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donnée à personne. Les Estats arrestérent qu'il n'y auroit point de Régent; que tout se feroit au nom du Roi ; qu'il feroit Sacré au plustost; que la Dame de Beaujeu auroit foin de fon éducation, & que les affaires d'Eftat se régleroient dans un Confeil, où pourroient présider les Ducs d'Orleans & de Bourbon. Bourbon s'en tint là; d'Orleans mécontent, eust éclaté dès-lors, files gens qui le gouvernoient ne lui eussent fait entendre, qu'avant que d'en venir-là, il estoit à propos de rendre son parti plus fort. Ses amis en concertérent les moyens; & comme l'Evefque de Montauban eftoit, dès ces premiers tems, un de fes plus zélez Partisans, il fe chargea avec plaifir d'infpirer au jeune Monarque qu'il avoit Hiftoire de l'honneur d'aprocher à toutes les heures de la Louis XII. journée, de lui infpirer, dis-je, autant d'inlais, in 4. clination & d'estime pour le Duc d'Orleans, que de haïne & d'indignation contre la Dame, de Beaujeu.

par S. Ge

P. SI.

CIVILE DE

ATTIRE

LES TROU

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LAGUERRE Tout le préparoit à une rupture; ces diviBRETAGNE fions & les troubles de Bretagne en estoient DANS CETTE un augure feur. François II. Duc de Bretagne, PROVINCE Prince voluptueux & leger, eftoit tout-à-fait gouverné par un nommé Landais, qui de GarTIS, QUI çon Tailleur étoit devenu en peu de tems VaEN FRANCE. let de Chambre du Duc, miniftre de fes plai-. firs; enfin fon Premier Miniftre d'Eftat. Nous

PES DES

DEUX PAR..

REGNOIENT

l'avons

A

l'avons déja dit, les affaires plus ou moins grandes, élevent plus ou moins le cœur & l'efprit. Landais n'étoit point indigne de cette grande place; il avoit au contraire tous les talens pour la remplir; & ́s'il se fust bien ménagé, il y auroit acquis une haute réputation & l'eftime de toute l'Europe; mais autant qu'il eftoit agréable au Duc, autant par son insolence, fa cruauté, fa tyrannie, s'eftoit- il rendu odieux à tous les Seigneurs du Païs; fi fort, que quelques-uns des plus diftinguez, par le mérite & par la naissance, allérent pour Te faifir de lui jufques dans l'apartement du Duc. Landais n'y eftant point; le Duc effraïć crût que c'eftoit à lui-mefme que les Conjurez en vouloient. Le coup manqué, Landais, plus infolent & plus furieux que jamais, déchaifna contre les Seigneurs toute l'authorité du Duc & les fit condamner à perdre la vie &

les biens.

Cette scene s'estant paffée dans le tems que les Eftats de France eftoient affemblez à Tours, le Duc & les Seigneurs y firent demander du fecours : le Duc en demanda à fon coufin le Duc d'Orleans; les Mécontens en demandérent à la Comteffe de Beaujeu. Le Duc d'Orleans courut raffurer fon Parent & promit de maintenir Landais; Landais de fon cofté s'engagea de fournir de l'argent & des

Troupes

demanda, avec menaces, qu'on fist justice de ce Tyran. Le Duc contraint de le livrer, eut beau dire qu'il lui faifoit grace de quelque crime que ce fuft; le Procès inftruit fur le champ, Landais ateint & convaincu de meurtres & de concuffions, fut pendu quelques heures après, nonobstant la grace du Duc. Belle leçon, pour les gens que la fortune éleve, de mieux ufer de fes faveurs, que n'avoit fait ce trop orgueilleux Favori.

non

Quelque proteftation que fift faire le Comte de Dunois, la Dame de Beaujeu n'en fut pas moins persuadée, qu'il n'étoit revenu fans ordre que pour cabaler contre elle. L'embaras de cette Princeffe eftoit d'éventer les deffeins du Comte & de fçavoir qui eftoit du complot; du reste aiant de bonnes Troupes & de l'argent pour les bien païer, elle eftoit en eftat, feulement de ne rien craindre de quelques ennemis que ce fuft, mais de faire retomber fur eux l'orage qui la menaçoit. Les inquiétudes de la Régente (on peut bien l'apeller ainfi, puifque, fans en porter le nom, elle en avoit tout le pouvoir) n'eftoient point de fausses allarmes. Il y avoit un complot qui alloit à la ruïner fi elle ne l'euft découvert à tems.

