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IL VAJOIN
DRE LE DUC

IN ITALIS

PAKT A LA
BONNE OU
MAUVAISE

FORTUNE DE

leur inclination, ou leur intéreft; & qui,, pourvû qu'ils aient de bonnes intentions, croient pouvoir négliger ce qui eft de devoir, pour faire ce qui n'en eft pas; mais d'autres perfonnes de bon fens, & qui, fans affecter un air févere & de réforme, n'en avoient pas moins de droiture, lui aiant fait connoiftre, qu'en demeurant attaché au Duc, il pouvoit procurer, à l'Eglife & à l'Eftat, un bien fans comparaifon plus grand & plus eftimable, que ne feroit le peu de bien qu'il feroit dans fon Diocèfe, il le laiffa enfin perfuader qu'il pouvoit, en toute feureté, fuivre le plan qu'il

s'eftoit fait.

D'Amboife joignit le Duc affez à tems, D'ORLEANS pour avoir part à la victoire de ce Prince. On ETA GRAND avoit équippé à Génes une Flotte confidérable, pour attaquer Naples par mer, ou pour tenir du moins cette Ville bloquée, tandis CA PRINCE. qu'on l'affiégeroit par terre. La Flotte preste, le Duc alla à Génes pour la commander, & fur l'advis qu'il y reçeut, il mit auffi-toft en mer. L'Armée Navale Napolitaine, venoit vers Génes à pleines voiles & avoit jetté mille hommes à terre, croiant furprendre cette ville, d'intelligence avec des Traiftres qui avoient promis de la livrer.

Le Duc rangeant la Cofte avec l'Admiral, Vaiffeau d'une prodigieufe grandeur, & mon

té d'une Artillerie, la plus belle & la mieux fervie que l'on eut vûë en Italie, foudroïa à coups de canon, les Troupes qui avoient débarqué, & les chaloupes & bateaux plats qui les avoient portées à terre; puis s'avançant, le vent en pouppe, avec une groffe Escadre, vers la Flotte des Ennemis, il brufla ou coula à fonds, dans un petit Port du voisinage, une partie de leurs Vaiffeaux & mit les autres en fuite. Cette victoire, remportée à l'ouverture de la Campagne, & contre l'attente de tout le-monde, épouventa fi fort les plus puiffantes Villes, que le Roi ne trouva de refiftance dans aucune il entra dans Florence-le- 17.Novembre 1494. dans Rome le trente-un Décembre, dans Naples le 22. Février suivant, & fut mailtre en huit jours de tout le reste du Royaume. Il eut efté à fouhaiter qu'il eut eu autant d'attention à conferver cette conquef-te, qu'il eut de bonheur à la faire.

A

Le Duc d'Orleans n'avoit pû eftre de cette merveilleufe Campagne. Toute merveilleufe qu'elle eft, on ne peut s'empefcher de dire que : ce fut un voyage plus qu'une expédition, tant il y eut peu de réfiftance de la de réfiftance de la part de Villes & de Princes qui euffent pû en faire beaucoup. La fiévre aiant pris au Duc, après qu'il eut CHAGRIN défait l'Armée Navale des Ennemis, il n'a

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D'E D'AM

BOISE DE

voit point fuivi le Roi, mais eftoit demeuré N'ESTRE

POINT FAIT

à Aft, CARDINAL.

IL CON

DUC D'OR

LEANS DE

PRENDRE

ET Y SOU

à Ast, grande mortification pour un Prince avide d'honneur, & du moins auffi grande pour l'Archevefque fon Confident, qui s'eftoit attendu que le Duc fe trouvant à Rome, lui auroit procuré la Pourpre, ou par fon propre crédit, ou par la recommandation du Roi qui ne pouvoit la lui refufer. .La maladie du Duc fit échouer les efperances du Confident. Un autre chagrin de ce Prélat fut d'aprendre que Briconnet, homme fans grands talens, & que d'Amboise regardoit comme fort au-desfous de lui, avoit efté fait Cardinal, Le Duc Le plaignit de ce que d'Amboife ne l'eftoit pas, & s'en prit au Roi, parce qu'il n'avoit tenu qu'au Roi d'obliger Alexandre VI. de donner le Chapeau à l'un & à l'autre de ces Favoris. Ce fut là la premiere fource d'un mécontentement qui penfa coufter cher au Roi & au

Duc.

