II. CLASSE. tre inquieté par ceux qui font la recherche de ce qui eft dû au threfor pu- AN. 408. blic envers lequel il ne s'acquittoit point, il tourna l'affaire à fa maniere & fit l'acquifition fous le nom d'une fa mille qui étoit alors fort puiffante. 2 Cependant Boniface qui luy a fuccedé, a fait difficulté de fe mettre en poffeffion de ce fonds-là ; & quoiqu'il pût fe contenter de demander remife aux Empereurs, de ce que fon Predeceffeur devoit au threfor public, pour raifon de ce fonds de terre, il a mieux aimé expofer la chose telle qu'elle eft; c'eft à dire, que Paul, quoique debiteur du threfor public, avoit acheté ce fonds de fon argent, fur des gens fur qui il fe vendoit en Justice, & il l'a fait, afin que s'il eft poffible que ce bien la demeure à cette Eglife, elle le tienne de la liberalité de l'Empereur, plûtôt que de la fraude de fon dernier Evêque. Sinon I L VAUT MIEUX que ceux qui fervent Dieu, vivent dans la pauvreté, que non pas que le bien même que les Ecclefiaftiques ont laiffé à l'Eglife luy demeure, lorfqu'on fçait que l'acquisition n'en a pas été legitime. 3. Voila furquoy nous vous demandons vos offices. Car comme ce qu'on 11. CLASSE. AN. 408. dans la difpenfation de Ja grace, im penetrables, mais justes. point. Ce que je fçay, c'est Quant à la maniere dont il faut fe conduire avec les hommes dans toutes les difficultez que j'ay marquées, fi vous avez trouvé fur cela quelque chofe de bien feur, je vous prie de m'en faire part; ou fi vous étes fur ce point-là dans la même peine où je fuis, conferez-en avec quelqu'un de ceux que Dieu a remplis de cette douceur d'efprit qui rend сараble d'exercer fur les ames la medecine celefte, foit qu'il y en ait quelqu'un où vous étes, ou que vous en trouviez à Rome, dans ce voyage que vous y faites tous les ans ; & mandez-moy ce qu'il aura plù au Seigneur de vous apprendre par celuy que vous aurez confulté, ou de vous faire trouver dans l'entretien que vous aurez eû ensemble. 7. Comme vous m'avez de à vôtre tour quel fera l'éta furrection nous mettra ront les fonctions dans cet é ruptib j'en ce que Aray avec la dre davanta II. CLASSE. AN. 408. ge une autre fois, fi ce que je vous vais dire ne fuffit pas. Il faut croire fans hefiter, puifque l'Ecriture s'en explique fi clairement, que ces corps de terre visibles & palpables que nous habitons, & que l'Ecriture appelle des corps tout ani- 1. Cor. 15: maux, quand elle les regarde dans l'é- 44. tat où ils font prefentement, deviendront des corps tout fpirituels par la refurrection, c'est à dire, à l'égard des fidelles & des juftes. Mais comme nous n'avons jamais vu de corps dans cet état tout fpirituel, je ne vois pas comment nous pourrions ny le comprendre, ny le faire comprendre aux autres, Ce qu'il y a de certain, c'eft qu'il n'y aura point de corruption dans cet état, & par confequent, que nos corps n'auront point befoin des alimens corruptibles, dont ils ont befoin prefentement. Ce n'eft pas qu'ils ne pûffent en prendre; & ce même état qui leur en ôte le befoin, leur vertu de les confumer autrement nôtre Sei s'ils en pre gneur n'a rection, tre mangé aprés fa refur- Luc. 14: lement le modele de 43. pôtre prononce, que fi 1. Cor. 15. itent poi efus-Chrift 16: rtain que t mon 's fa mort II. CLASSE. A N. 408. Iean. 20. 20. 27. Luc. 24.15. Iean. 20. 19. tel qu'il étoit auparavant, c'est à dire, confervant l'integrité auffi bien que l'ufage de fes membres, jufques-là qu'il fit voir les endroits de fes playes, ce que j'ay toûjours entendu des cicatrices, & non pas des playes telles qu'il les avoit fur la croix. Si ces cicatrices mêmes luy font restées, ce n'eft pas qu'il y ait été neceffité par la force de quelque caufe infurmontable, mais il les a confervées par un effet de fa puiffance, qu'il a affez fait voir, & lorfqu'il s'eft montré à fes Difciples fous une autre forme, & lorfqu'il s'eft trouvé avec fon vray corps au milieu d'eux dans le Cenacle, quoique les portes en fuffent fermées. 8. De cette question on tombe naturellement dans cette autre, fçavoir, fi les Anges font de purs efprits, ou s'ils ont des corps a propres aux fonctions de leur miniftere, & à la rapidité de leurs courses. Si nous difons qu'ils ont des a. Un Evêque de Theffalonique opinant dans le 7. Concile general ne fait pas de difficulté de donner des corps aux Anges, & même de parler de ce fentiment comme de celuy de l'Eglife Catholique, fans que perfonne le releve & l'accuse d'erreur. Prefentement le fentiment contraire a prevalu parmy les Theologiens, & il paroît celuy de l'Eglife, quoiqu'elle n'en ait jamais rien determiné, & qu'elle fe foit contentée de dire dans le Concile de Latran fous Innocent III.que Dieu a également tiré du neant l'une & l'autre Creature, fpirituelle auffi bien que la corporelle. la corps, comment nous tirerons-nous de II. CLASSE Gen. 18. 2. ch.19.2. ce paffage de l'Ecriture, ce font des efprits A N. 408. dont Dieu fait fes Ambassadeurs ? Mais fi Pfal.103.4. nous difons auffi qu'ils n'en ont point, nous aurons encore plus de peine à nous tirer de ces autres paffages, où il eft dit que des Anges ont paru vifiblement à quelques-uns, qui non feulement les ont reçûs dans leur maison, mais qui leur ont lavé les pieds,& leur ont fervi à boire & à manger. Car comment tout cela s'estil pû faire, fi les Anges n'ont point de corps? Ainfi il femble qu'il faut dire que fi les Anges font appellez Efprits dans l'Ecriture, c'eft de la même maniere que les hommes, qui ont tres-certainement des corps, ne laiffent pas d'y être appellez des ames, comme dans cet endroit de la Genefe, où il eft dit > Gen. 46. que Jacob paffa en Egypte avec foixan- 27. te & quinze ames, & dans plufieurs autres encore, & cela me paroît plus naturel, que de croire que tout ce que nous lifons des Anges., fe foit pû faire fans qu'ils ayent des corps. Nous voyons méme dans l'Apocalypfe qu'il eft parlé de la taille d'un Ange, & que faint Jean nous le reprefente d'une certaine grandeur, ce qui ne fçauroit Apoc.11.17. convenir qu'à des corps, & qui nous don |