L'Evefque de Montauban, qui s'eftoit infinué dans les bonnes graces du jeune Roi, l'ayoit enfin difpofé à fe laiffer enlever, pour le

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EST ARRES

AVOIR PER

LAISSER EN

JANVIER

lais in 4. P.

tirer, disoit-il, du honteux esclavage où le D'AMBOISE tenoit la Dame de Beaujeu. Le Roi y avoit TE' POUR confenti; & fur l'avis que le Prélat en donnoit SUADE A U au Comte de Dunois & à autres de l'intelligen- ROIDE SE ce, la chofe fe feroit executée, fi l'homme LEVER, EN chargé de ces lettres, au lieu de les rendre à 1478.S.Geleur adreffe, n'euft efté, pour faire fa fortune, 57. Jaligni (il fe doutoit de quelque chofe) les prefenter p. 23. 120. à la Régente. Cette infidélité fit échouer la & 121. Confpiration; d'Amboise fut arresté, avec son frere de Buffi, Pompadour Evefque de Périgueux, & le célébre de Comines, qui a fi bien efcrit l'Hiftoire de Louis XI. Comines fut mis dans une cage, & y demeura près de huit mois; les Evefques furent traitez moins mal, & Bussi mieux que les Evefques.

,

D'Amboife interrogé, d'abord par les Offi- Ibid. ciers de la Métropole de Tours, enfuite par des Commiffaires choifis dans le Parlement, s'il n'eftoit pas des Conjurez, & s'il n'avoit pas concouru autant qu'il eftoit en lui, à faire enlever le Roi, répondit avec fermeté, qu'il n'avoit rien fait que par ordre, & qu'il s'en raportoit à ce que le Roi lui-mefme en diroit. Cette réponse rendoit le Procès fi difficile qu'on ne fongea plus à l'inftruire. En effet, que dire & que faire à un homme qui parloit ainfi, & comment le punir comme complice d'un forfait dont le Roi, qui avoit déja dix

Cij Lept

fept à dix-huit ans, eftoit le premier coupabie? D'Amboife fut plus de deux ans en prifon, refferré plus ou moins, felon que les affaires du Duc d'Orleans alloient bien ou mal, & felon que la Dame de Beaujeu eftoit plus ou moins aigrie, par les raports qu'on lui faifoit de l'un & de l'autre. La plus grande peine de d'Amboife, à ce qu'il difoit depuis, foit pour faire: fa cour, foit qu'en effet cela fuft vrai, (car) il eftoit homme franc & fincere) eftoit moins d'eftre prifonnier, que de ne pouvoir concourir que de fes vœux & de fes prieres à la profpérité du Duc. On ne peut dire combien il lui eftoit attaché..

Le Duc d'Orleans bien averti par fes amis,, qu'il y avoit ordre de l'arrefter s'il venoit à la Cour où il eftoit mandé, s'en eftoit enfui en Bretagne, après y avoir fait filer toutes fes Troupes par pelotons. Il en avoit de bonnes,, Infanterie & Cavalerie, que fes amis avoient levées fecretement. Un fi puiflant renfort joint aux Troupes du Duc de Bretagne, compofoit une armée d'élite & capable de tenir

tefte à l'Armée Roïale de France...

Depuis que, pour venger le malheureux Landais, le Duc de Bretagne eut pris les armes contre fes principaux Vaffaux, cette Province autrefois si riche, tant qu'elle avoit esté en paix, eftoit le théâtre de la guerre, guerre

cruelle

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