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C'eft à faire jetter l'Amant par les fenêtres.

LÉ ANDRE, baifant Cloé.

Puis, faififfant la main, on prend d'un air courbé Un baifer.... Celui-là, je le tiens d'un Abbé.

CLO É, d'un air févère.

Mais, Monfieur....

LEANDRE.

Excufez, c'eft à la militaire

Madame, & feulement pour inftruire mon frere.

VALER E.

Cela ne vous va point, vous avez l'air gêné;
Pour la folie, on voit que vous n'êtes point né.

CLO É.

Prenez garde à la fin, la chose est sérieuse.
Craignez l'impertinence, elle est contagieufe.

LÉAND R E.

Si vous donnez ce nom, Madame, àl'enjoûment,
A cette liberté qui produit l'agrément
Dont nous avons parlé tantôt avec Julie,
De m'en voir entiché, j'ai l'ame très-ravie.
L'impertinence....

VALER E.

Oui ; mais vous vous trompez au choix;

Car il en eft plus d'une, & j'en citerai trois.

Celle des gens d'épée, & c'est la féduifante:
Pour celle des Abbés, elle eft affadiffante :
Mais la pire des trois, fi vous me consultez,
C'est celle de Robin dont vous vous reffentez.
LÉ ANDRE.

Mais je crois que fur moi tu veux tirer, mon frere?

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SCENE III.

LÉ ANDRE, feul.

Dans fa plaifanterie, il est outré pourtant ;
Je n'ai pas la fadeur que l'on reproche tant
A nos jeunes Robins, turlupins incommodes,
Peu verfés dans les loix,& profonds dans les modes;
Grands Juges de Théâtre, amoureux du nouveau;
Célèbres au foyer, inconnus au Barreau.
Mais, aveugle en ce point, peut-être je me flatte.
Sans s'en appercevoir, tous les jours on se gâte.
Mon frere pourroit bien n'avoir pas tout le tort;
Et, dans le fond du cœur, je fens certain remord.
Vain scrupule, après tout! Je suis jeune, & d'un âge
Où c'est presque un défaut de paroître trop fage.
On doit me pardonner de prendre un peu l'effor;
Je puis bien être fou deux ou trois ans encor.

SCENE IV.

LÉANDRE, DAMO N.
Ꭰ Ꭱ

DAMON.

Monfieur, je fuis charmé, mais plus qu'on ne

peut dire;

Tout va le mieux du monde, & pour vous en

inftruire,

J'arrive exprès.

LEANDRE.

C'est toi, cher Damon de mon cœur;

Comment te portes-tu? Je fuis ton ferviteur.

DAMON, à part.

Comment te portes-tu? La frase est admirable! Ce qu'on m'a dit de lui, me paroît véritable.

(à Léandre.)

Alcandre enfin....

LÉAND R E.

Dis-moi, fi l'amour, par hafard,

A ton voyage auffi n'a pas un peu de part?

Viens-tu voir la Marquise? Elle est notre voisine, Ou plutôt, entre nous, n'est-ce pas fa cousine?

DAMON.

Il est bien question de cela?

LÉ ANDRE.

Cependant,

Chez elle on vous a vu vous rendre affidument ?

Et l'on fçait....

DAMON.

Oui; l'on fçait que l'eftime & le zèle. . .

LÉ AND R E.

De ce zèle vraiment tu donnois à la belle Une preuve.... ce foir.... là.... que je vous furpris,

Sous un berceau de fleurs nonchalamment affis ; Dans ces heureux momens, l'un & l'autre interdits; Exprimant tout l'amour. . . . Ah! Fripon, tu rou gis?

DAMON.

Je rougis, il eft vrai, s'il faut que je m'explique; Mais c'eft le tems mal pris, non le trait qui me pique;

J'en rirois le premier dans une autre saison ;
Je sçaurois vous répondre, & fur le même ton.
Mais lorsqu'auprès de vous, votre intérêt m'appelle,
Que je viens vous parler d'affaire effentielle,

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