La Cour du Grand Bourbon, en deuil de tant de
Princes,
Qu'on pleurera long-temps par toutes nos Pro
vinces,
Se repofe fur toi,
Et les lis triomphans, dans nos douleurs cuifantes, Te remettent le foin de leurs têtes tremblantes, Et t'attendent pour Roi.
Voi combien ton Ayeul éxige de ton âge: Dans l'héritier qu'il forme il demande un courage Conduit par la raison;
Il veut que fa vertu foit dans ton cœur empreinte, Et qu'on admire en toi de cette paix fi fainte L'illuftre Nourriffon,
Qu'un rameau verdoyant, illuftre récompenfe, Que la fage Pallas accorde à la science Nous charme à ton égard :
Ce font les vœux du peuple, il chérit ta per
fonne : Rend-toi propre au plûtôt à porter la couronne ; Mais n'y vien que fort tard,
Fata grandevo bona LUDOVICO
Afferant annos, tibi quot puello
Annuunt luces; fibi lata longùm
Gallia plaudat.
SENTENTIAE MORALES.
Horace, Pallida mors aquo pulfat pauperum tabernas,
ode 4.
Regumque turres.
Idem, Lucantem Icariis fluctibus Afriçum Ode 1. Mercator metuens, otium & oppidi
Laudat rura fui, mox reficit rates
Quaffas, indocilis pauperiem pati.
O! fi jamais LOUIS avoit des destinées L'affurance de vivre encore autant d'années, Comblé du même honneur ;
Qu'elles accorderont de jours à ton enfance; Que joyeuse & long-temps l'on verroit notre
France
Admirer fon bonheur,
PENSE'ES MORALES.
J
Amais la pâle mort n'a pitié de perfonne, Elle range tout fous les loix;
Et de la même faulx la cruelle moiffonne Les Bergers & les Rois,
Sur la Mer Icarienne un Marchand en danger, Que le vent Africain n'aille le submerger, Fâché d'avoir quitté fes champs & sa Patrie, Loue & regrette alors le répos de la vie ; Et ne pouvant fouffrir l'affreuse pauvreté, Radoube son vaisseau par les vents maltraité,
A MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN
FILS UNIQUE DU ROY,
EP ITR E.
PRINCE, n'eft-il pas vrai que sans expé
rience,
Je devois plus long-temps refter dans le filence, Attendant que ma Mufe, enfin dans fa vigueur, Pût chanter ton Hiftoire un jour avec honneur ? Car n'ayant à préfent qu'une tremblante veine, Tu la verras manquer & de force & d'haleine; Et peut-être fouvent contrainte de quitter Un fardeau qui pour elle eft trop lourd à porter, Et cedant à regret au beau feu qui l'anime, Maudire de nos Vers la cadence & la rime. Ainfi donc fans fecours, Ecolier que je fuis, Bégayer ma pensée eft tout ce que je puis. Ne fçachant pas encor le chemin du Parnasse, En cette extrêmité que Veux-tu que je fafle?
Moi qui ne fais encor que fortir du Berceau, Et qui fuis des neuf Soeurs un Nourriffon nouveau;
Je n'ai garde d'aller, dans mon apprentissage, A l'abri de ton Nom compofer un ouvrage. Je crains que mon efprit, dans fon obfcurité, De cet augufte Nom terniffant la beauté, Plein d'un fujet fi noble, en exerçant ma Muse, Ne puiffe voir affez pour voir que je m'abuse.
Il est vrai cependant, qu'effayant dans ces Vers, D'étaler tes vertus aux yeux de l'Univers; Et faisant voir que Dieu, pour nous montrer qu'il t'aime,
T'a donné des enfans dignes du Diadême ; Foible comme je fuis, par amour transporté, J'allois chanter ton Nom fans m'étre confulté; Et donnant librement l'effor à mon génie, Suivre avec imprudence une vaine manie: PRINCE, j'allois montrer qu'un cœur tiéde, abattu
Trouve en toi le fecours qui manque à sa vertu ; J'allois continuer d'écrire ton Hiftoire, Publier, en chantant, & ton Nom & ta gloire. Qu'au camp de Philifbourg, on vid les Ennemis, Vaincus par ta valeur, à ton pouvoir foûmis; Que, dans cette action, ton bras & ta prudence Firent bien voir alors ce que pouvoit la France, que par ton éclat, les foldats éblouis
Et
Connurent la valeur d'un Fils né de LOUIS:
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