Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ARLEQUIN.

Tes façons

Me caufent... tout-à-coup... une douleur fi forte,

Que... l'on ne traite point un amant de la forte..
LISETTE à part.

De quoi s'avife-t'il de pleurer? Le coquin!

Me voilà prise encore. Ah!

ARLEQUIˇN.

Lifette?

LISETTE.

Arlequin

ARLEQUIN.

Que dis-tu ?

LISETTE.

Le grand mal qu'une fille polic

Salue un Cavalier qui, la trouvant jolie,
L'a d'une révérence honorée en paffant !

ARLEQUIN.

Je l'ai dit comme un fait, auffi très-innocent:

[ocr errors][merged small]

Hé, ne connois-tu pas la haine extravagante
Qu'a pour les jeunes-gens notre Madame Argante,
Qui prétend qu'une fille, à l'âge de vingt ans,
Se prive tout-à-fait de l'usage des fens,

Et cherche les plaisirs de l'aimable Jeunesse
Dans le fein engourdi de la trifte Vieillesse?

ARLEQUIN.

Mais fon dernier époux étoit jeune.

LISETTE.

Et voilà

D'où vient le mal. Le coup part de cet époux-là.
Veuve à trente & un ans d'un mari de foixante,
Lorsqu'elle prit le jeune, elle en avoit quarante ;
Si bien qu'elle eut fon tour, & fut, pour le dernier,
Tout ce qu'avoit été pour elle le premier.

Tel fut fon fort; tel est d'ordinaire le nôtre:
On paye à l'un le mal que l'on a fait à l'autre.
ARLEQUIN.

Et mais, elle devoit (& c'eût été bien mieux)
Commencer par le jeune, & finir par le vieux.

LISETTE.

Tai-toi. J'entens du bruit.

ARLEQUIN.

Malepefte! C'eft elle.

SCENE I I.

Madame ARGANTE, ARLEQUIN, LISETTE.

M

Madame ARGANTE.

Es enfans, dans la Ville une affaire m'appelle; Gardez bien la maison, & mes filles furtout, Ayez foin d'avoir l'œil & l'oreille par tout.

C'est principalement à toi que je m'adresse,
Lifette.

LISETTE.

Vous favez mon zele & mon adreffe:

Je vous les garantis, Madame, entre des mains
Qui ne les meneront que par de bons chemins.
Madame ARGANTE.

A merveille. Il viendra, pour cette même affaire,
Un ancien ami que j'attens de Méziere,

Et qui, fuivant l'avis que j'ai reçû de lui,
Doit à Paris, fans faute, arriver aujourd'hui.

LISETTE.

Un homme âgé, fans doute

Madame ARGANTE.

Agé comme

LISETTE.

Hé bien, comme ? ..

Madame ARGANTE.

Comme moi tout au plus.

ARLEQUIN.

Oh! C'est donc un jeune homme.

LISETTE.

Si vos filles, pourtant, veulent le recevoir,
'Je ne cours point de rifque à le leur faire voir ?
Madame ARGANTE.

Non; & je leur ai dit d'honorer fa vifite

De l'accueil gracieux que je fai qu'il mérite:
LISETTE.

Vous avez fort bien fait, Madame. Ses pareils
Ne peuvent leur donner que d'excellens confeils.
La Jeuneffe toujours profite à les entendre.
Madame ARGANTE.

Si je tarde, qu'il ait la bonté de m'attendre.

J

SCENE III.

ARLEQUIN, LISETTE.

LISETTE.

E vois bien que, malgré mes résolutions, Il faudra qu'à la fin nous nous raccommodions. Mais puis-je me fier à toi ?

ARLEQUIN.

Comme à toi-même.

LISETTE.

Il s'agit d'un fecret d'une importance extrême; Et, fi tu me trahis, je jure & te promets Qu'avec toi fur le champ je romprai pour jamais.

ARLEQUIN.

Soit.

LISETTE.

Léonor t'en veut ; & je vais à ton zèle

[blocks in formation]
« AnteriorContinuar »