Enfin j'allois, traçant avec mon foible stile Un portrait réservé pour une plume habile, Produire, en te louant, mon prémier coup d'essai, Quand voyant ma foiblesse, à l'instant je cessai.
Ainfi donc ce fujet, ayant trop d'abondance, M'oblige malgré moi de garder le filence. Je ne puis qu'admirer ton éclat glorieux; Mais je prie ardemment que le Maître des Cieux, Qui tient entre fes mains toutes nos destinées, Te conserve avec nous un grand nombre d'an-
nées
;
Et pour récompenfer tes vertus à jamais, Te donne après la vie une éternelle paix,
LE PRINCE
DE SOU BIZE,
CAPITAINE LIEUTENANT
de la Compagnie des Gendarmes du Roi, & Lieutenant Général de fes Armées.
EPITR E.
PRINCE, dont la valeur & la rare prudence,
Ont dans plus d'un combat fait triompher la France,
Et qui, fans t'étonner au milieu des hazards, As par tes beaux exploits égalé les Céfars. N'attend pas, qu'en donnant l'eflor à mon génie, J'aille entreprendre ici l'Hiftoire de ta vie. Un ouvrage fi beau, fi grand & fi fécond, Eblouit mon efprit, l'étonne, & le confond. Et qui pourroit en Vers, d'un ftile assez sublime, Atteindre jufqu'à toi, quelqu'ardeur qui l'anime? Quel Poéte pourroit par fes expressions, Décrivant feulement tes moindres actions,
Te dépeindre tout jeune, auffi vaillant que fage, Quand tu fus en Hongrie * exercer ton courage, S Godart Où par ce coup d'effai qui fut fi glorieux, Tu fis renaître en toi l'honneur de tes ayeux.
* A l'e
On vid, PRINCE, dèflors ce que tu devois être; Ce prémier coup d'effai valut un coup de Maître. Mais tu reçus le jour d'un trop illuftre Sang, Pour ne pas foutenir la gloire de ton rang. Ce n'étoit, il eft vrai, que ton apprentiffage, Tout ceda cependant à ton noble courage; Et quand on fut en fuite attaquer Charleroi, A-t-il pû, quoiqu'il fist, résister devant toi? Non pour te résister l'effort eft inutile. Déja Douai, Tournai fe rendent avec Lifle; Lifle, où parmi les feux tu cours de toutes parts, Où tout eft plein d'effroi devant nos étendarts, Où le Roi combattant, void lui-même en per-
fonne,
Combattre en toi celui qui défend fa Couronne. La Hollande frémit, & Maftrich aux abois, Témoin de ta valeur, vient recevoir nos loix. Rien ne peut t'arrêter: tu paffes à la nage Le Rhin, Fleuve orgueilleux, qui coupoit ton paffage.
Là Senef qui fe rend, reconnoît ton pouvoir; Ici Mons afficgé fe range à fon devoir;
Et pour accompagner ton Roi dans fes Con
quêtes,
Tu cours, en l'imitant, à travers les tempêtes. Pendant qu'il prend Namur, toi par un coup
Ne lui foumets-tu pas fon fuperbe Château ? Enfin, fi dans ces Vers, je traçois ton Histoire, On t'y verroit par tout environné de gloire, Et jusqu'aux ennemis honteusement battus, Qui la lifant, pourroient y louer tes vertus. Mais, PRINCE, ce fujet m'épuise & me
confume;
Ce fujet relevé demande une autre plume. Ainfi fans m'obftiner par un nouvel effort, Ne pouvant te louer, ni changer un tel fort, J'aime mieux, homme fage, en fuivant la pru- dence,
Refter plein de refpect dans un humble filence, Que d'aller follement, avec témérité,
Ternir de tes vertus l'éclat & la beauté : Car crois tu qu'aujourd'hui j'euffe ofé même écrire,
Aucun des fentimens que ton fujet m'infpire, Si mon cœur à la fin, PRINCE, ne m'eût fait voir,
Qu'en gardant le respect, j'oubliois mon devoir ?
··· 2003:23 863: 6003 2003: 10.1038
A SON ALTESSE
CAPITAINE-LIEUTENANT de la Compagnie des Gendarmes du Roi, Lieutenant Général de les armées, Gouverneur & Lieutenant Général pour Sa Majesté des Provinces de Champagne & Brie.
EPITRE:
DIgne Fils d'un Héros, que tout le monde
admire ;
Qui foutiens comme lui l'honneur de notre Em
pire,
Qui lage & courageux, fais dans tous les combats Refpecter comme lui la force de ton bras ; Et qui, toujours gagnant victoire fur victoire, Viens t'offrir à mes yeux tout éclatant de gloire; Aujourd'hui plein de zele, admirant ta grandeur, J'ofe enfin dans ces Vers exprimer ta valeur.
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