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ritime, ou bien Boulogne, ou Milan, ou toute autre ville qu'on voudroit choifir en Italie ou en Savoye (entendant par-là le Piémont, parce que les Grecs ne vouloient point paffer les Alpes.) Que fi on vouloit quelque ville hors l'Italie, ce ne pourroit être que Bude en Hongrie, ou Vienne en Autriche: Que les peres de Bafle feroient obligez de fe rendre au lieu affigné, un mois après qu'il feroit choifi: Que l'empereur auffi s'y rendroit avec les patriarches, les métropolitains, les évêques, & les députez de ceux qui n'y pourroient venir : Que le concile défrayeroit l'empereur, les patriarches & leur fuite, jufqu'au nombre de fept cens perfonnes, durant leur voyage, leur demeure & leur retour: Qu'il donneroit huit mille ducats pour fournir aux frais de l'affemblée du clergé grec qu'on devoit tenir à Conftantinople, pour l'élection des députez qui viendroient au concile ; & dix mille ducats, avec trois cens hommes,& quelques galeres pour la défenfe de la ville, durant l'abfence de l'empereur, auquel on rendroit par tout,auffibien qu'aux patriarche & aux évêques grecs,les mêmes honneurs qu'on avoit accoutumé de leur rendre avant le fchifme, fauf néanmoins en tout les droits & les privileges du pape, de l'églife Romaine, & de l'empereur d'Occident.

1434.

ХСІХ.

Les am

Ce traité fut folemnellement approuvé & confirmé dans la dix-neuviéme session du feptiéme baffadeurs de Septembre, dans laquelle les ambaffadeurs grecs font grecs furent reçus avec beaucoup d'honneur. Ils reçus au concile, & y préfenterent la lettre de l'empereur leur maî- leur traité tre, par laquelle ce prince s'engageoit de tenir confirmé. tout ce dont on conviendroit de part & d'autre, Labbe conc & celle du patriarche Jofeph, qui témoignoit tom xit. aux peres du concile la joye qu'il avoit de voir P. 541. & qu'ils fouhaitoient la paix & l'union des deux tom. xit. églifes. Pour affermir davantage les articles dont Aug. Pa

in actis

tricii.

on venoit de convenir, les Grecs demanderent 1 4 3 4. que le pape les confirmât. On députa donc vers Eugene un chanoine d'Orleans nommé Simon Freyron, pour le prier de joindre sa confirmation à celle du concile. Auguftin Patrice dit qu'Eugene parut furpris, qu'on eût tout reglé fans l'avoir confulté auparavant,& qu'il regar

C.

Decret du conciletou

Labbe, Con

cil to. XII, p. 547.

da cette conduite comme une nouveauté : cependant il ne laiffa pas de donner fa confirmation, pour ne point troubler le concile, quoiqu'il lui femblât plus commode d'envoyer fes légats à Conftantinople, fuivant fon premier avis

On fit dans la même feffion dix-neuviéme un decret touchant les Juifs & les Infideles,pour les chant les contraindre d'entendre la parole de Dieu, afin Juifs. qu'on pût travailler plus efficacement à leur converfion ; & pour y réüffir plus aifément, on exhorte les ordinaires d'envoyer des perfonnes ha biles pour prêcher dans les lieux où il y a des Juifs & des Infideles ; & afin qu'il s'en trouve de capables de cette fonction,l'on ordonne que fuivant la conftitution du concile de Vienne, touchant la néceffité d'enseigner les langues; il y auroit dans les univerfitez deux profeffeurs des langues hébraïque, arabe,grecque & chaidéenne. On renouvella tous les anciens decrets touchant la converfion des mêmes Juifs; on défendit de communiquer avec eux, ni de leur vendre ou engager des livres d'église, des lices, des croix, ou d'autres ornemens d'églife. On ordonna qu'ils porteroient un habit particulier qui les pût diftinguer, & qu'ils demeureroient dans des lieux féparez, autant que faire fe pourroit. On accorda à ceux qui fe convertiroient, de retenir les biens qu'ils avoient acquis par ufure, pourvû qu'on ne connût point ceux à qui ils devoient être reftituez. On exhorta fort les Chrétiens & les Catholiques à

ca

affifter ceux qui quitteroient le judaïfme, & on leur défendit d'enterrer les morts felon les cé- 14 34. remonies des Juifs. En un mot on n'oublia rien des mesures qu'il falloit prendre pour l'inftruction & la fubfiftance des nouveaux convertis, ordonnant que ce decret feroit publié tous les ans dans les églises, afin que perfonne ne pût l'ignorer.

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CI Suite des

Bohémiens.

