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du Pleffis-Mornay. L'on attendoir fon retour lorfque le Prefident de Thou arriva de la part de la Regente. Le Prince deCondé qui comptoit fur le fuccès de fon Traité avec les Calviniftes, & qui se croïoit à la veille de fe voir à la tête d'un parti qui le mettroit en état de donner la Loy à la Cour, étoit d'avis de porter fi haut fes prétentions, que la Regente perdît l'efperance de finir cette affaire par un accommodement. Mais le Duc de Bouillon qui étoit mieux informé que lui des difpofitisns des Calviniftes, fut d'un autre fentiment. Il foutint dans le Confeil qui fut tenu à cette occafion, qu'il ne faloit ni conclure, ni rompre l'accommodement, avant que l'on eût fçû précisément le parti que prendroient les Calviniftes fur les propofitionsque Desmarais étoit chargé de leur faire. Tout le monde approuva cet avis. Ainfi tout ce que le Président de Thou put obtenir, fur que l'on fe rendroit de part & d'autre à Soiffons, & que la Regente y envoïeroit fes Commiffaires avec un plein pouvoir de traiter. Cet expédient fufpendoit toutes chofes ; l'on gagnoit du temps, & l'on n'en étoit

pas moins en état d'accepter ou de refufer l'accommodement.

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Le Duc de Bouillon penchoit à l'accepter. Deux motifs l'y portoient; l'un qu'il étoit perfuadé qu'on ne pou voit pas compter fur le fecoursdes Calviniftes; ou que quand même on l'obtiendroit, il arriveroit fi tard, que la Cour auroit le temps de les opprimer, ou que le Prince de Condé qui en étoit vivement follicité feroit fon accommodement particulier, & que les Seigneurs Mécontens feroient contraints d'en paffer par où il plairoit à la Regente. Un autre motif ne lui paroiffoit pas moins preffant. C'est qu'il ne convenoit point d'être armé pendant la tenue des Etats Généraux. Il prévoïoit que la Reine ne manqueroit pas d'y faire valoir les démarches qu'elle auroit faites pour amener les chofes à un accommodement raisonnable; que le refus qu'ils en auroient fait, & le renouvellement des Guerresciviles qui s'en feroit enfuivi, fuffiroient pour les rendre odieux à toute la Nation, & pour les faire déclarer Perturbateurs du repos public; qu'ainfi les Etats dont l'on n'avoit demandé la convocation que pour abaiffer l'au

Memoi

torité de la Regente & des Miniftres ne ferviroient qu'à l'affermir & à l'augmenter.

Čes confiderations parurent fi fortes au Duc de Bouillon, qu'il réfolut de porter le Prince de Condé & les Seigneurs Mécontens à un accommodement. Le retour de l'Envoïé du Prince de Condé au Duc de Rohan ne lui fit pas changer de réfolution quoiqu'il fût revenu accompagné d'une perfonne de confiance de ce Duc, envoïée exprès pour traiter des conditions aufquelles les Calvinistes fe déclareroient pour le parti des Mécontens. Le Duc de Rohan fe faifoit fort de les y porter; il n'eft pas bien certain qu'il en fût venu à bout s'il l'eût entrepris. Le Prince de Condé étoit alors à Sainte Menehould, Place du Gouvernement du Duc de

rès du Nevers qui s'en étoit faifi; il y tint Duc de Confeil fur les propofitions que le Rohan. Duc de Rohan faifoit faire

Liv. I.

par

fon

Envoïé. Le Duc de Bouillon y opina conformément aux vûës que l'on vient de rapporter. Son fentiment fut fuivi. On tint la déliberation fecrette, & l'on congedia l'Envoïé du Duc de Rohan avec de bonnes paroles; mais

l'accommodement qui fut conclu quelque temps après, en empêcha l'effet.

Le Duc de Bouillon tira un double avantage de cette négociation. Elle augmenta les mauvaifes difpofitions de la Regente pour le Duc de Rohan; elle détermina cette Princeffe à conclure au plûtôt l'accommodement avec les Mécontens. En effet le Duc de Bouillon aïant fait courir le bruit que le Duc de Rohan avoit offert au Prince de Condé huit mille Hommes de pied, & deux mille Chevaux; la Regente effraïée nomma le Duc de Ventadour, les Préfidens de Thou & Jeannin, Boiffife & Bulion Confeillers d'Etat pour aller à Soiffons traiter l'accommodement avec le Prince de Condé & les Seigneurs de fon parti.

L'an

Le quatorze Avril, les Conferences commencerent dans le Château 1614. de Soiffons. Le Prince de Condé & les Seigneurs Mécontens demanderent d'abord trois chofes ; que les Etats Généraux fuffent convoquez au plûtôt ; que le double Mariage fût differé jufques après la tenue des Etats; qu'on defarmât de part & d'au

tre. La convocation des Etats fut accordée fans difficulté ; la Regente l'avoit promise dans fa réponse au Manifefte du Prince de Condé. Il y eut de la conteftation fur le fecond article. Les Seigneurs Mécontens demandoient la furfeance du double Mariage jufques à la fin des Etats; les Commiffaires avoient ordre de ne l'accorder que jufques à la Majorité du Roy. On convint cependant fur cet article, par ce que les Commis faires firent remarquer qu'il ne s'agiffoit que de donner les apparences à la Reine, qui ne vouloit pas qu'il parût qu'on lui eût donné la Loy fur tous les articles propofez; mais qu'en effet le Prince & les Seigneurs avoient tout ce qu'ils prétendoient, puifque ou les Etats feroient affemblez avant la Majorité du Roy, ou que fi la Majorité les précedoit, le Roy ne partiroit pas pour aller recevoir l'Infante fur les Frontieres d'Efpagne, comme l'on en étoit convenu ου dans le temps que les Etats s'affembleroient, ou pendant qu'ils feroient affemblez; qu'ainti on pouvoit affurer que le Mariage feroit en effet differé jufques après la conclufion des

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