Charles, en partant d'Aft, où il laissa le SEILLE AU Duc malade, lui avoit fort recommandé de faire filer vers l'armée, les fecours qui vienNOVARE, droient de France à mesure qu'ils arriveTIENT UN roient; il lui avoit recommandé expreffément SIEGE AVEC de ne rien entreprendre contre le Milanez. Ce Duché légitimement appartenoit au Duc d'Orleans, qui eftoit Petit - fils de Valentine de Milan, fœur & unique heritiere de Philippe-Marie, dernier Prince légitime de la Famille des

CE PRINCE,

1495.

Visconti,

Visconti. Le Duc ne fit rien de ce que le Roi lui avoit recommandé : loin de cela, le Duc retint à Aft les Troupes Françoifes qui y arrivoient; & quand il y en eut affez pour executer l'entreprise que d'Amboife lui avoit infpirée, il alla furprendre Novare, une des Villes principales & des plus fortes du Milanez, les autres eftant preftes à ouvrir leurs Portes, parce que les Peuples eftoient indignez contre l'Ufurpateur Ludovic Sforce, nommé le More, qui les traitoit bien moins en Prince, qu'en Tyran; c'eftoit une occafion pour s'emparer facilement de ce beau & riche Païs, fi le Duc & d'Amboise se fuffent hastez d'en profiter.

VIII.TRIOM

DE

LES

D'ITALIE,

Sforce allarmé, affemble fes Troupes, met le Siége devant Novare, & feignant de ne point douter que la furprise de cette Place n'euft efté concertée avec le Roi, il entre CHARLES dans la Ligue qu'on venoit de faire en Italie, PHEA FORpour en chaffer ce Conquérant & mefme pour NOUS DIS le tailler en pieces, lors qu'il s'en retourne- PRINCES roit en France. Charles, moins fage qu'heu- LE 6. JUIL reux, n'avoit fongé à autre chose depuis qu'il eftoit à Naples, qu'à fe raffafier de plaifirs. Affoupi dans les bras de la volupté, il ne fe réveilla qu'au bruit que fit cette Ligue, dans laquelle eftoient entrez, le Pape, le Roi des Romains, les Rois de Naples & d'Arragon,

G

la

LET 1495.

la République de Venise, le Duc de Milan le Duc de Ferrare, & le Marquis de Man

touë.

Sur cette nouvelle, Charles aiant réfolu de revenir en France, avant que les Alliez pûffent l'en empescher, envoia ordre au Duc d'Orleans de s'avancer fur fon chemin avec ce qu'il auroit de Troupes. Le Duc malheu reusement n'estoit plus en pouvoir d'executer cet ordre, tant parce qu'il avoit jetté sept à huit mille hommes dans Novare, que parce que précipitamment, lui & fon Confident, venoient de s'y enfermer, perfuadez d'y pouvoir tenir jufques à l'arrivée du fecours. La Place effectivement eftoit fi bien fortifiée 2 par l'art & par la nature, qu'elle eut pû tenir affez long-ter tems, pour que Sforce eut efté contraint d'en lever le Siége avec honte; mais avant que de s'y enfermer, il eut fallu y amaffer toute forte de provifions, & principalement des vivres, pour ne pas y péric de faim, comme il penfa leur arriver.

Le Roi cependant, qui s'eftoit mis en marche, avec huit à neuf mille hommes, & une nombreuse Artillerie, fe trouva en danger d'eftre défait, pris ou tué près du Village de Fornoue, où les ennemis eftoient campez, au nombre de plus de trente mille; mais la fortune, qui avoit mené ce jeune Prince en Ita

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