ARLEQUIN. 'J'entens. LISETTE. C'eft fon amant. ARLEQUIN. Je m'en étois douté; Et j'ai toujours bien vû, quelque chofe qu'on dise, Qu'elle étoit plus adroite & plus fine qu'Orphise. Voilà donc en tout point mon foupçon éclairci. LISETTE. Orphife? Mais Orphise a fon amant auffi. ARLEQUIN. Elle? LISETTE. Certainement. ARLEQUIN. Je veux qu'on m'extermine, Si je juge jamais d'une fille à la mine. * LISETTE. Voyez le beau fujet d'un tel étonnement! Le nigaud! ARLEQUIN. Je m'y perds! Par quel enchantement Ont-elles, dans la gêne où les retient leur mere, LISETTE. Pour plaire & pour aimer, il ne faut que des yeux. On a beau faire, il eft des momens & des lieux, Se voir, fans que jamais on s'entretienne ensemble, Encore un coup, veux-tu mériter ton pardon? Arlequin fous tes loix fe met à l'abandon. LISETTE. Quelque péril qu'en foi porte mon entreprise, Va, fais venir Dorante & Léandre; cours. Tien, ARLEQUIN. Fort bien. Adieu. LISETTE. Dépêche-toi. ARLEQUIN revenant. Mais fi Madame Argante... Va-t'en. LISETTE. ARLEQUIN revenant encore. Qu'est-ce que c'eft que Léandre & Dorante? LISETTE. Ce font nos amoureux. ARLEQUIN. Ah! LISETTE. Ne perds point de tems. Dis-leur qu'ils viennent vîte, & que je les attens. Q SCENE I V. LISETTE. Uel intérêt preffant, quelle importante affaire Et quel eft ce vieillard qui nous arrive encor? N'allons point cependant prévenir leurs chagrins, Comment donc ! Qu'avez-vous ? Quelle eft votre difpute, & fur quoi roule-t'elle ? ORPHISE. Sur un point capital. LEONOR. C'est une bagatelle. Bagatelle, ma fœur I |