La Fon

taine, fab. 1. 1.

Les Graces & les Ris parlent par votre bouche;
Et quoique vous faffiez, les jeux & les appas,
Marchent à votre fuite, & naiffent fous vos pas.

Que faifiez-vous au tems chaud,
Dit-elle à cette emprunteufe?

Nuit & jour à tout venant

Je chantois, ne vous déplaise.

Vous chantiez, j'en fuis bien-aise;.

Hé bien dansez maintenant.

Mad. de Vous trouveriez alors, que nos prez & nos bois la Suze Sont un plus doux féjour que le Louvre des Rois.

Eleg.

et

On excepte la feconde perfonne du préfent de l'Indicatif, & de l'im. peratif des Verbes de la prémiere conjugaifon, qui ont un i devant les deux lettres finales de leur Infinitif, comme oublier, fier, &c. dans ces temps iez fait deux fillabes avec la lettre qui le précede.

EXEMPLES.

Racine, Hélas! m'enviez-vous dans l'état où je fuis,
La trifte liberté de pleurer mes ennuis,

Alex.act.

4. fc. 2.

On excepte auffi riez, fouriez, perfonnes du Verbe rire, & fourire ; avec devriez, perdriez, voudriez . dans chacun defquels iez a deux fillabes. Cette remarque, quoique af fez nouvelle, ne laiffe pas maintenant d'étre généralement reçûe.

EXEMPLES.

Allez, vous devriez mourir d'une pure honte,
Une telle action ne fauroit s'excuser.

Moliére,

Mifantr. ac. 1. fc.

I.

Vous ne parleriez bien-tôt plus
Du mérite de l'une & de l'autre Bergere,
Vous perdriez le tems en difcours fuperflus,

La Couronne pour vous a-t-elle tant de charmes,
Si par un parricide il l'a falloit gagner;
Ah! mon fils, à ce prix voudriez-vous régner?

Voudriez-vous injustement

Qu'étant fille, & mon cœur vous aimant ten

drement,

J'allaffe m'engager.

M. Fontenel, poéfies paft. Eg.

4. P. 55.

Racine,

Thebaïde,a&. I. fe. 3

Moliére, dépit a

moureux

act. 2.fc.

2.

Cid, act

XIV. OBSERVATION.

ion.

Ion ou ions, à la fin d'un nom, ne fait qu'une fillabe en Profe, mais il en fait deux dans les Vers.

EXEMPLES.

P. Corn. Le rang de l'offenfé, la grandeur de l'offenfe
Demandent des devoirs & des foumiffions,

2. fc. 1.

Qui paffent le commun des fatisfactions.

Id. Cid. Car enfin n'attend pas de mon affection,
act. z. fc.
Un lâche repentir d'une bonne action.

Dé- Mon cœur exempt de foin, libre de paffion, préaux, Sçait donner une borne à son ambition.

fat. 2.

XV. OBSERVATION.
ions dans les Verbes.

Ions feul, ou avec la lettre qui le précéde, fait une fillabe dans la prémiere perfonne pluriele des Ver

bes.

EXEMPLES.

Nous devions fuir l'amour, & ç'eût été le mieux.

M. de Fonten. • poéties paft. égl.

8

Contens de nos états, & charmez l'un de l'autre,
Nous attendions un fort plus heureux que le no- Alex.ac.

Il faut que nous joüions dans ce charmant féjour,

Tout le reste du jour.

Après que nous t'aurions loüé,

Nous chanterions d'un gofier enroüé,

Vive Bachus, & l'ami de la coupe.

XVI. OBSERVATION.
Des mots d'une fillabe.

On ne met ici que les mots fur
lefquels les jeunes Poétes peuvent
balancer pour en fçavoir le nom.
bre des fillabes. Ces mots font, bien,
chien, Ciel, Cieux, Dieu, eau,
, fiel,
fier, fleau, fouet, je fuis, tu fuis, il
fuit, lieux, miel, mien, mieux, rien,
fien, tien, viel, vieux, & yeux, qui
ne font tous qu'une fillabe, je me

Racine,

4. fc. 2.

contenterai de rapporter feulement des exemples de fleau, fouet, je fuis, il fuit, parceque l'on a pû remarquer la quantité des autres dans les exemples des obfervations précé

dentes.

Chapel. Tous les fleaux des humains, la pefte & la faPucel. 1. mine

I.

Avançoient leur ruïne.

Racine, Un Valet manque-t-il à rendre un verre net, plaid. a. 3. fe. Condamnez-le à l'amende, ou s'il le caffe, au fouet.

13.

Gomb. Je fuis tous les confeils qui me veulent guérir.

poél.

S'il écrit ou parle à quelqu'un,

Il fuit tant les choses communes,
Qu'on n'y voit pas le fens commu.

Fleau, ainfi accentué, feroit mieux, à mon avis, de deux fillabes que d'une, parcequ'en ne faifant qu'une fillabe de ce mot, comment bien fentir par la prononciation, la différence qu'il y a de fléau & de flot? XVII.