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de, dont je viens de parler. Il eft certain qu'on peut la regarder comme un chef-d'œuvre en fon genre.

Mais il s'en faut bien qu'il ait également réuffi dans le petit Traité de la Verfification françoife qui fe trouve à la fin. Je ne crois pas qu'un Poéte puiffe jamais fe perfectioner avec les régles qu'il contient ; car quand toutes les régles de ce Traité feroient bonnes & d'ufage, ce qui n'eft pas, elles ne feroient point encore fuffifantes. Combien de difficultez confidérables que des Commençans ne peuvent fçavoir, ni furmonter d'euxmêmes, & qu'il n'explique point! Il y a tout lieu de croire que la fcience des Vers françois étoit celle qu'il poffedoit le moins: non pas que je veuille faire entendre que fon Traité foit toujours par tout généralement mauvais. Il faut convenir que s'il y donne quelquefois des régles fauffes, Fout-à-fait vicieuses, & hors d'usage; il en donne auffi de bonnes, & qui peuvent étre très-utiles.

C'eft ce qui m'a engagé à y travailler, & à y confacrer quelques-unes de mes veilles. Si j'ai quelquefois ufé à fon égard d'un ftile peut-être un peu trop vif& trop piquant, ce n'est pas dans le deffein que j'aye de diminuer en rien la réputation d'un fi fçavant homme ; c'eft que les fautes dont je le reprens, m'ayant parues moins pardonnables en lui, qu'en tout autre, ne m'ont pas laiffe toujours la liberté de m'exprimer avec plus de modération.

Qu'on ne s'imagine donc pas que ma principale vûe ait été de le critiquer, ni de le cenfurer: c'eft le défir unique que j'ai de rendre service au Public, qui m'a fait entreprendre l'Ouvrage que je lui mets aujourd'hui entre les mains.

Il ne me conviendroit pas d'en faire des éloges pour le lui rendre plus recommandable. I jugera luimême de fes avantages & de fon utilité. Tout ce que je puis dire c'est que j'ai tâché de lui donner au

tant de perfection qu'il m'a été poffible. Je n'ai pas un moment perdu de vûe mon Auteur; & je rapporte même fon Traité tout au long, que je ne cite toujours fidellement, & mot pour mot, avant de faire mes Obfervations, qu'afin qu'on puiffe plus facilement juger, fi la critique en eft judicieufe ou non. Je le condamne par tout où il a tort: mais je l'approuve, & je fais voir auffi en même tems quand il a raison.

En le fuivant ainfi toujours pas-àpas, je n'ai point donné à mon Ouvrage un ordre différent de celui qu'il a obfervé dans le fien, parceque cet ordre m'a femblé d'ailleurs auffi jufte qu'il le pouvoit étre.

J'ai donc partagé, comme lui, mon Ouvrage en trois Chapitres. Le prémier qui contient fept articles, traite de la ftructure des Vers françois, le fecond qui n'en renferme que quatre, parle de la rime; & le troifieme & dernier Chapitre, qui eft divifé en fept articles, regarde les Ouvrages en Vers.

Voici maintenant la conduite que j'ai tenue dans tous ces Chapitres. Tantôt j'ai foin d'y donner des définitions omifes par mon Auteur, & qui paroiffent d'abord d'une pétite conféquence, quoiqu'elles foient néanmoins d'un grand éclairciffement pour le fujet que je traite. Tantôt ce font des régles qui y manquent; & pour y fuppléer, j'ai quel. quefois recours à ceux qui ont le mieux écrit de la Verfification françoise; obfervant de plus cette maxime d'en avertir, & de les citer tou jours auparavant, afin qu'on fçache que je n'ai point voulu m'approprier un bien qui ne m'appartient pas ; & que le Lecteur connoiffe les louanges & l'eftime que ces Auteurs méritent. Quelquefois, y examinant les régles mêmes de mon Auteur, je trouve que celles-ci font véritablement d'ufage mais je ne puis cependant me : difpenfer encore de travailler à les rendre plus claires & plus faciles à comprendre que dans le fien, parce

qu'elles y font fouvent expliquées d'une maniére obfcure & embarraffée. Ici j'ajoûte feulement des exemples aux régles qui m'ont parues bonnes. Là je rejette celles qui font abfolument fauffes, & qui ne font point d'usage. En un mot on verra dans plufieurs endroits de mes Obferva. tions, fi l'on prend la peine de les lire, que j'y ai établi des régles que n'ont point encore données aucun de ceux qui ont écrit jufqu'ici fur cette matiére, mais qui font pourtant tout-àfait effentielles, & abfolument néceffaires pour la régularité de notre Verfification.

La preuve la plus grande que je puiffe avoir de leur néceffité effentielle dans notre Verfification, font les fautes que j'ai remarquées dans les Ouvrages des Poétes les plus célébres de notre tems. Ils ne font tombez dans ces fautes, que parcequ'ils ont ignoré ces regles: ce qui fait que je ne crains point de dire qu'il eft impoffible, fans les fçavoir, de parvenir

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