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vitez de venir au concile; ne fera-ce pas les tromper,fi on le diffout? Il n'y aura donc 14 3 x ,, plus de bonne foi parmi les hommes; on ne ,, pourra plus faire fonds fur aucune parole donnée, & l'on ne fe fiera plus à perfonne.. „Ajoûtez, faint pere, continue le cardinal ,, que toute la nobleffe d'Allemagne s'eft of ferte à faire marcher une armée très-puiffante, l'été prochain,contre les Bohémiens pourvû qu'on leur fourniffe trente mille écus. d'or. J'en ai écrit quatre fois à votre fainteté, fans aucune réponse: enfin je leur ai promis ,, cette fomme de la part du concile, & je les ai exhorté à l'exécution d'un deffein fi loüable, » pour lequel il faudroit vendre & croix & calices, afin de fournir auffi-tôt cette fomme, fans excufe & fans delai. Si la diffolution du concile fe permet, que deviendra ma promeffe? N'eft-ce pas commettre toute l'église avec les hérétiques, qui ne manqueront pas de fe prévaloir de nos détours & de nos fourberies? N'eft-ce pas donner l'épouvante aux Catholiques, & les forcer à prendre parti avec les hérétiques? N'eft-ce pas enfin irriter toute la nobleffe & toute la milice d'Al,, lemagne, qui fe voyant trompée, s'élevera contre le clergé,& decriera par tout fon avarice? Toute la faute, dit ce cardinal au pape, retombera fur vous, puifque vous n'avez pas répondu à mes lettres, par lefquelles je vous », priois d'envoyer du fecours à cette milice :: mais encore vous m'ordonnez de rompre le concile, duquel feul, j'ai lieu d'efperer, ce», que vous m'avez refufé; la foi & le falut des ,, ames, doit être préferé au temporel, & au ,, patrimoine de l'églife. Et quand il feroit cer" que vous dûffiez perdre Rome, & tout l'état ecclefiaftique, vous seriez obligez de sc

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courir les ames, pour lefquelles Jefus-Chrift

143 2.,, eft mort, plûtôt que vos fortereffes, & les murs de Vos villes.

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Enfin le cardinal Julien affure le pape Eugene dans la même lettre, qu'encore que peutêtre la celebration du concile ne dût point procurer tous les biens qu'on en efperoit, qu'on diroit néanmoins qu'ils feroient arrivez, s'il n'eût point été diffous. Il refute enfuite les raifons du pape pour la diffolution, & fe plaint des variations, & des paroles équivoques de ceux qui lui en avoient apporté les léttres. Il infifte plus fortement fur le danger évident du fchifme, affurant fa fainteté, que les peres du concile étoient fermes dans la réfolution de le continuer, lui expofant les raifons qu'on avoit eues d'improuver la bulle, dont il avoit chargé l'archevêque de Tarente, pour rompre le concile. L'examen de cette bulle fut fait des par perfonnes habiles & intelligentes, aufquelles ce cardinal la lut, pour tâcher de juftifier le pape, & de colorer fon procedé fous quelque prétexte fpécieux. Voici les raifons ou plûtôt les prétextes qu'Eugene alleguoit dans fa bulle, pour engager les peres du concile à fe retirer. I. Les perfecutions & les violences que quelques citoyens de la ville de Bafle, infectez de page Euge Ferreur des Bohémiens, exerçoient contre le rompre le clergé. Cette raifon fut declarée fauffe, parce qu'on avoit des preuves certaines, que les citoyens de la ville de Bafle étoient très-bons Labbe,con Catholiques,&bien intentionnez pourle clergé. sil. tom. II. Les guerres continuelles entre les ducs de Bourgogne & d'Autriche, qui ôtoient, difoitil, la liberté des chemins; mais on répondit, qu'il y avoit une tréve entre ces princes, & que perfo nne ne s'étoit encore plaint d'avoir couru quelque danger fur le chemin de Bafle

X I I.

Bulle du

ne, pour

concile

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237.

III. Son troifiéme prétexte étoit l'union des Grecs avec les Latins, qui ne permettoit pas, 1 43 2. felon lui, de précipiter le concile. Cette raifon fut declarée non-recevable, & même ridicule; parce que, difoit-on, il ne falloit pas permettre que l'Allemagne, dont la foi étoit alors bien établie, tombât dans l'héréfie des Bohémiens, pour un fujet auffi incertain, qu'étoit la réunion des Grecs avec les Latins, qui fe défaifoit auffi souvent qu'elle fe traitoit. Il y a trois cens ans, difoient les peres, qu'on nous rebat les oreilles de cette chanfon, & qu'on la renouvelle chaque année. IV. Il difoit qu'il vouloit affifter lui-même au concile; d'où il concluoit, qu'il falloit l'affembler en Italie. Mais cette raison fut jugée auffi frivole que les autres; parce qu'on ne croyoit pas qu'eu égard au danger, dont la foi & tout l'état ecclefiaftique étoient ménacez, le pape dût rompre le concile de Bafle, par la raison, qu'il ne pouvoit y affifter en perfonne, puifque fon legat y étoit prefent. Telles étoient les raifons qu'Eugene apportoit dans fa bulle, & aux réponfes qu'on y fit, on voit bien que fon autorité tomboit d'elle-même.

