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L'IMPERTINENT

MALGRÉ LUI

COMÉDIE.

ACTE PREMIER.

SCENE PREMIERE.

A

VALERE, JULIE.

JULIE.

H! ah! qu'à la Campagne on voit de

fottes gens!

VALERE.

Oui. Mais.....

JULIE

Je n'en puis plus. Bon Dieu! qu'ils font plaifans!

DAMON, Ami de Lifimon & de Mélite. LÉANDRE, Amant de Julie.

VALERE, Moufquetaire & Frere de Léandre. MÉLITE, Veuve & Mere de Julie. CLOÉ, Maitreffe de Valere & Amie de Mélite. JULIE.

M. REITER, Officier Allemand. DULAURIER, vieux Domeftiqu près de Valere.

LA FLEUR, Laquais de Mél

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La Baronne, fur-tout, qui veut faire l'aimable:
Quelle affectation! Quel accent effroyable!
Ciel! comme elle eft coëffée! Et fon coufin Reiter,
Qui parle fon jargon, eft encor mis d'un air.....!
Non, je n'ai jamais vu de figure femblable.
Pour Alcandre, qui fait l'homme confidérable,
'C'est un fat; par fa morgue il m'a bien diverti:
Vous avez bien perdu, Monfieur, d'être forti.

VALER E.

Je n'aurois jamais fait ce qu'on vous a vu faire.
JULIE.

Comment?

VALER E.

Je n'aurois pas, comme vous & mon frere, Quitté la compagnie, en lui riant au né. Votre exemple en ce point ne m'eût pas entraîné: Et vous me permettrez de vous dire, Julie, Qu'un pareil procédé paffe la raillerie. Je ne reconnois plus mon frere à ces écarts, Lui fi fage autrefois, & fi rempli d'égards. Il choque dans Reiter un ami véritable, Et qui, fa mine à part, est un homme estimable. La chofe me furprend d'autant plus aujourd'hui, Qu'un homme qui fe voit fur le point, comme lui, De faire une fortune auffi grande que sûre, Pour Alcandre devroit garder plus de mesure; Alcandre, foh Patron, homme en place & puiffant,

Qui, depuis quatre mois, travaille affidûment
A lui faire obtenir cette place éclatante,

Qui fait, vous le fçavez, l'objet de notre attente.
Il auroit dû longer que ce poste éminent
A des gens de fon âge eft donné rarement.
Il doit s'en rendre digne, à force de fageffe,
Faire, par fa conduite, oublier sa jeunesse;
Et lorfqu'il faut jouer un rôle férieux,
On doit se respecter, on doit s'observer mieux.

JULIE.

Vous vous moquez, Monfieur, avec tous vos scru

pules:

On doit rire des gens, quand ils font ridicules.

VALER E.

Vous me difpenferez d'être de votre avis;

Et je pense autrement.

JULIE.

Tant pis, Monfieur, tant pis.

Vraiment, il fait beau voir un jeune Moufquetaire

Faire ainfi le Caton & le cenfeur auftère.
Eh! Fi! N'affectez point cet air de gravité.

VALER E.

Moi, je n'affecte rien ; je dis la vérité.

Je ne puis m'empêcher de condamner mon frere.

JULIE.

Voilà de tout Cadet le langage ordinaire,
Défapprouvant toujours ce que fait un aîné,

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