Imágenes de páginas
PDF
EPUB

que cependant on défarmât de pare & d'autre. La Cour, n'avoit garde d'accorder une pareille demande. Elle n'avoit pas oublié la peine qu'avoit eu le feu Roy, de faire féparer l'ALfemblée de Chateleraut, & celle que la Reine avoit eu pour obliger l'Allemblée de Saumur à fe féparer, quaique l'Edit de Nantes eût été éxécuté; & d'ailleurs il étoit aisé de juger que l'Affemblée ne cherchoit qu'à fe perpétuer, ce qui étoit très-opposé au Procez Tervice du Roy. Ses Commiffaires aux verbal de Conferences de Loudun rejetterent bée de la donc cette propofition, & la Cour Rochel- s'adrella au Duc de Bouillon, pour porter l'Affemblée à s'en défifter.

l'Affem

1c. T. 4.

Les Princes qui ont actuellement des Souverainetez, ont plus de délicateffe que les autres, fur les propo fitions qui peuvent donner atteinte à l'autorité Souveraine. Ils en prévoient, ils en fentent beaucoup mieux les conféquences. Le Duc de Bouillon qui eût été très-fâché que les Sujets, de fa Principauté de Sedan ne fe fuf fent pas fiez à fa parole, qu'ils lui euffent demandé des fûretez, en un mot qu'ils en cuffent usé avec lui, comme l'Affemblée de la Rochelle en

[ocr errors]

le

ufoit avec le Roy'; le Duc de Bouil lon, dis-je, qui n'approuvoit pas procedé de l'Affemblée, s'emploïa volontiers à la faire changer de fentiment. Il en parla à fes Députez; il leur reprefenta que tant qu'ils n'avoient demandé qu'à vivre dans leur Religion avec fûreté, & même avec honneur, il avoit été leur plus ardent folliciteur; que fes confeils & fon cré dit ne leur avoient point manqué? qu'il avoit parlé & agi hautement en leur faveur; mais qu'aprefent qu'ils avoient obtenu ces deux avantages par l'Edit de Nantes que le Roy s'obligeoit de confirmer, auffi-bien que tous les Arrêts rendus en conféquence; qu'à prefent que le même Roy leur accordoit de nouvelles graces qu'autrefois ils n'euffent osé efperer, bien-loin de les demander & de les obtenir, ils devoient mettre enfin des bornes à leurs demandes, & fe contenter de ce qui leur avoit été accordé. Que rien n'étoit plus injurieux à la Majefté des Rois, que de ne fe pas fier à leurs paroles, fur tout quand elles étoient confirmées par des Edits autentiques, éxécutez de bonne foy depuis prés de vingt

années, & foutenus par de nouvelles graces qu'on n'étoit point obligé de leur accorder, & qui étoient autant de gages de la bonne volonté du Prince & de la fincere protection qu'il étoit réfolu de leur continuer. Que dans le Traité dont il s'agiffoit, il y avoit plufieurs articles qui regardoient le Prince de Condé & les Seigneurs de fon parti, qui ne feroient éxécutez qu'après qu'on l'auroit figné ; que ces articles n'étoient point fi peu importans, qu'il ne s'y agît de leurs charges & de leurs dignitez, en un mot de toute leur fortune; que cependant ils ne demandoient point d'autre affurance que la foy du Traité, la parole du Roy, & fa fignature: que c'étoit porter la défiance trop loin que de ne s'en pas tenir aux füretez dont le premier Prince du Sang, les Pairs & les grands Officiers de la Couronne voufoient bien fe contenter. Il ajoûta que leur conduite ne pouvoit manquer les rendre odieux au Roy; qu'elle le forceroit à les regarder comme des Ennemis toûjours prêts à entreprendre fur fon autorité, & enfin à les détruire comme une caballe de gens qui Lous prétexte de Religion ne fongeoit

de

à rien moins qu'à l'indépendance & au renversement de l'Etat.

res de

: Ce difcours du Duc de Bouillon bien loin de perfuader les Députez de l'Affemblée de fe défifter de leurs prétentions, ne fervit qu'à le faire Memoi regarder comme un homme dévoué à Rohan. la Cour, & qui facrifioit à fa fottune Liv. 1. les interêts de fon parti; c'eft ainfi que les Ducs de Rohan & de Sully en parlent à l'occafion dont il s'agit. On ne voit pas cependant les avantages particuliers qui revinrent au Duc de Bouillon en vertu du Traité de Loudun; il n'obtint ni charges, ni gouvernement, ni penfions. Le Duc 1bid. de Rohan qui en parle fi fouvent, auroit(ce femble) dû les marquer; on n'eft pas obligé de l'en croire fur fa parole. Cependant le peu d'égard qu'eurent les Députez de l'Affemblée aux Remontrances du Duc de Bouillon, l'indifpofa extrêmement ; & s'il: ne prit pas ouvertement contre elle le parti de la Cour, il témoigna du moins hautement qu'il n'approuvoit pas fa conduite. Le Duc de Bouillon étoit attaché à fa Religion, mais il ne put jamais s'accommoder de la do mination des Miniftres & des Confifto

riaux.Le Duc de Rohan qui avoitplus de complaifance pour eux, en eut depuis beaucoup à fouffrir. Il s'en plaint en plufieurs endroits de fes Memoires, & juftifie par-en bien des chofes la conduite du Duc de Bouillon. L'obtination de l'Affemblée de la Rochelle, & l'extrême envie qu'a voit la Cour de conclure la paix, obligerent les Commiffaires du Roy de se relâcher. Ils accorderent enfin au nom de Sa Majefté, que l'Affemblée de la Rochelle fubfifteroit six semaines après la fignature du Traité ; & que pendant ce temps - là le Roy or donneroit la vérification de l'Edit &. l'éxécution des chofes qui lui avoient été accordées; mais ce fut fous une condition fecrette que les grands Seigneurs du parti, ce terme expiré, obligeroient l'Affemblée de fe séparer même en emploïant la force fi elle refufoit de le faire.

Le Duc de Bouillon qui fçavoit concilier ce qu'il devoit au Roy & à l'Etat, avec ce qu'on prétendoit qu'il dût à fa Religion, ne fit point de difficulté de le promettre, & même s'y obligea par un écrit figné de fa main qui fut remis entre les mains des Com

« AnteriorContinuar »