peut le remarquer deux fois dans le premier des deux Vers fuivans. Le fexe aime à jouir d'un peu de liberté, Dont l'e fe mange de cette forte, 3 S 6 Le fex'-aim'-à-jouir-d'un peu-de liberté, &c. Mais il en arrive autrement lorf que le mot à la fin duquel il fe trouve est au pluriel, parcequ'alors il y a une s après qui empêche que cet e ne foit mangé par la voyelle du mot qui le fuit. Il en eft de même de la feconde perfonne des verbes comme, par exemple, tu aimes, tu écoutes, &c. ou à la troifiéme perfonne du pluriel de quelques temps de verbes. Exemple, ils aiment, ils l'uffent, ce que les Exemples fuivans feront encore mieux comprendre. Les charmes en ces lieux, les rofès & les lis. * Tu contemples en vain la beauté de Cloris. Ces Vers doivent ainfi fe fcander maintenant, Moliére Dans ces trois exemples l'e obfcure ou feminin, ne fe mange point à cause de l's ou de l'nt qui eft après cet e. C'est pourquoi on les fcande de cette maniére. Les char-mes en-ces lieux-les ro-fes &-les lis. vain-la-beau-té 6 Tu con-temple-s en vain-la beau-té de- Cloris. I 2 4 6 Ces Vers-doive-nt ainfi-fe fcan-der main-tenant. ARTICLE II. Des divers fortes de Vers, Prémierement de ceux de dix & de douze fillabes, où il eft parlé de la céfure. » fie ordinaire, fçavoir, de douze » fillabes qu'on nomme Alexan drins, héroïques, ou grands Vers. » De dix fillabes qu'on appelle Vers » communs. De huit, de fept, & » de fix fillabes, ce qui fe doit, dit-il, toujours entendre des Vers maf culins; car les feminins en ont tou- « jours une d'avantage. OBSERVATIONS. Plufieurs ont crû avec lui, qu'il n'y avoit que cinq fortes de Vers de 6, de 7, de 8, & de 10 fillabes, appellez Vers communs, & de 12 qu'on nomme Alexandrins, héroïques, ou grands Vers; mais d'au tres ont voulu qu'il y en eût de dix fortes, depuis une fillabe jufqu'à douze, exceptant ceux de neuf & d'onze fillabes qui font fort rares, & qui n'ont été faits que pour être chantez. Ces derniers avoient quelque ef péce de raison, parcequ'effectivement il fe trouve des exemples de Vers de 1, de 2, de 3, de 4, de 5, & de 9 fillabes, qui outre qu'ils font trés-rares, ont bien moins l'air ou la cadence des Vers, qu'ils ont la marche d'une veritable profe. Quoi qu'il en foit, tous ces fortes de Vers, fi l'on doit ainsi les appel ler, font bien irréguliers. Ils n'ont de forme de Vers, à proprement parler, que la rime, & ils ne fe rencontrent guéres que dans les Contes ou Fables, dans les Cantiques & les Chansons, comme je le vais montrer par des exemples tirez des meilleurs Auteurs en ce genre. Des Vers d'une fillabe, ou demi pié ; de deux fillabes, ou d'un pié. Les Vers d'une & de deux fillabes, font toujours mêlez avec d'autres, comme on le peut voir par les Exemples fuivans, dont le premier eft tiré d'un couplet de Chanfon que j'ai fait, fur l'air, Valdec voyant ; & le fecond, des Cantiques de Mr l'Abbé Pellegrin, fur l'air, On dit que vos parens font autant de Centau res. EXEMPLE PREMIER. Charmant Bachus, chacun aime à te fuivre ; Celui qui boit des chagrins fe délivre, i Mais Celui que ton jus enivre, Devroit n'en boire jamais. EXEMPLE SECOND. Après le cours hûreux d'une vie innocente, En approchant du port; On void fans épouvante La mort. Vers d'une fillab. Des Vers de trois, de quatre, de cinq, & de neuf fillabes. Ces fortes de Vers fe mêlent toujours avec d'autres, de même que les précédens, comme on peut le remarquer dans l'Exemple fuivant, tiré des Cantiques de M' l'Abbé Pellegrin, fur l'air, Tandis qu'ici bas nous vivons, &c. Vindicatifs, je parle à vous, Vous que l'on void plein de courour Vers de deux. 3 fillab |