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fures qui y étoient conformes. Sur le tout Gonzales de Cordoüë Général d'une armée Espagnole s'avança fur les Frontieres du Luxembourg, pour s'opposer à Mansfeld & à l'Adminif trateur de Halberftat, s'ils entreprenoient d'y entrer. Ces deux Avanturiers étoient perdus fans reffource

le Général François & le Général Efpagnol euffent voulu s'entendre & les attaquer de concert ; mais ils avoient tous deux des vûes qui ne s'accordoient pas avec ce deffein, Gonzales avoit ordre de ménager fon Armée & de ne rien rifquer, de demeurer fur la défenfive, & de n'attaquer qu'en cas que les Allemans entrepriffent quelque chofe fur les Provinces Catholiques des Païs-bas. Le Duc de Nevers au contraire content de les avoir empêché d'entrer en France, fouhaitoit qu'ils tombaffent fur les Efpagnols, qu'ils marchaffent au fecours des Provinces Unies, & qu'ils aidaffent le Prince Maurice à faire lever le fiege de Bergopfom, que faifoit le Marquis de Spinola.

C'étoient auffi les vûës de la Cour de France. On y vouloit ménager l'Espagne, mais on ne vouloit pas

qu'elle fit des conquêtes fur les Pro vinces-Unies, & qu'elle opprimât cette Republique naiffante. Il étoit donc question d'engager les deux Avanturiers à marcher au fecours des Provinces-Unies: mais ils étoient fi irritez contre la France de la tromperie que le Duc de Nevers venoit de leur faire, qu'il n'y avoit point d'apparence ni de traiter avec eux, ni de les engager à faire quelque chofe à fa confideration. Dans cet embarras on réfolut de s'adreffer au Duc de Bouillon. Les amis qu'il avoit à la Cour lui écrivirent que le Roy étoit informé de fes négociations avec Mansfeld & Alberftat, & qu'il en étoit fort irrité; mais qu'il oubliroit le chagrin qu'il lui avoit donné, & le danger où il avoit mis le Royaume, en appellant les Allemans fur fes fron rieres, s'il pouvoit engager Mansfeld & Alberstat à marcher au secours des Provinces-Unies.

Quand la Cour ne s'en fût point mêlée, & qu'il n'eût point été queftion de fe remettre bien dans l'efprit duRoy; c'étoit le deffein du Duc de Bouillon de procurer au Prince Maurice fon beau-frere le fecours que la

France vouloit lui ménager. Mais il crut qu'il devoit s'en faire un mérite auprès du Roy. Il répondit donc à fes amis de la Cour, que fon deffein avoit été d'engager Mansfeld & Alberftat à rentrer au fervice de l'Electeur Palatin, & à lui aider à recouvrer le Palatinat ufurpé par l'Empereur & par le Duc de Baviere; mais que puifque le Roy le fouhaitoit, on pouvoit l'affurer qu'il engageroit les deux Généraux Allemans à fe joindre au Prince Maurice, & qu'ils arriveroient affez à temps pour faire lever le fiege de Bergopfom.

Ce que difoit le Duc de Bouillon du fecours qu'il avoit eu deffein de procurer au Palatin, n'étoit pas fans beaucoup d'apparence, mais dans le

fond il n'étoit nullement vrai. L'E lecteur toûjours retiré à Sedan étoit un Prince ruiné qui n'avoit rien à donner aux deux Avanturiers. Ils n'étoient pas d'humeur à le fervir pour rien, eux qui n'avoient en vûë que leur interêt, & qui n'avoient coûtume que de fe donner au plus offrant. D'ailleurs le Roy d'Angleterre qui avoit obligé le Palatin à defarmer, fe faifoit fort de lui faire reftituer le

Palatinat par la voie de la négociation. Mais comme ces chofes ne fe fçavoient pas fi précisément à la Cour, le Roy ne pouvoit que fçavoir un fort grand gré au Duc de Bouillon de préferer ce qui étoit de fon fervice aux interêts de fon Neveu..

En éxécution des engagemens que le Duc Bouillon venoit de prendre avec la Cour de France, il entra en négociation avec Mansfeld & Alber, ftat. Cela lui fut d'autant plus aisé, que dans la crainte d'être attaquez ou par le Duc de Nevers, ou par Dom Gonzales, ou par tous les deux enfemble, ils s'étoient retirez fous les murailles & fous le canon de Sedan. Le Duc de Bouillon commença par reprefenter à Mansfeld & à Alberftat les fuites funeftes de leur divifion, & de celle des autres Chefs qui s'étoient brouillez entre-eux à leur exemple par les artifices du Duc de Nevers. Il les obligea à fe reconcilier & à agir deformais de concert. Il empêcha la diffipation de leur Armée en leur fourniffant des vivres & des munitions dont ils avoient un extrême befoin. Enfuite il leur propofe d'aller au fecours des Provinces Unies, mais fans

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faire mention de l'interêt qu'y prenoit la France: (c'eût été tout gåter. ) Il ne paroît agir qu'en fon propre nom, & en celui du Prince Maurice qui a voit tout pouvoir des Etats Généraux de Traiter avec eux. Mansfeld & Al

berftat n'opposent à cette propofition, que la difficulté des chemins & l'embarras de leur gros canon & de leur gros bagage. Le Duc de Bouillon leve ces deux difficultez en dreffant avec eux le plan de leur marche par le Hai naut, & en leur permettant de laiffer leur gros canon & leur gros bagage à Sedan. Il leur promet d'en avoir foin, & de le leur rendre dès qu'il en fera requis. Ces deux difficultez levées, le Traité fut bien-tôt conclu. Mansfeld & Alberftat fe mettent en marche pour aller au fecours des Provinces-Unies.

C'eft ainfi que la France fut tout-àfait délivrée de la crainte que lui caufoit le voifinage de ces Etrangers. Car jufques à leur départ le Roy avoit été obligé d'entretenir une Armée en Champagne, pour les empêcher d'y entrer. C'est ainfi que le Duc de Bouillon trouva le moïen de procurer sa grand fecours au Prince Maurice

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