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Et pour accompagner ton Roi dans ses Con

quêtes,

Tu cours, en l'imitant, à travers les tempêtes. Pendant qu'il prend Namur, toi par un coup

nouveau

Ne lui foumets-tu pas fon fuperbe Château ?
Enfin, si dans ces Vers, je traçois ton Histoire,
On t'y verroit par tout environné de gloire,
Et jufqu'aux ennemis honteufement battus,
Qui la lifant, pourroient y louer tes vertus.
Mais, PRINCE, ce fujet m'épuise & me
confume;

Ce fujet relevé demande une autre plume.
Ainfi fans m'obstiner par un nouvel effort,

Ne pouvant te louer, ni changer un tel fort, J'aime mieux, homme fage, en fuivant la prudence,

Refter plein de refpe&t dans un humble filence,

Que d'aller follement, avec témérité,

Ternir de tes vertus l'éclat & la beauté :

Car crois tu qu'aujourd'hui j'euffe ofé même

écrire,

Aucun des fentimens que ton fujet m'inspire, Si mon cœur à la fin, PRINCE, ne m'eût fait voir,

Qu'en gardant le respect, j'oubliois mon devoir

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DE ROHAN,

CAPITAINE-LIEUTENANT

de la Compagnie des Gendarmes du Roi, Lieutenant Général de les armées, Gouverneur & Lieutenant Général pour Sa Majefté des Provinces de Champagne & Brie.

EPITRE.

DIgne Fils d'un Héros, que tout le monde

admire ;

Qui foutiens comme lui l'honneur de notre Empire,

Qui lage & courageux, fais dans tous les combats Refpecter comme lui la force de ton bras ;

Et qui, toujours gagnant victoire fur victoire, Viens t'offrir à mes yeux tout éclatant de gloire; Aujourd'hui plein de zele, admirant ta grandeur, J'ofe enfin dans ces Vers exprimer ta valeür.

Ainf

Alnfi, PRINCE, agiffant par une ardeur fe

crette,

Je ne confulte plus fi je fuis né Poéte,

Un objet qui fe montre avec tant d'ornemens,
Ne fauroit inspirer que de grands sentimens,
Peut au plus foible Auteur donner de l'éloquence,
Enrichir de fes Vers le nombre & la cadence,
Et fans qu'il foit befoin dans le fombre vallon,
D'aller pour te louer invoquer Apollon,
Il me fuffit de voir l'éclat qui t'accompagne,
Déja je t'apperçois combattre en Allemagne ;
Et l'eftime & le bruit de tes exploits divers,
Déja font parvenus au bout de l'Univers.
Tout tremble où tu parois. Mons a fenti tes armes,
A Leuze ta préfence a tout mis en alarmes ;
Et Stinkerque, Namur, Nervinde, Charleroi,
Et Tongre enfin toujours le fouviendront de toi.
Ta force & ta valeur sont si bien établies,
Qu'étant après allé combattre à Ramillies,
Et marchant dans le fang au travers des hazards,
Les Ennemis blessez tomboient de toutes parts.
Je pourrois aisément avec ma foible plume,
Sut tes moindres exploits faire plus d'un volume,
Et par le même objet qui me fût animer
PRINCE, trouver en tói toujours de quoi

rimer

Cc

Parcourant les combats, fi je cite Oudenarde, Je t'y trouve, & je voi que chacun t'y regarde, Comme un vaillant Héros, plein d'amour pour fon Roi,

Qui court tous les dangers, fans rien craindre pour foi.

On ne peut t'arrêter, quelque effort que l'on fasse, Et trois grands coups de feux frappent fur ta cuiraffe.

Enfin, continuant de faire ton portrait, Malplaquet peut encor me fournir plus d'un trait. Là nos braves Guerriers, conduits par ta prudence De nos fiers Ennemis puniffoient l'arrogance; Là cent fois repouffez, en déplorant leur fort, Par tout deffous tes coups ils rencontroient leur

mort.

Je finis: car je crains d'agir en téméraire, Quoique je fois toujours dans mon ardeur prémiére ;

PRINCE, pour te louer dignement dans mes

Vers,

Pour louer tes vertus qui charment l'Univers, Je n'ai qu'à feulement faire en forte qu'on life, De ROHAN eft le Fils du Prince de SOUBIZE.

FIN.

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