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ARTICLE V.

Seconde Régle de certains mots qui rendent les Vers languiffants.

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'Eft prefque pour la même raifon, ajoute D. Lancelot, » que celle de la régle précedente, qu'il y a de certains mots qu'on » ne peut mettre qu'à la fin des Vers, fi ce n'eft en mangeant la derniére fillabe, tels que font ceux qui ont » une voyelle avant l'e muet, com» me vie, envie, partie, vue, facrée, penfee. Ainfi l'on peut dire,

"

"

La vie est une mort à qui vit en langueur,

» Mais ce ne feroit pas un Vers fupportable de mettre,

"

La vie n'eft que mort à qui vit en langueur.

» Et les Anciens, qui n'ont pas ob» fervé cette régle, ont fait des Vers » qu'à peine peut-on prononcer » comme font ceux-ci de Dubar.

tas.

EXEMPLE.

Aux rais de ce Soleil ma vûe s'éblouit.

Phrénéfie qui fait le vanteur infolent.

Des parties d'en bas la chaleur attiédir,

Il y a encore quelques mots qui « rendent les Vers languiffants, « comme ruiner, Poéte, &c. dont néanmoins on fe peut quelquefois fervir par néceffité; mais le plus « rarement qu'on le pourra faire, fera le meilleur.

OBSERVATIONS.

«

«

Tout cet article de D. Lancelot eft bon & d'usage; mais il s'eft trompé, s'il a crû qu'il n'avoit rien oublié de tout ce qu'il y devoit ajoûter; car il a ômis plufieurs obfervations importantes qui regardent la beauté, & l'exactitude de notre Poéfie, lefquelles il n'a point fait, & que nous allons faire pour lui.

Il faut éviter de joindre des mots dont la rencontre fasse quelque rudeffe.

EXEMPLES.

Il faut, comme commençanr,

vos Vers.

fcander toujours

Ou,

Je ne faurois vous voir fans fentir du chagrin.

Ce qui fe trouve contraire au précepte de M. Dépréaux.

Il est un heureux choix de mots harmonieux.
Fuïez des mauvais fons le concours odieux.
Le Vers le mieux rempli, la plus belle penfée,
Ne peut plaire à l'efprit, quand l'oreille eft
bleffée.

Il ne faut pas auffi commencer un Vers par un mot qui rime avec celui qui finit le Vers précedent.

EXEMPLE.

Gémissez, priez Dieu devant ses faints Autels, Mortels, vous obtiendrez le pardon de vos cri

mes,

On ne doit pas auffi commencer un Vers par un mot qui faffe con

fonnance, foit dans fa prémiere, foit dans fa derniere fillabe, avec celui qui finit le Vers précedent.

EXEMPLE.

A set homme cent fois vous l'avez comparé:
Réparez, s'il fe peut, une pareille injure.

Enfin il ne faut pas qu'un mot qui commence un Vers, ait même le moindre rapport pour le fon avec la derniere fillabe de celui qui finic le Vers précedent, comme feroient ceux ci, au fecond defquels j'ai mis car pour exemple, qui n'y étoit pas auparavant.

EXEMPLE.

La vertu de Dumetz eft une vertu rare :
Car, quoiqu'il ait du bien, il vit fort pauvre-

ment.

Et quoique ce ne foit pas abfolument une grande faute, il est toujours mieux de ne la pas faire, quand ce ne feroit que parceque cela choque l'oreille.

préaux.

Mais il faut fur tout éviter quë le prémier & le dernier mot d'un même Vers, n'ayent aucune conformité de fon, comme dans le prémier de ces deux Vers que j'ai auffi changez exprès, en confervant feulement la pensée.

EXEMPLE.

De la Porte, aujourd'hui que j'ai la voix plus forte,

Je dirai qu'un bienfait vers un autre te porte.

Les mêmes mots rimant enfemble, ne fe fouffrent repetez dans les Vers, que lorsqu'ils y font figure, & qu'ils y font placez ingénieusement, & avec grace.

EXEMPLES.

Le mal qu'on dit d'autrui ne produit que du

Ou,

mal.

Dans le crime il fuffit qu'une fois on débute,
Une chûte toujours attire une autre chûte.

Les phrafes & les mots qui fen

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