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Etats; mais que la Reine pour fau-
ver les dehors de fon autorité, ne
vouloit
pas que cela fût exprimé dans
un Traité. Pour ce qui eft du troifié-
me article, il fut accordé qu'on dé-
farmeroit de part & d'autre, dès que
le Traité feroit figné.

Ce que le Prince de Condé & les Seigneurs de fon parti propoferent enfuite pour leurs interêts particuliers, donna lieu à de grandes conteftations. Il falut envoier des Couriers à la Cour ; & comme il naiffoit tous les jours de nouvelles difficultez les Commiffaires avoient de temps en temps befoin de nouvelles inftructions. Cela donna le temps à l'Armée du Roy de fe renforcer confidérablement. Gallati amena les fix mille Suiffes qu'il avoit eu ordre de lever. Baffompierre leur nouveau Co- Memoilonel Général alla les recevoir à res de

Baffoin

Troyes en Champagne; de-là il les pierre. conduifit à Vitry ou du Pleffis-Prâlin affembloit l'Armée du Roy. Ces mouvemens donnerent de l'ombrage au Prince de Condé. Quoique le Duc de Bouillon lui pût dire pour le raffuil fortit promptement de Soiffons après avoir écrit à la Regente, qu'il

rer,

y laiffoit les Ducs de Bouillon & de Mayenne avec plein pouvoir de conclure le Traité. Il marcha enfuite vers Vitry avec fon Armée dans le deffein de le furprendre; mais les Troupes du Roy le prévinrent; ce qui l'obligea de fe retirer à Sainte Menehould, où il fe crut plus en fureté qu'à Soiffons.

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Quoique l'on fouhaitât de part & d'autre la conclufion du Traité, il ne laiffoit pas de tirer en longueur; peutêtre même que la Regente choquée des demandes que le Prince de Condé & les Seigneurs de fon parti lui faifoient, l'eût rompu, & qu'elle fe fût déterminée à la Guerre. Les Ducs de Guife, d'Epernon, de Bellegarde, le Cardinal de Joyeufe & Villeroy la lui confeilloient; mais le Parlement, Siri la Ville de Paris, & les Députez Gérecondite néraux des Eglifes Calviniftes demanTom. 3. derent la Paix avec tant d'inftance

-memorie

que la Regente fe crut obligée d'envoïer Vignier au Prince de Condé qui étoit toujours à Sainte Menehould. Memoi- Ce nouvel Agent avoit ordre d'ob, tenir de lui, que les Ducs de Mayende Marie ne & de Bouillon concluffent le Trai cis. té avec les Commiffaires du Roy qui

res de la

Regence

de Médi

étoient restez à Soiffons. Le Prince à qui on avoit infpiré de la défiance du Duc de Bouillon, & qui ne fe rapportoit de fes interêts qu'à lui-même, répondit que les affaires fe termineroient plus facilement, fi Sa Majesté agréoit que le Duc de Ventadour & fes Collegues s'avançaffent jufques à Sainte Menehould pour traiter avec lui même.

Sur cette réponse la Regente fit expedier à fes Députez une Commiffion expreffe d'aller terminer à Sainte Menehould la négociation commencée à Soiffons. Ce fut-là que le Traité fut conclu & figné. Par cet accommodement le Gouvernement d'Amboife fut donné au Prince de Condé

res du

Duc de

pour lui tenir lieu de celui du Châ- Men oiteau-Trompete qu'il ne put jamais obtenir. Le Duc de Nevers eut Sainte Rohan. Menehould, felon des Memoires du Liv. 1. temps, quoiqu'il n'en foit point parlé dans le Traité; on lui donna encore de l'argent pour le dédommager de fa Maifon qui avoit été abatuë, à caufe des Fortifications faites à Mézieres. Le Duc de Vendôme ( qui s'étoit fauvé de fa prifon du Louvre huit jours après la détention dont on

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Ibid.

a parlé) fut rétabli dans fon Gouvernement de Bretagne & dans toutes fes Charges. Les Ducs de Mayenne & de Longueville furent encore mieux traitez. Pour ce qui eft du Duc de Bouillon, comme de l'argent convenoit mieux à l'état de fes affaires, que toute autre chofe, le Duc de Rohan affure dans fes Memoires, qu'il eut lieu d'être content. Le Traité fut éxécuté de part & d'autre avec beaucoup de ponctualité. Le Prince de Condé & les Seigneurs de fon parti revinrent à la Cour; ils accompagnerent le Roy au Parlement, où le preL'an mier jour d'Octobre il se fit déclarer Majeur. Alors tout étant en Paix, chacun ne penfa plus qu'à faire dé puter aux Etats Généraux des perfonnes fur lefquelles on pût compter.

1614.

La Cour fe donna fur cela de grands mouvemens. Le Prince de Condé & les Seigneurs de fon parti ne s'en donnerent pas de moindres. Ils n'avoient pas perdu de vûë le deffein d'abaiffer l'autorité de la Regente & celle des Miniftres. C'eft dans cette vûe qu'ils avoient demandé avec tant d'inftan ces la tenue des Etats Généraux.

On ne racontera point ce qui fe

paffa dans cette Affemblée; le détail feroit trop-long, & même inutile puifqu'elle ne produifit rien moins que ce qu'on s'en étoit promis. On fe contentera de dire qu'après avoir été convoquée à Sens pour le 25. d'Août, elle fut transferée à Paris, où les Etats furent ouverts fur la fin d'Octobre. Le Prince de Condé & le Duc de Bouillon travaillerent envain à leur infpirer ce qu'ils croïoient convenir au bien de l'Etat. La divifion qui s'y mit d'abord ne leur permit pas d'en rien efperer de bon. Ainfi après qu'on y eut fait quantité d'excellentes propofitions qui n'eurent aucun fuccès, ils fe féparerent le 23. de Fevrier de l'année 1615. avant même que le Roy eût répondu le cahier qu'ils lui avoient prefenté.

Dès que les Etats eurent été congediez, la Reine qui ne portoit plus le nom de Regente depuis la Majorité du Roy, les Miniftres & généralement tous ceux qui étoient de la confidence de Marie de Médicis, reprirent leur premiere autorité. Depuis le Traité de Sainte Menehould, avant la tenue des Etats, & pendant qu'ils avoient été assemblez, la crain

L'an

1614.

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