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étoient prêts de s'unir à l'églife, de la maniere dont tous les fidels chrétiens font unis felon la loi de Dieu, & d'obéir à tous les fuperieurs légitimes, pourvû qu'on leur permît d'obferver parmi eux ces articles; ils prient le concile d'expedier des lettres patentes pour ordonner à tous les primats, archevêques, évêques, rois, princes, & tous ceux qui leur font foumis, d'adherer aux décifions du concile, comme ils promettent d'y adherer eux-mêmes, & demandent qu'il foit fait défenfes de les traiter d'hérétiques, eux & ceux de leur parti, foit en public, foit en particulier, ou de les diffamer, de quelque autre maniere que ce foit, & de s'emparer de leurs biens pour tous, ou de quelqu'un de ces articles, & principalement le premier, qui eft, difent-ils, de précepte divin, jufqu'à ce qu'on ait pleinement examiné ces articles enfemble, & dans un efprit de paix, & qu'il y ait eu un accord mutuel.

1433.

ticles dans

une con

gregation.

rerum. De

Ces quatre articles furent donc examinez dans XLII. l'affemblée du feiziéme de Février; Roquefane Examendes parla fur le premier article pendant trois mati- quatre arnées entieres. Venceflas Thaborite en employa deux autres à parler du fecond article touchant la correction des péchez publics. Udalric prêtre parmi les Orphelins, parla auffi pendant deux In Fafcic. jours fur le troifiéme article, qui regardoit la li- vocatione bre prédication de la parole de Dieu; & Pierre Bohemorum Payne Anglois difcourut pendant trois jours fur per Orth. le quatrième article du domaine civil des clercs. Grat. Nous n'avons pas tous ces difcours des députez de Bohême, dans les actes du concile, mais feulement le rapport d'Eneas Sylvius, qui y étoit préfent, qui a fait un abregé fort clair,de la convocation des Bohémiens, de ce qui s'y paffa en leur faveur, & de ce qui y fut conclu. Ils laifferent au concile un précis de leurs difputes,& rendirent graces aux peres, de l'audience favorable

qu'ils leur avoient donnée. Cependant le con143 3. cile n'eut pas lieu d'être content des trois derniers députez, qui louerent beaucoup Wiclef & Jean Hus fur leur doctrine, jufqu'à les appeller des docteurs évangeliques, que l'église avoit condamnez il n'y avoit pas long-tems, & dirent plufieurs autres chofes peu agréables; mais le concile ne confultant que le bien de la paix, ne voulut point les interrompre.

XLIII.

aux Bohé

miens

P. 1013.

Cependant comme ce qu'ils avoient propofé Réponse meritoit une réponse, Jean de Ragufe, profef des peres feur en théologie, & procureur général des Dodu concile minicains, demanda à haute voix en pleine affemblée, qu'on lui accordât la liberté de répondre en fon nom au premier article. Le concile y Concil gen. confentit; & il parla fur ce fujet pendant huit tom. all matinées. Avant qu'il commençât, Jean abbé de Cîteaux exhorta les Bohémiens à fe foûmettre aux decrets de l'églife leur mere, que le concile repréfentoit; ce qui les offenfa beaucoup. Jean de Ragufe les irrita encore plus, parce qu'il employoit fouvent dans fa réponse les termes d'héréfie & d'hérétique, & Procope ne pouvant plus le fupporter, fe leva avec indignation, & fe plaignit hautement au concile de cette injure: peu s'en fallut même que tous les députez ne se Ibid pag. retiraffent de Bafle, & à peine pût-on les appaifer. Gilles Charlier,doyen de Cambrai,mit quatre jours à répondre au fecond article. Henri Kalteifen,Dominicain de Cologne, & depuis archevêque de Nidrofie en Norvege, répondit au troifiéme pendant trois jours; & Jean de Polemar, archidiacre de Barcelonne, & auditeur des caufes du facré palais, mit trois matinées à répondre au quatriéme article.

1159.

1349.

1364.

Les Bohemiens ne s'ennuyoient pas peu de la longueur de ces difcours, puifque le tour dura cinquante jours,au rapport de Cochlée,depuis le

feiziéme de Janvier jufqu'au fixiéme de Mars. Mais les réponses des Catholiques ne pouvoient 1 4 3 3.` être plus courtes que les propofitions des Bohémiens, que nous n'avons pas, & qu'on ne peut recueillir que des quatre difcours, par lefquels on leur répondit: & quoiqu'on l'eût fait d'une maniere très-folide & très-convaincante, les députez de Bohême foûtenoient toûjours opiniâtrement leurs articles, & le premier fur-tout; en forte que Roquez ane employa fix jours à réfuter le difcours de Jean de Ragufe: & comme on voyoit que la difpute s'échauffoit, & que la XLIV. paix & l'union s'éloignoient, bien loin de s'ap- Réfolutio procher,Guillaume duc de Baviere protecteur du de députer Concile, propofa de traiter l'affaire à l'amiable, fans difpute; on députa de part & d'autre pour parler de paix. Les députez s'affemblerent l'onziéme de Mars, & l'avis de ceux du concile fut qu'il falloit que les Bohémiens fe réuniffent contre les differentes fectes qui étoient parmi eux afin de tacher de les accorder, & de n'avoir plus que la même foi & les mêmes fentimens.

