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raifons ce Mariage auroit dû fe faire; cepen-: dant, quelque tendreffe qu'euft Louis XI. pour cette fille bien aimée, au lieu de lui procurer un avantage si visible, qui dans la suite l'euft fait Reine, il aima mieux qu'elle époufaft le Sire de Beaujeu.

Quoi qu'on en fuft furpris; on le fut bien plus quand, peu de tems après, Loüis maria fa feconde fille, toute diforme qu'elle eftoit, au Duc d'Orleans beau & bien fait. Ce Prince fans doute l'euft refusée, si ses amis n'euffent eu peur qu'il ne lui en euft coufté la vie. Ce fecond Mariage fut d'autant plus defaprouvé, qu'il ne pouvoit en venir d'enfans, tant la femme eftoit contrefaite. Le fort du Duc fit compaffion; la pitié lui fit des amis : il fe forma dès-lors deux Partis, l'un en fa faveur, l'autre pour le Sire de Beaujeu, avec cette difference qu'on n'euft ofé ouvertement offrir fes fervices au Duc; autrement que n'auroiton point eu à craindre de la colère de Louis XI. qui, fans faire inftruire de procès & fans garder aucune forme, faifoit jetter à la riviere ou expédier fecretement les gens qui lui réfiftoient? La Cour néanmoins ne laiffa pas de fe partager; ceux qui, voyant Loüis XI. vieux & le Dauphin foible & infirme, croyoient que le Duc d'Orleans viendroit bien-toft à la Couronne, prirent des liaisons Bij

avec

PREND LE

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avec lui; d'autres en prirent avec le Sire de Beaujeu, dans la penfée que le Roi n'eftoit pas pour mourir fi-toft ; & qu'en cas qu'il vint à mourir, Beaujeu auroit tout crédit dans le bas âge du jeune Roi.

D'AMBOISE Dans cette conjoncture, les d'Amboise, en PARTI DE habiles gens, pour s'affurer de la fortune, de D'ORLEANS, quel cofté qu'elle tournaft, prirent parti de CONTRE LA Cofté & d'autre : les uns, comme l'aifné, deBEAUIEU, meurérent atachez au Roi & à fon Gendre: CHARLES bien-aimé ; d'autres fe donnérent au Duc

DAME DE

SOEUR DE

VILL

Le 30. Août 1483.

d'Orleans, entr'autres l'Evefque de Montau ban. Le Duc & l'Evefque avoient de la difpofition à devenir intimes amis. Mesme humeur, mesmes inclinations, mesme âge, à peu de chofe près. D'Amboife avoit trois ans. de plus. Leur commerce fut fecret jufques à la mort de Louis XI. & ne produifit autre chofe, que d'affermir de plus en plus le jeune Evefque de Montauban, dans la volonté qu'il avoit de rendre au Duc, dans l'occafion, tous les fervices qu'il pourroit.

Louis XI. mort, Charles VIII. fon Succeffeur, eftant tout-à-fait enfant, de mine, d'efprit & de forces, il y eut grande difpute à qui gouverneroit fous lui. Son Pere avoit ordonné avant que de mourir, que ce feroit le Sire: de Beaujeu & la Princeffe son Epouse; mais ni la Reine-Mere, ni le premier Prince du Sang,

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qui estoit le jeune Duc d'Orleans, ne vouloient point y confentir : la Reine-Mere fouftenoit que c'eftoit à elle que la Régence apartenoit le Duc au contraire prétendoit que c'eftoit à lui à juger la conteftation, par ce qui s'eftoit pratiqué fous les trois Races de nos Rois dans les tems de Minorité, le droit de la Reine-Mere eftoit le plus aparent; tous les exemples eftoient pour elle : mais comme cette Princeffe, que le Roi fon mari avoit toûjours tenuë éloignée de la Cour, estoit valétudinaire, & que d'ailleurs elle n'avoit, ni parti formé, ni affez de crédit & d'industrie pour en faire un, fon reffentiment s'exhala en reproches, plaintes & menaces. Elle mourut, à la peine de fe faire rendre justice, avant que les Estats de France, qui estoient indiquez à Tours, euffent décidé la queftion.

