eft-ce pas ce que nous apprend encore le Prophete Jeremie, lors qu'il dit, ou plûtôt Dieu même par fa bouche: Le temps viendra, dit le Seigneur, que je feray une nouvelle alliance avecla maifon d'Ifraël,& la maison de Iuda; non comme celle que je fis avec leurs Peres, au jour que je les pris par la main pour les tirer de la terre d'Egypte. Remarquez donc que ce n'eft pas au peuple Gentil, avec lequel Dieu n'avoit jamais fait d'alliance, mais au peuple Juif que Dieu promet la nouvelle alliance de l'Evangile, afin que de-là en avant ce peuple ne vêcût plus dans la vieilleffe de la lettre mais dans le renouvellement de l'Efprit.

Ier. 31. 31.

Saint Paul luy-même nous repete fouvent la même chofe: mais pour ne pas alonger, je n'en toucheray que deux ou

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AN. 404. Gal. 5. 2. 1bid. v. 34.

trois paffages, c'eft moy-même, dit ce faint Apôtre, écrivant aux Galates. C'eft moy Paul qui vous le declare, que fi vous vous faites circoncire Iefus-Chrift ne vous fervira de rien. Et un peu plus bas, Vous qui pretendez étre juftifiez par la Loy, vous n'avez plus de part à Iefus-Chrift, vous étes dechus 1bid. v. 18. de la grace. Et encore un peu plus bas', fi vous étes animez de l'esprit de Dieu vou's n'étes plus fous la Loy. D'où il refulte que faint Pierre qui a été fous la Loy, non feulement par condefcendance, & pour s'accommoder au temps, comme les anciens ont crû, mais veritablement, & par le fonds du cœur, comme vous pretendez, n'avoit pas l'efprit de Dieu.

Que fi vous voulez fçavoir de quelle nature étoient les obfervations legales, Dieu même nous l'apprend, quand if dit par le Prophete: le leur ay donné des preceptes qui n'étoient pas bons*, & des jûftifications où ils ne pouvoient trouverla vie, Qu'on ne s'imagine pas neanmoins que quand nous parlons de la forte nous veüillions condamner la Loy avec Marcion & Manichée: nous difons au contraire avec faint Paul qu'elle eft fainte & fpirituelle; mais que la foy étant ve nue, & les temps accomplis, Dieu a envoyé fon fils formé d'une femme, & affujetty à la

* C'est à dire qui n'é

toient pas cajuftifier.

pables de

Rom. 7.12.

Gal.4.& 4.

II.

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Ibid. 3. 24.

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loy, pour racheter ceux qui étoient fous la loys pour nous rendre fes enfans adoptifs, afin que nous vivions non plus fous le conducteur & le pedagogue, comme des Ibid. 4. 7. enfans, mais fous celuy qui est le Seigneur & l'heritier.

15. Vous dites encore dans la même lettre, que S. Paul ne reprenoit pas S. Pierre de vouloir obferver les traditions de fes Peres, & qu'il l'auroit pû faire fans aucun mal, & fans eftre obligé d'ufer d'aucun déguifement; & moy je vous dis encore une fois que pour mieux prouver ce que vous avancez, il faut que vous qui étes Evêque, Maiftre & Docteur des Eglifes de Jefus-Chrift, vous receviez au nombre des Fidelles quelque Juif qui fe fera fait Chrêtien mais qui ne laiffera pas de circoncire les enfans qui luy naîtront, d'obferver le Sabbat, de s'abftenir des viandes que Dieu a creées, afin qu'on s'en ferve avec action de graces, d'immoler un agneau vers le foir du quatorziéme jour du preLevit.23.5. mier mois. Voilà ce que vous devez faire, & ce que vous ne ferez pas neanmoins, car je fçay que vous étes Chrêtien, & incapable d'un tel facrilege. Mais cela vous reduira, malgré que vous en ayez, à changer de fentiment; & vous

1.Tim. 4. 3.

repren

apprendra qu'il eft plus aifé de
dre ceux des autres, que de juftifier les
fiens.

pas, ou

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CE

Or de peur qu'on ne crût pas, plûtôt qu'on n'entendît pas ce que vous dificz, comme en effet il arrive fouvent qu'un difcours trop étendu ne s'entend point, & qu'il eft moins expofé à la cenfure des ignorans, vous repetez & rebattez la même chofe en difant, que « ce qu'il y avoit de mauvais dans les « Juifs, c'eft ce que S. Paul avoit rejetté. Et qu'est-ce qu'ils avoient de mauvais ?«< c'eft fans doute, dites-vous *, cette << Let. 40. ignorance où ils font de la juftice qui comb. 6. vient de Dieu, & cét attachement qu'ils «Rom. 10. ont par confequent à leur propre justice, «3 & qui fait qu'ils ne fe foûmettent point à Dieu pour recevoir de luy cette jufti- « ce dont il eft l'auteur; & encore de ce «c que même aprés la Paffion & la Refur- « rection de Jefus-Chrift, aprés l'inftitu- « tion & la manifeftation du Sacrement « de grace felon l'ordre de Melchifedech, « ils croyoient qu'il falloit encore obser, « ver les Sacremens de l'ancienne Loy, " non feulement pour ne pas s'éloigner d'une coûtume établie, mais comme fi«< ces obfervations, qui étoient à la veri- «‹ té neceffaires autrefois, puifque ce n'est «

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