fon beau-frere, & de faire fa Paix avec le Roy. Celle qui fut concluë bien-tôt après devant Montpellier, rendit pour quelque temps le repos à la France, & reconcilia tous les Seigneurs Calviniftes avec leur Souverain. C'est ce que le Duc de Bouillon fouhaitoit avec paffion pour fe donner tout entier au rétablissement de P'Electeur Palatin, & à la perfection des ouvrages qu'il avoit commencez à Sedan pour embellir la Ville & pour la fortifier. Il y avoit déja quelques années qu'il y avoit fondé l'Academie dont on a parlé, dans le deffeint d'y attirer la jeuneNoblelleProteftante d'Allemagne, celle des Provinces Unies, & celle du parti Calvinifte de France. Il eut foin d'y faire venir d'habiles Profeffeurs. On y enfeignoit Memoi les belles Lettres,les Langues qui font res ennéceffaires pour l'intelligence des Ori-sedan. ginaux de l'Ecriture-Sainte, la Philofophie, la Theologie, le Droit, les Mathematiques, & tout ce qui peut rendre habile dans l'Art militaire, En un mot fans fortir de Sedan, on y pouvoit apprendre tout ce qui regarde la Vie civile, le Monde, & la Guerre.

Tom. III.

N

voïez da

L'éxécution de ce grand dessein fut fuivie d'un autre qui n'étoit pas moins digne des foins & de l'attention d'un fi grand Homme. Il donna fes ordres pour amaffer une Bibliotheque confiderable, composée des meilleurs Livres qui fuffent alors dans l'Europe, & il fournit aux frais qui ne pouvoient être que grands, avec une libéralité qui a peu d'exemples. Il demanda à L'Electeur Palatin plufieurs Manufcrits de la célebre Bibliotheque Palatine; mais on lui manda qu'ils avoient été portez à Rome, & qu'ils faifoient par tie de laBibliotheque Vaticane. Il falut donc fe réduire aux Livres imprimez: mais le Duc eut foin d'en amaffer un fi grand nombre, & ils furent fi bien choifis, que de fon vivant la Bibliotheque deSedan fe trouva une des plus nombreuses & des mieux alforties qui fuffent alors.

Il eut été à fouhaiter qu'on eût confervé cette Bibliotheque dans fon entier; mais les changemens arrivez à Sedan depuis fa mort donnérent lieu à fa diffipation. C'eft ce qu'on reconnut en l'année 1671. dans laquelle Monfieur le Cardinal de Bouillon, depuis Doïen du SacréCollege,fon petit

fils, obtint du Roy, qu'elle lui feroit reftituée comme faifant partie des meubles de fa Maifon. Ceux qui furent envoïez à Sedan de fa part, n'y trouverent prefque plus de Manuf crits. La plupart des Livtes imprimez les plus curieux étoient égarez, ou perdus, ou en lieu dont on ne pouvoit plus les retirer de forte qu'on ne put apporter à Paris que les débris (pour ainfi - dire) de ce que le Duc de Bouillon avoit amaffé avec tant de foin&de dépenfe, Ils font aujourd'huy partie de la biblioteque de Monfieur le Cardinal de Bouillon, l'autre par-. tie eft composée d'un grand nombre de Livres qu'il avoit alors, & de la Bibliotheque du fameux AvocatGénéral Servin. Il y a ajoûté depuis la achetée curieufeBibliotheque de feuMonfieur ea 1c644 de Slufe Chanoine de l'Eglife Cathedrale de Liege, frere de l'illuftre & fçavant Cardinal de Slufe, & fi diftingué lui-même parmi les plus fçavans Hommes du dernier fiecle. Cette Bibliotheque fut léguée à Monfieur le Cardinal de Bouillon par un article exprès du Teftament de l'illuftre Mr. de Slufe, en datte du 5. Aqût 1684. Ce Teftament porte en termes exprès

*Elle fué

que M. de Slufe légue à Mr. le Car. dinal de Bouillon tous les livres qui compofent cette Bibliotheque, avec tous les manufcrits Grecs, Hebreux, Arabes, tous les inftrumens de Mathematique & toutes les Médailles qui en font partie. Il ajoûte qu'il prie Son Alteffe Eminentiffime d'agréer ce témoignage de la vénération qu'il a toûjours eûe pour elle. L'illuftre M, de Slufe mourut l'année fuivante le 19. de Mars 1685. A cette bibliotheque du fçavant M, de Slufe l'on a encore ajoûté depuis celle de M. l'Abbé d'Auvergne neveu de M. le Cardinal de Bouillon d'où il eft aisé de juger que cétteBibliotheque eftaujourd'hui l'une des plus nombreufes & des plus confiderables de Paris, du moins de celles qui appartiennent à des particuliers,

Le Duc de Bouillon n'étoit pas tellement occupé des foins que demandoient l'Academie qu'il avoit fondée, &laBibliothequedont on vient de parler, qu'il ne pensât encore à fortifier & à embellir la Ville de Sedan. Il en fit réparer les anciennes fortifications, il en fit faire de nouvelles, & il fournit les Arfenaux de tout ce qui étoit néceffaire pour la défense d'une Place

de la réputation dont Sedan étoit a lors. Les Princes de Sedan jufques à lui avoientlogé dans le Château; les bâtimens étoient fpacieux, mais trif tés & d'un abord difficile. Il fit bâtir une maifon commode fur un terrain d'une fituation plus gaïe, plus faine & d'un abord plus aisé. Il la sépara de la Ville & du Château par des foffez profonds & d'épaiffes murailles, en forte toutesfois que l'on communiquoit aisément à l'une & à l'autre.

L'affaire du rétabliffément de l'E-L lecteur Palatin étoit encore une de 1623. celles qui occupoient le plus le Duc de Bouillon. Il agiffoit fans ceffe par lui-même & par fes amis; mais la déference qu'on étoit obligé d'avoir pour les fentimens de Jacques I. Roy de la Grande Bretagne, beau-pere du Palatin, l'empêchoit d'agir avec toute la vigueur qui eût été néceffaire pour empêcher l'entiere ruine de fon eveu. LeRoy d'Angleterre avoit de onnes intentions; mais comme il Paimoit pas la guerre, & qu'il étoit turellement grand temporifeur, il flattoit toûjours de procurer le réabliffement du Palatin par la voïe de a négociation. Pour tirer leRoy d'An