י

Le 1. Décembre

1485.

ASSEMBLEZ

La Dame de Beaujeu, fon Mari, & le Duc d'Orleans, firent leur brigue dans les Estats ;. le Duc n'aiant que vingt & un an, la Dame de Beaujeu n'aiant qu'une année de plus ; l'um ni l'autre, felon les loix, n'euft pû adminif- LES ESTATS: trer fon bien fans le confeil de fon Tuteur; A TOURS, cependant l'un & l'autre aspiroit à gouverner GOUVERNEl'Eftat. Un troifiefme Concurrent eftoit le MENT PENDuc de Bourbon, qui aiant épousé une des BAS AGE DE Tantes du jeune Roi, demandoit auffi la Ré- VII1. gence. Pour les mettre d'accord, elle ne fut donnée

REGLENT LE

DANT LE

CHARLES

donnée à perfonne. Les Eftats arreftérent qu'il n'y auroit point de Régent; que tout se feroit au nom du Roi ; qu'il feroit Sacré au plustost; que la Dame de Beaujeu auroit foin de son éducation, & que les affaires d'Eftat fe régleroient dans un Confeil, où pourroient préfider les Ducs d'Orleans & de Bourbon. Bour-. bon s'en tint là; d'Orleans mécontent, euft éclaté dès-lors, files gens qui le gouvernoient, ne lui euffent fait entendre, qu'avant que d'en venir-là, il estoit à propos de rendre fon parti plus fort. Ses amis en concertérent les moyens; & comme l'Evefque de Montauban eftoit, dès ces premiers tems, un de ses plus zélez Partisans, il fe chargea avec plaifir d'inspirer au jeune Monarque, qu'il`avoit Hiftoire de l'honneur d'aprocher à toutes les heures de la Louis XII. journée, de lui infpirer, dis-je, autant d'inlais, in 4. clination & d'eftime pour le Duc d'Orleans, de haïne & d'indignation contre la Dame, de Beaujeu.

P. SI.

CIVILE DE

ATTIRE

LES TROU.

que

LAGUERRE Tout le préparoit à une rupture; ces diviBRETAGNE fions & les troubles de Bretagne en eftoient DANS CETTE un augure feur. François II. Duc de Bretagne, PROVINCE Prince voluptueux & leger, estoit tout-à-fait gouverné par un nommé Landais, qui de GarTIS , QUI çon Tailleur étoit devenu en peu de tems VaEN FRANCE. let de Chambre du Duc, miniftre de fes plaifirs; enfin fon Premier Miniftre d'Eftat. Nous

PES DES

DEUX PAR..

REGNOIENT

l'avons

l'avons déja dit, les affaires plus ou moins grandes, élevent plus ou moins le cœur & l'efprit. Landais n'étoit point indigne de cette grande place; il avoit au contraire tous les talens pour la remplir; & s'il fe fust bien ménagé, il y auroit acquis une haute réputation & l'eftime de toute l'Europe; mais autant qu'il estoit agréable au Duc, autant par son infolence; fa cruauté, fa tyrannie, s'eftoit - il rendu odieux à tous les Seigneurs du Païs ; fi fort, que quelques-uns des plus diftinguez, par le mérite & par la naissance, allérent pour fe faifir de lui jufques dans l'apartement du Duc. Landais n'y eftant point; le Duc effraïć crût que c'eftoit à lui-mefme que les Conjurez en vouloient. Le coup manqué, Landais, plus infolent & plus furieux que jamais, déchaifna contre les Seigneurs toute l'authorité du Duc & les fit condamner à perdre la vie &

les biens.

Cette fcéne s'eftant paffée dans le tems que les Eftats de France eftoient affemblez à Tours, le Duc & les Seigneurs y firent demander du fecours : le Duc en demanda à fon coufin le Duc d'Orleans; les Mécontens en demandérent à la Comteffe de Beaujeu. Le Duc d'Orleans courut raffurer fon Parent & promit de maintenir Landais, Landais de fon cofté s'engagea de fournir de l'argent & des

Troupes

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