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s'agiffoit que de dépendre de la Rei-
ne on pourroit s'en accommoder, «
mais de s'affujettir à deux perfonnes «
qui nous font fi inferieures, & qui
n'ont rien de confiderable qu'une «
grande fortune qui les rend infolens, «
& dont ils abufent, c'eft ce qui ne ce
conviendra jamais à un homme qui
a autant de naissance & de cœur que «
le Duc de Guife. Il faudra que tôt «
ou tard il fe broüille avec la Reine se
Mere; mais s'il abandonne aujour-
d'hui fes amis, ils pourroient bien
alors l'abandonner auffi à leur tou, «<

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Après que le Duc de Bouillon eut parlé de la forte, le Duc de Mayenne & lui prirent le chemin de Soiffons ; ils étoient accompagnez d'environ cent-cinquante Gentilshommes attachez à leur fortune, & prêts à les fuivre par-tout. A peine eurent-ils fait une lieuë qu'ils envoïerent à Paris pour apprendre des nouvelles du Duc de Vendôme. On s'en informa inutilement, on ne put fçavoir ce qu'il étoit devenu. Les mêmes perfonnes avoient ordre de s'adreffer au Cor- Memeidonnier Picard. C'étoit un homme Regence d'importance & fort accrédité parmi de Medi le Peuple depuis les differens qu'il cis.

res de la

de Marie

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Memoi

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avoit eû avec le Marêchal d'Ancre, dont il étoit forti fort à fon honneur. Les Ducs de Mayenne & de Bouillon lui firent dire que s'il vouloit émouvoir la populace, ils rentreroient dans Paris avec cinq-cens Chevaux bien armez pour foûtenir ce qu'il auroit fait. Le Cordonnier fit de fon mieux, auffi-bien que la Princeffe doüairiere de Condé mais le peuple n'aimoit tes de pas affez le Prince fon Fils pour se foû Baffom- lever en fa faveur. Cependant les Boutiques furent fermées, le com merce ceffa, & la Populace attroupée dans le Fauxbourg Saint-Germain alla fondre fur l'Hôtel du Maréchal d'Ancre & fur la Maison de Corbineld'hui li fon Secretaire; il y eut pour deux des Am- cens-mille écus de meubles pillez. La baffa- Cour s'eftima fort heureufe d'en être Extraor quitte à fi bon marché.

pierre.

C'est au

jour

F'Hôtel

deurs.

dinaires,

Pendant que ces chofes fe paffoient dans Paris, le Duc de Guife incertain des fentimens de la Reine Mere, crut qu'avant que de fe rendre au Louvre, il devoit y envoïer le Duc de Chevreuse fon Frere. C'étoit en apparen ce pour recevoir les ordres de leurs Majeftez, en effet pour s'informer s'il pourroit y aller en fûreté, & pour

fonder les intentions de la Reine. Le Duc de Chevreuse la trouva fi occupée à donner fes ordres, qu'elle ne fit pas la moindre attention à fon com pliment, & ne lui répondit pas. Chevreufe furpris d'une pareille froideur n'en préfuma rien de bon pour fon Frere, il se hâta de fortir du Louvre. Quelque temps après la Reine reve nue de fa diftraction fit réflexion que le Duc de Chevreufe feroit infailli blement allé donner l'alarme à fon aîné ; pour en prévenir l'effet elle envoïa promptement le Marquis de Praflain au Duc de Guife pour l'affu rer que leurs Majeftez feroient ravies de le voir. Le Duc de Guife prévenu par fon Frere lui demanda fi fur fa parole il pouvoit aller au Louvre en fûreté. « Perfonne (lui dit Praflain). n'en peut mieux juger que vous. Si vôtre confcience ne vous reproche « rien, venez ; fi-non, vous devez fçavoir ce que vous avez à faire. « Cette réponse augmenta les défiances & les foupçons du Duc de Guife. Au-lieu d'aller au Louvre, il prend avec le Duc de Chevreufe la route de Soiffons; ils y arriverent avant les Ducs de Bouillon & de Mayenne. Pour ce

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qui eft du Duc de Vendôme

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fur

le point d'être arrêté par Saint-Gé ran, il s'étoit retiré à la Fere, Place dont il étoit Gouverneur,

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La retraite de tant de Seigneurs devoit embaraffer la Reine Mere mais la joïe qu'elle avoit de l'emprifonnement du Prince de Condé ne lui permit pas d'y faire toute l'atten. tion qu'elle devoit. Elle regardoit le jour où elle l'avoit fait arrêter comme un jour de victoire & de triomphe: mais que le préfent eft un mauvais garand de l'avenir. Ce jour qu'elle s'imaginoit être un jour de gloire pour elle ce jour où elle croïoit s'être affurée d'une autorité qui ne lui feroit plus conteftée fut l'origine de fa difgrace & de fes premiers malheurs, De Luines qui avoit dès-lors beaucoup de pouvoir fur l'efprit du Roy, étonné d'un auffi grand coup que ce-. lui de l'emprisonnement du premier Prince du Sang, en craignit un pareil pour lui-même, fi ( ce qui ne pouvoit gueres manquer d'arriver) il devenoit fufpect à la Reine. Il commença dès-lors à prévenir contre-elle l'efprit du Roy, & il lui donna tant d'ombrages de cette autorité fans bornes

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qu'elle s'attribuoit, & dont le Prince de Condé ne pouvoit plus faire le contrepoids; il lui rendit le Maréchal d'Ancre fi odieux, & l'on peut ajoûter fi redoutable, qu'il porta enfin ce jeune Roy à entreprendre ce qu'on va voir dans la fuite de cette Hiftoire.

res de la

de Mcdi

Après que les Ducs de Mayenne & de Bouillon eurent tenté envain de faire foulever le peuple de Paris, ils fe rendirent à Soiffons ; ils y trou verent les Ducs de Guife & de Chevreufe, & le Cardinal de Guife Archevêque de Reims leur Frere, qui les y attendoient. Ils dépêcherent Memo auffi-tôt aux Ducs de Longueville & Regence de Vendôme , pour les prier de fe Marie de rendre au Château de Coucy, où ils cis. pourroient prendre tous enfemble les réfolutions qui conviendroient à l'état préfent de leurs affaires. Tous ces Seigneurs joints ensemble pouvoient faire un parti redoutable; mais le Duc de Bouillon qui ne penfoit qu'à le fortifier crut qu'il y faloit encore engager le Duc de Nevers Gouverneur de Champagne. Il ne s'étoit point encore déclaré, & il pa roiffoit avoir des vûës bien éloignées de celles que le Duc de Bouillon pré

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