Se Conde

Pape Euge

Auffi le cardinal Julien, fans s'arrêter à cette x11 I bulle,écrivit au pape Eugene une feconde lettre, plus vive encore & pluspreffante que la premie- lettre dn rell lui reprefente d'abord la joie que lesBohé- cardinal Julien au miensont témoigne,lorfqu'ils ont oui parlerde la paix,& la difpofition où ils étoient de venirau ne. concile, pourvû qu'on leur donnât un fauf-conduit. Il lui montre enfuite l'avantage que rece- En Sylv. vroit fa réputation, fi quittant l'Italie, & le Fafcic. rer. foin des biens temporels de l'églife,dont il pou- ejus opera exp.& inter voit commettre l'administration à des vicaires, il fe rendoit au concile;,, parce que, dit-il, le veritable patrimoine de l'églife, c'eft de gagner,

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,des ames àDieu:l'église n'eft pas un affembla143 .,, ge de pierres & de murs: Jefus-Chrift ne vous ,, a pas établi pour garder des villes & des places fortifiées, mais pour être le pafteur des

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que

ames. Ce qui vous eft donc néceffaire, & ce qui fera plus agréable à Jesus-Chrift,c'est que ,, vous faffiez en perfonne ce qui regarde fon interêt; & le refte foit laiffé à des fubftituts.,, Il lui rappelle enfuite ce qui venoit de fe paffer enFrance, fur le bruit qui s'étoit répandu,qu'il vouloit diffoudre le concile;il lui reprefente comment les prélats de ce royaume allarmez de cette nouvelle, s'étoient affemblez à Bourges, par ordre du roi, le vingt-fixiéme deFévrier 1431. & que cette affemblée avoit déclaré que le concile de Bafle étoit légitime, & qu'il étoit néceffaire de le continuer en ce lieu fans interruption. C'étoit l'archevêque deLyon qui avoit mandé cette réfolution au concile & au cardinal, avec les motifs qui avoient porté Féglife gallicane à cette conclufion; & le cardinal dit au pape Eugene, qu'il ne-doutoit point qu'on ne lui eût déja envoyé une copie de ces motifs.Louis duMarets évêque de Lauzane, en avoit auffi reçu une copie d'un évêque qui avoit. été à l'affemblée de Bourges, & l'on croit que cet évêque eft le même archevêque de Lyon. Labbe, con Quel qu'il foit,il montre dans fa lettre ungrand cil. general dévouement au concile de Bafle: néanmoins il tom. XII. P. demande qu'on traite Eugene avec beaucoup de douceur,parceque c'étoit un pontife recomman dable, & qu'il étoit d'ailleurs difficile de bleffer le chef, & que les membres n'en reffentiffent point de mal!

978&

୨୨୫.

Les motifs principaux qui avoient animé l'afSpond. ad femblée de Bourges à parler fi fortement en faann. 1432. veur du concile de Balle, étoient, 1. Le grand

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progrès que Phéréfie des Bohémiens avoit déja

fait danstoute l'Allemagne.2.L'importance de réformer le clergé d'Allemagne,qui étoit plon- 143 2. gé depuis long-tems, dans une corruption univerfelle. 3.La facilité qu'on auroit de convertir les Bohémiens, s'ils fe rendoient au concile,ou de les reprimer, fi refufant d'y venir,on fe liguoit d'abord contre eux, & que toute l'église prit la défense de la verité contre leurs erreurs. 4. Le quatriéme motif, que fi après les avoir invitez avec tant d'inftance,de venir au concile ils refufoient de s'y rendre, on leur ôtoit du moins par-là tout fujet de fe plaindre des Catholiques, & de dire, qu'on les avoit condamnez, fans avoir voulu les entendre.

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Le cardinal Julien fçut donc fe fervir à propos du zéle de l'églife de France,contre le pape Eugene, pour défendre le concile de Bafle contre lui. Les reproches qu'il lui fait dans fa lettre au fujet des efforts qu'il faifoit pour le rompre, malgré les oppofitions de tant d'illuftres prélats, font vifs, mais juftes.,, N'eft-ce pas, lui dit-il, réfifter à la volonté de Dieu?Pourquoi fcandalifez-vous ainfi l'églife? Pour,, quoi irritez-vous ainfi le peuple chrétien,,? Il tâche de le détromper de l'erreur dont on l'avoit flatté, que le concile de Bafle n'étoit point legitime; ce qui favorifoit fort le deffein qu'il avoit de le rompre. La raifon que ce cardinal apporte,eft, qu'on ne peut douter de l'autorité du concile de Bafle,qu'on ne contefte en même tems celle du concile de Conftance; parce que P'un de ces deux conciles dépendde l'autre,comme l'effet dépend de fa caufe. Or jufqu'ici perfonne n'a revoqué en doute l'autorité du concile de Conftance,autrement la déposition du pa pe Jean XXIII. ne feroit pas cañonique; & f elle ne l'eft pas, il s'enfuivra que l'élection du pape Martin V.& d'Eugene IV.n'eft pas légiti

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