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II. CLASSE.

vous ena coûté pour vous acquerir ceux de Mapale par la crainte, & vous comptez AN. 402. pour rien ce qu'il m'en a coûté pour m'acquerir tous les peuples de la terre par l'amour? Vous faites plus de cas de ce qui eft forty de vôtre bourfe pour reduire vos laboureurs à fe laiffer rebaptifer, que de ce qui eft forty de mon côté pour laver & baptifer toutes les nations du monde. Il vous en diroit bien davantage ce divin Sauveur fi vous vouliez l'écoûter, & vous feroit voir que le droit même que vous pretendez avoir fur vôtre heritage vous eft une preuve de l'impieté de ce que vous dites contre luy. Car fi vous croyez que ce que vous avez payé de vôtre argent vous eft acquis par les Loix humaines, à combien plus forte raifon ce que Jefus-Chrift a payé de fon Sang luy eft-il acquis par les Loix divines? Auffi poffede t'il incommutablement tout ce qu'il a achepté, & qui s'étend, comme dit le Prophete, d'une mer Pfal. 71.8. à l'autre, & depuis le fleuve jufques aux extremitez de la terre. Mais comment vous tenez vous affeuré de ne point perdre ce que vous avez achepté en Affrique, vous qui pretendez que Jefus Christ a perdu tout le reste de la terre, & qu'il ne luy eft demeuré que l'Affrique?

II.

CLASSE.

2. Mais pour ne vous pas faire un

A N. 402. plus long difcours, fi c'est volontairement que ceux de Mapale ont paflé dans vâtre communion, qu'ils nous entendent l'un & l'autre ; qu'on mette par écrit ce que nous dirons; qu'aprés que nous l'aurons figné on le leur traduife en langue Punique ; qu'on les mette en état de ne vous plus craindre; & qu'alors ils choififfent le party qu'ils trouveront le meilleur. Car on verra bien pår les choses que nous dirons fi le party qu'ils ont pris eft celuy de la verité qu'ils ayent embraffé de leur bon gré, ou fi c'est celuy de l'erreur qu'ils ne fuivent que par force. Vous direz peut-étre, qu'ils ne font pas capables d'entendre ce que nous dirions, mais fi cela eft, quelle temerité est-ce à vous que d'avoir abusé de leur fimplicité pour les furprendre? Si au contraire ils font capables de comprendre ce que nous dirons, qu'ils nous entendent l'un & l'autre, comme j'ay dit, & qu'aprés cela ils faffent ce qu'ils jugeront à propos.

Que fi vous pretendez que parmy: ceux qui font paffez de vôtre communion dans la nôtre il y en a qui ayent été forcez par leurs maîtres, faisons la condition égale : qu'ils nous entendent auffi

II.

yous & moy ; & qu'aprés cela ils choifif- CLASSE. fent ce qu'ils trouveront le meilleur. AN. 402. Que fi vous refufez le party que je vous offre, il n'en faut pas davantage pour faire voit à tout le monde que vous vous defiez de vôtre caufe, & que la verité n'est pas de vôtre côté. Mais enfin gardez vous de la colere de Dieu, & dans cette vie & dans l'autre. Je vous conjure par Jefus - Chrift de me répondre fur la propofition que je vous fais

LETTRE LXVII. * On avoit rapporté à Saint Ierôme que faint Auguftin avoit fait un Livre contre luy, & qu'il l'avoit envoyé à Rome. Saint Augustin luy protefte que cela n'est pas; quoique d'ailleurs il peut avoir dit quelque chofe dans fes ouvrages de contraire aux fentiments de faint Ierôme, mais fans aucun deffein de l'attaquer. Il étoit vray que la Lettre 40. où faint Auguftin avoit demandé raifon à S. lerôme de fon explication d'un paffage de l'Epître aux Galates, s'étoit repandue dans l'Italie ; mais outre que cela n'êtoit point arrivé par la faute de faint Auguftin, il ne pouvoit comprendre qu'on apellât cette lettre un Livre fait contre faint lerôme : c'eft ce qui fe voit par la lettre 82. nombre 33.

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II.

AN. 402.

CLASSE. S. AUGUSTIN faluë en JESUS-CHRIST fon tres-cher & tres-aimable Frere & Collegue dans le Sacerdoce, le treshonoré Seigneur JER ÔME.

CHAP. I. I.

CHAP. II.

&

UOIQUE je fçache que mes let-
tres vous ont été renduës
que je n'en aye reçû aucune réponse, je
ne m'en prens point à vous. Il faut qu'il
ait tenu à quelque autre chofe : ainfi
tout ce que j'ay à demander au Seigneur
eft qu'il vous donne moyen de me faire
tenir vos réponses: car pour celuy de
les faire vous l'avez, & cela ne depend
que de vous.

J

2. On m'a encore rapporté une chofe
que j'ay peine à croire quoique je ne fois
pas en peine fi je vous en dois parler.
C'est qu'on vous a fait entendre que
j'ay fait un Livre contre vous, & que je
l'ay envoyé à Rome : mais cela n'eft pas
vray, & j'en prens Dieu à témoin. Que
s'il fe rencontre dans mes ouvrages quel-
que
chose de contraire à vos fentimens,
vous fçavez bien, ou fi vous ne le fçavez
pas vous devez au moins le croire, que
je n'ay eu pour but en l'écrivant que de
dire ma pensée, & non pas de vous atta-
quer. Et quand je vous parle de la forte
non feulement je fuis prêt de vous écou-

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ter fur tout ce qui vous pourroit faire
de la peine dans mes ouvrages,
& de
recevoir vos avis comme de frere à frere,
mais je vous les demande avec inftance
& ils me feront toujours un fort grand
plaifir; puifqu'ils me redrefferont fi j'ay
failly, ou qu'ils me feront au moins une
marque de vôtre bonne volonté.

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* S. Jerôme étoit retiré à

3. O fi Dieu avoit permis, je n'ofe dire que nous nous demeuraffions enfemble *. mais qu'au moins vous fuffiez prés d'icy, Bethlehem. & que je puffe avoir souvent la consolation de conferer avec vous, quelle douceur ne feroit-ce point pour moy? Mais puifque cela n'eft pas, travaillons au moins à conferver, & augmenter même, autant que nous le pouvons, ce qui nous tient unis dans le Seigneur. Je croy que vous ferez toujours bien aife de recevoir de mes lettres, quoy qu'elles ne foient pas frequentes, & que vous voudrez bien faluër de ma part vôtre faint frere Paulinien *, & tous les freres qui fe rejouiffent dans le Seigneur avec vous, & qui jouiffent de vous en luy. Que le Seigneur vous exauce dans tous vos faints défits, mon tres-cher, tres-honoré, & tres aimable Seigneur & Frere, & vous faffe toujours fouvenir de moy dans vos prieres.

frere de faint Jérôme,

* C'étoit le

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