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en Bohême

Les Bohémiens ayant déliberé quelque tems fur cet expedient, ne le trouverent pas propre procurer l'union, à moins qu'on ne convînt auparavant de part & d'autre des quatre articles; qu'autrement on fe rendroit ridicule, fi étant déja unis on fe trouvoit d'une opinion differente fur la décision de ces articles. A quoi quelquesuns leur répondirent, que fi l'on étoit veritablement & fincérement unis, on conviendroit aiféAneas Syl. ment de tout le reste. Mais c'étoit, dit Æneas vius, hift. Sylvius,parler à des fourds; puifque les trois dé- Bohem. c. putez qui avoient défendu les trois derniers arti- 50. cles, ne ceffoient de difputer contre ce qu'on leur avoit répondu. C'eft ce qui engagea le car- du cardinal dinal Julien préfident du concile, à faire aux Julien aux Bohémiens un difcours, dans lequel il leur re- Bohémiens.

XLV.

Difcours

tom. XII.

montroit, que n'ayant propofé que quatre arti1433. cles, ils n'ont pas laiffé d'inférer beaucoup d'autres dogmes fur lefquels ils ne penfent pas comLabbe,conc. me les Catholiques. Il leur rappella ce qu'avoit pag. 894. dit Wenceftas touchant Wiclef, qu'il avoit appellé un docteur évangelique. Si vous le croyez evangelique, dit ce cardinal, il faut que vous regardiez les fentimens comme catholiques. Que fi vous ne le croyez pas, il feroit juste que cela nous parût hors de doute. Nous vous conjurons donc de nous apprendre ce que vous Croyez, & qu'à chaque article qu'on vous propofera, vous répondiez par ces mots, Nous le croyons, ou nous ne le croyons pas. Nous vous offrons de répondre de même fur toutes les demandes que vous nous pourrez faire. Les députez de Bohême répondirent qu'ils étoient venus feulement pour propofer leurs quatre arti-cles, non pas tant en leur propre nom, qu'en celui de tout le royaume de Bohême;& ils n'en dirent pas davantage. Le concile voyant que toutes les propofitions qu'on faifoit, ne plaifoient point aux Bohémiens, & qu'ils vouloient s'en rétourner, résolut de les laiffer partir, & d'envoyer avec eux à Prague une célébre ambaffade, , pour fe trouver à l'affemblée du peuple de Prague, qu devoit fe tenir le jour de la Trinité, feptiéme de Juin de cette année.

XLVI.

Ces députez partirent le quatorziéme d'ADépart des vril: ils étoient dix; fçavoir, Philibert évêque députez du de Coutances en Normandie, Pierre évêque concilepour d'Aoft, Jean de Polmar, archidiacre de Barce

Prague.

lone, Frederic Prafperger, prevêt de Ratisbonne, Gilles Charlier, doyen de Cambrai, Alexandre Sparur, jurifconfulte Anglois, Thomas Hafelbach, théologien de Vienne, Henri Tocgius, chanoine de Magdebourg, Martin Bernier, doyen de Tours, & Jean Gelhufias, religieux de

Montbrun,

Montbrun. Is reçurent beaucoup d'honneurs fur le chemin, tant de la part des Catholiques 1433. que des Bohémiens, & fur-tout de ceux de Prague, lorfqu'ils y arriverent.

XLVII

feilion du concile Laobe Con.

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On tint la neuviéme feffion du concile le jeudi vingt-deuxième de Janvier. L'assemblée pour Neuv.cine reconnoître le zéle & l'affection que Sigifmond lui avoit marquée, & la protection qu'il lui avoit accordée contre toutes les tentatives d'Eugene, cil. to XII. voulut à fon tour le mettre fous fa protection, & l'affurer contre toutes les cenfures & excommunications que le pape auroit pû prononcer contre lui, c'eft ce qu'elle fit en déclarant dans cette feffion, que tout ce qu'Eugene feroit, ou tenteroit contre lui, feroit nul, & de nul effet. On fit la même déclaration en faveur du duc de Baviere, & de tous les autres protecteurs du concile.

promo

XLVIII.

Dixiéme

Bafle.

વાર

Labbe conc.

tome XII.

p. 501. &

503.

Le dix-neuviéme de Fevrier fut tenuë la dixiéme feffion. Le terme de foixante jours donné feffion à Eugene pour révoquer la diffolution qu'il a- concile de voit faite du concile étant expiré, les teurs demanderent qu'il fût condamné comme contumace, à cause de son obftination. Quarante-fix prélats fe trouverent dans cette feffion avec cinq cardinaux, trois prêtres & deux diacres; & après qu'on eut lû l'accusation de contumace portée contre le pape, le cardinal Julien préfident prit la parole, & dit, que le concile ayant entendu le rapport fait par les évêques, & leur demande, il étoit à propos de nom→ mer des juges pour voir & examiner la procedure faite contre le pape Eugene, & rapporter leur avis dans une congregation generale. Les peres après avoir déliberé fur la déclaration de la contumace, approuverent cet avis, & on remit à regler cette affaire une autre fois.

Le but du cardinal Julien étoit de faire en-
Tome XXII.

C

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