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II.

CLAS SE.

enfant ne peche point lorfque fes rens, ou qui que ce puiffe étre, luy ap- AN. 408. pliquent des remedes facrileges, & s'efforcent de le guerir par l'invocation des demons. Et ce qui fait que cette même ame qui ne peut étre fouillée par ces fortes d'abominations, a tiré d'Adam une tache qui n'a pû étre cffacée que par la grace du Sacrement, c'est que lors du peché d'Adam ce n'étoit point une ame feparée de la fienne, & qu'on pût appeller une autre ame, en forte que l'on pût dire, & l'ame du pere, celle du fils font à moy.

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Ibidem.

Mais dés qu'un homme commence de fubfifter à part, & qu'il eft devenu un homme different de celuy qui l'a engendré, il n'eft plus tenu du peché d'un autre, à moins qu'il n'y ait confenti. Nous participons donc au peché Ce qui fait d'Adam, parce que nous n'étions qu'un participons avec luy dans le temps qu'il a commis an peché ce peché que nous tenons de luy. Mais

que nous

d'Adam.

dés que chacun de nous commence d'étre vivant d'une vie qui eft la fienne propre, & feparée de toute autre, en forte qu'on puiffe faire la diftinction des ames, & dire, celle qui pechera fera celte Ezech. 18. qui mourra, nous ne pouvons plus contracter de peché par la volonté d'autruy,

4.

11.

CLASSE.

A N. 408.

2. Que fi nous fommes regenerez par le fecours d'une volonté étrangere, lorfqu'on nous prefente au Baptême pour y étre confacrez, cela fe fait par l'operation du feul Efprit qui eft le principe de nôtre regeneration. Car il n'eft pas dit qu'il faut étre regeneré par la volonté des parens, ou par la foy des parrains ou des Miniftres, mais il eft dit qu'il le faut étre par l'eau & le faint Efprit. C'eft donc par l'eau qui reprefente 10. 3. 3. exterieurement le myftere & la grace, & par l'Elprit qui en produit l'effet interieur, en brifant les liens du peché, & en reconciliant à Dieu ce qui eft bon par fa nature, que font regenerez en un feul Jefus-Chrift ceux qui ne tirent leur origine que du feul Adam. Ainfi l'efprit qui regenere, eft le même qui agit & dans les parrains qui prefentent un enfant au Baptême, & dans l'enfant qu'ils prefentent & qui renaift: cet efprit eft commun aux parrains & à l'enfant, & c'eft par cette communauté d'efprit que la volonté des parrains est utile à l'enfant.

Mais les que quoy que ce foit parens attentent fur l'enfant en l'offrant au demon, & en s'efforçant par leurs facrileges de l'engager dans fes liens, comme

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le

II. CLASSE.

on ne peut pas dire qu'il y ait communauté d'ame entre l'enfant & les AN. 408. parens, il n'y a point auffi de communauté de peché, puifque le peché ne fe communique pas par une volonté étrangere, comme la grace fe communique par l'unité du faint Efprit. Car il fe peut tres-bien faire que même faint Esprit foit dans cet homme & dans cet autre & que par là une même grace foit commune entre eux fans que l'un ait aucune connoiffance de ce q'uil y a dans l'autre. Mais une même ame ne peut pas étre celle de l'un & de l'autre, en forte qu'encore qu'il n'y ait qu'un des deux qui peche, le peché foit commun aux deux.Un enfant aprés avoir été engendré felon la chair peut donc bien étre regeneré par l'efprit de Dieu qui efface le peché que l'enfant a contracté par fa generation charnelle; mais cet enfant regeneré par l'efprit de Dieu, ne peut plus étre engendré de nouveau par ceux qui l'ont mis au monde, ny par confequent contracter de nouveau le peché dont il a été délivré au Baptême. Ainfi dés qu'il y eft revêtu de la grace de Jefus-Chrift, il ne fçauroit plus la perdre que par fa propre impieté, fi avec l'âge il devient assez

Ff iiij

II.

CLASSE.

méchant pour cela; & alors il commen

AN. 408. cera d'avoir des pechez qui ne feront qu'à luy, & qui ne fe pourront plus effacer par la regeneration, mais par de nouveaux remedes.

1. Theff. s.

19.

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ou les

3. Cela n'empêche pas qu'il ne foit vray de dire, que ceux qui par des fuperftitions facrileges tâchent d'engager au demon les enfans des autres leurs propres,en font les meurtriers, Car s'ils ne leur ôtent pas la vie il ne tient pas à cux ; ils n'en font pas moins homicides, & on n'eft pas moins en droit de dire à ceux qui voudroient faire une fi méchante action, gardezvous bien de tuer vos enfans, puifque l'Apôtre - même nous dit bien, m'éteignez pas le faint Efprit, ce qui ne veut pas dire qu'on le puiffe éteindre, mais que ceux qui agiffent comme s'ils le vouloient éteindre, font auffi coupables que s'ils y pouvoient réüssir.

C'eft par-là qu'on peut donner un tresbon fens à ce que dit faint Cyprien dans la lettre où il traite de ceux que la perfecution avoit fait tomber, & où s'élevant contre ceux ceux qui avoient facrifié aux Idoles, il parle de cette "forte. On a pouffé le crime & le facrilege jufques à ce point, que les peres

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II. CLASSE.

& les meres ont de leurs propres « mains pofé leurs enfans fur les Au- «AN 406. tels des Idoles, & leur ont fait toucher ce qui avoit été immolé aux demons, par où ils leur ont fait perdre le bien dont ils avoient été faits par- « ticipans auffi-tôt aprés leur naiffance. « Quand il dit donc que les parens ont fait perdre par-là à leurs enfans la grace du Baptême, il ne veut dire autre chofe, finon qu'ils ont fait ce qu'ils ont pû pour la leur faire perdre, & que ces enfans l'ont perdue , quant au deffein & à la volonté de ceux qui ont commis envers eux un fi horrible facrilege. Car fi ces enfans avoient euxmêmes perdu cette grace, ils feroient coupables devant Dieu, & n'auroient rien à dire pour fe défendre devant le Tribunal de fa Juftice.

Or c'eft ce que faint Cyprien a fi peu crû, qu'il parle luy-même pour leur défence lorfqu'il ajoûte tout de fuite. Ces « enfans ne diront-ils pas au jour du ju- « gement. Quant à nous nous n'avons « rien fait, & on ne nous fçauroit im- « puter d'avoir abandonné le Pain & le « Calice du Seigneur, pour courir aprés ces viandes prophanes, & nous foüiller « par leur impureté; c'eft la perfidie d'au- «

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