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́parceque chaque Stance ou chaque Strophe, eft confidérée féparément, quoique ce foit néanmoins une négligence qu'il faut tâcher d'éviter.

Mais ces mêmes rimes feroient tout à-fait vitieufes, fi elles fe rencontroient plus d'une fois dans une même Stance ou même Strophe, à moins qu'on ne les y fît régner depuis le commencement jufqu'à la fin. Car, quoi qu'en dife notre Auteur, il eft faux qu'on ne puiffe pas abfolument répeter, & multiplier les mêmes rimes jufqu'à quatre fois au moins, ce qui fera huit rimes femblables, & la Stance ou la Strophe n'en fera que plus riche, & plus nombreuse.

EXEMPLES.

De Lo- Quand nous voulons chanter des Vers,

menie.

Dont l'harmonieufe cadence

Répréfente avec éloquence
La merveille de l'Univers :
Soudain le Héros de la France,
Connu par fa rare prudence,

Nous fait voir ses exploits divers;
Mais pour couronner fa vaillance,
Egale à fa rare puissance,
Nous trouvons parmi nos déferts,
Ой regne encore l'innocence,
Trop peu de lauriers toujours verts,

L'Auteur de ces Vers eût pouffé cette Strophe déja de douze Vers, jufqu'à quinze, s'il l'eût voulu; & quelqu'un trouveroit-il que ces rimes fi abondantes, & tant de fois répétées, ayent mauvaise grace ? Nullement. Elles n'en font que plus riches, & font voir la fécondité du génie qui les trouve avec tant de facilité, fur tout quand c'eft pour louer le plus grand Roi du monde.

ARTICLE II.

Quatre fortes de Vers fuivis.

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peut remarquer quatre fortes de Vers fuivis, quoi. « qu'il y en puiffe avoir d'autres ; «

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ss mais celles-ci font les principa

.les در

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Premierement, les Vers de dou

» ze fillabes, ou Alexandrins, com» me ceux-ci :

Evêque Hébreux dont le falut eft commis à ma foì, fe, Pf.77. Et de qui je veux étre & le pere, & le Roi,

Peuple, pour qui le Ciel a fait tant de merveilles,
Je demande aujourd'hui vos cœurs & vos oreilles,

C'eft en cette forte de Vers qu'on fait les Poémes héroïques, » les Comédies, les Eglogues, les » Elégies, & autres Pieces.

OBSERVATION.

L'Auteur à raifon d'ajoûter, & autres Pieces; car il y en a encore quelques-unes où l'on employe cette forte de Vers. Voyez les régles que j'ai données de l'ufage des Vers de douze fillabes, dans le fecond Article du premier Chapitre de cè Traité, page 43.

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On

peut remarquer, dit D. Lan- «‹ celet, quatre fortes de Vers fuivis,

&c.

OBSERVATION,

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Et moi j'en remarque cinq; parceque les Vers Saphiques font auffi des Vers fuivis comme on le peut voir par ceux ci que je viens de faire exprès, pour n'étre pas obligé d'en répéter encore de ceux que j'ai déja

citez.

EXEMPLE.

Grand Dieu, fi ton bras s'appefantit fur moi,

Vers

d'onze

fillabes.

Je l'ai mérité, j'ai négligé ta loi;

Mais pour me punir, tous mes péchez commis

Sont mes ennemis.

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Voyez la régle & les ufages des Vers Saphiques, chap. 1. art. 1. p. 11. & art. 2. pag. 43.

Secondement, continue toujours

D. Lancelot, il y a auffi des Vers « fuivis de dix fillabes.

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OBSERVATION.

Puifqu'il ne nous en a point donné d'exemple, en voici un dont l'Ecriture Sainte ma fourni la pensée.

EXEMPLE.

La mort un jour mettra fin à vos vices;
Vous pleurerez vos plus noires malices:
Quand vous craindrez les éternels tourmens,
Dieu fera fourd à vos gémiffemens.

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Mais quoique ces Vers, dit par» faitement bien notre Auteur, ayent quelque gravité, il s'en faut qu'ils ,, foient fi beaux ni fi pompeux que » ceux de douze fillabes.

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Troifiémement, pourfuit-il en» core, on fe fert, & on fait auffi des » Vers fuivis de huit fillabes; mais ,, cela eft rare, & on ne s'en fert guére en des fujets férieux.

OBSERVATION.

Il a raison. Les Vers fuivis de huit fillabes font très-propres à exprimer

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