Cochlée

En Bohême le baron Maynard seigneur de Maison-Neuve, toûjours animé du défir de délivrer sa patrie du joug de Procope le Rafe, fous affaires des lequel elle gemiffoit, & des maux funeftes qui en étoient la suite, faifoit beaucoup de menées secretes pour groffir fon parti : il entretint plu- bift. Huffit. fieurs fois les députez du concile de fon deffein, lib. 8. & ceux-ci lui promirent de le feconder. Sur cette affurance Maynard tenta l'entreprife, dont il ne voyez plus voulut pas néanmoins fe déclarer chef, parce haut n. 641 que connoiffant qu'il y avoit en Bohême des maifons plus anciennes que celle dont il étoit forti, il apprehenda de leur donner de la jaloufie. Il y avoit un gentilhomme nommé Wiffembourg iffu de la meilleure de ces maisons, mais très-pauvre, Maynard l'avoit affifté pendant plufieurs années, ce qui l'avoit rendu fort foumis ; & comme il n'avoit point d'autre talent pour la guerre, que celui d'obéir exactement; il jetta les yeux fur lui, & lui donna le titre de general, pendant qu'il en retint l'autorité. May- P. 452. nard ayant pris toutes ces mefures, engagea la ville de Pilfen à commencer la révolte. Les Thaborites & les Orphelins fe mirent auffi-tôt en campagne pour la recouvrer; Procope le grand avec un autre furnommé le petit Procope Divifion en formerent le fiege après la jonction de leurs entre les troupes. Mais ils furent interrompus dans la gouverplus grande ardeur du fiege, par la querelle qui deux vilies s'éleva entre Roquezane qui commandoit dans de Prague

Naucler. gener. 48.

CII.

neurs des

l'ancienne Prague pour les Taborites, & Loup 1 4 3 4. dans la nouvelle pour les Orphelins; cette querelle caufée par la jaloufie, alla fi avant que les deux villes de Prague fe cantonnerent l'une contre l'autre.

CIII.

Les Ca tholiques

fe rendent maîtres des

deux Pragues.

Maynard averti de ce déforde, ne manqua pas d'en profiter. Il s'avança vers l'ancienne Prague, battit les Thaborites déja fort preffez par les Orphelins, & se rendit maître de la ville. Cette nouvelle déconcerta les Procopes, qui leverent auffi-tôt le fiege de Pilfen, & ce qui acheva de les accabler, fut d'apprendre que Maynard en même-tems avoit pris d'affaut la nouvelle Prague. Ils voulurent la recouvrer avant que les Catholiques euffent achevé de s'y fortifier. On leur parla de paix; mais ils répondirent qu'ils ne pouvoient traiter avec honneur, jufqu'à ce que les Catholiques leur euffent rendu Prague, & tiré de Pilfen les hommes & les munitions qu'ils venoient d'y jetter. Ces deux conditions parurent fi ridicules aux Catholiques, qu'ils demanderent d'être menez à Les Bohé l'heure même contre les Huffites; & Maynard miens per profitant de leur ardeur pourfuivit l'armée Hufdent la ba- fite, qui s'étoit retranchée dans fon camp: on deux Pro- força les retranchemens, la confuffion fe mit copes font parmi les foldats, le combat dura plus de quatre heures, & le grand Procope y fit des efforts fi extraordinaires que les Catholiques fe virent plus d'une fois fur le point de perdre la victoire ; In append. inais un coup de lance le renverfa mort, & fit perdre courage à fon armée. Le petit Procope Bafil art eut auffi la tête fenduë d'un coup de fabre, ce qui 108&feq. obligea fon Lieutenant Coapchon de fe retirer concil. P. dans la ville de Colnitz, avec ce qui lui reftoit de cavalerie Huffite. Cette victoire fut remportée le dimanche dans l'octave du S. Sacrement: & on la fit fçavoir au concile, à Sigifmond & aux

CIV.

taille, & les

tuez.

Naucler.

gener. 48.

453

I. conc.

tom. XII

Labbe

autres fideles, parce qu'elle les interessoit tous. I 43 4. Maynard flatté par ces premiers avantages,au lieu de s'amufer à poursuivre les fuïards, acheva de fe rendre maître du camp ennemi, & contraignit tous ceux qui reftoient à se rendre à difcretion. L'armée victorieuse s'affembla pour déliberer fur ce qu'on en feroit; & comme on étoit prêt à les renvoyer la vie fauve, Maynard remontra que la clemence étoit hors de faifon, que la plupart des vaincus étoient nez dans l'armée Huffite, qu'ils ne fçavoient point d'autre métier que la guerre, qu'il s'en falloit donc abfolument défaire, puifque rien n'étoit fi dangereux pour la monarchie de Bohême, que de faiffer vivre tant de foldats aguerris; & qu'on ne feroit jamais en fûreté, tant qu'on donneroit retraite à plus de vingt mille hommes accoûtumez à tuer, à violer, & à piller en toutes occafions: que fi on les laiffoit vivre ensemble, ils éliroient un chef, & renouvelleroient la guerre; & fi on les diftribuoit dans les villes & dans les villages, ils y corromproient la bourgeoifie & les paifans. Ces remontrances changerent l'inclination des Catholiques, & les porterent à consentir que l'infanterie Huffite fût exterminée; mais ils en laifferent le foin à Maynard, qui s'en acquitta avec beaucoup de difcernement.

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C v. Artifices dont on fe fert pour

Il fçavoit qu'il y avoit parmi les vaincus un affez grand nombre qui ne s'étoient engagez fuivre l'armée Huffite, que par le feul motif de porter les armes, & ceux-là, il les regarda achever la comme innocens, & fe fit un fcrupule de les ruine des confondre avec les coupables. Mais il ne vou- Huffites. loit pas que l'on s'apperçût de fon deffein ; & pour cet effet, voici l'artifice dont il ufa. Il fit publier dans un quartier du camp où l'on tenoit renfermez les fantaffins Huffites, que la

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