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CARACTE RE DE CE

Cluni; Hugues, tige de la Branche d'Aubijoux, fut, fous le Régne de Louis XII. CapitaineLieutenant des deux cens Gentils-hommes de la Maifon du Roi; George fut Cardinal & Archevefque de Roüen. C'eftoit le dernier des neuf, felon quelques Hiftoriens; & felon d'autres le pénultiefme. Il y a peu d'exemples d'une Famille auffi floriffante.

Quoique George d'Amboise fuft né avec de MINISTRE. l'efprit, l'ambition & l'expérience lui en donnérent plus dans la fuite qu'il n'en avoit eu de naiffance. Les grandes affaires élevent le cœur & l'efprit; & tel homme qui n'auroit efté que d'un mérite médiocre, s'il fuft demeuré particulier, devient un homme excellent, quand apellé au Miniftere, il redouble fa vigilance, fon aplication & fes foins dans le deffein de réüffir. George d'Amboise estoit un homme de bon efprit, qui pensoit juste & qui s’exprimoit noblement; esprit un peu lent, conçevant avec peine, mais arrangeant bien un dessein quand une fois il l'avoit conçû. Il n'y avoit point d'homme de guerre qui réglaft auffi-bien que lui l'ordre & le détail d'une expédition. A en juger par la figure qui eft à Rouen fur fon Tombeau, ce n'eftoit pas un bel homme, en récompenfe c'eftoit une grande & belle ame; homme généreux, bien-faisant par inclination, ne fongeant qu'à fe faire ai

mer; aimant les loüanges & tafchant de les mériter, fervant le Roi & l'Eftat plus par zéle que par gloire ou par intérest : homme ferme & courageux, ne s'effraiant point du péril; du refte, plus fécond en expédiens pour s'en tirer avec honneur, qu'atentif à n'y point tomber; homme vrai & fincere, ennemi du menfonge & de la fourberie; rarement néanmoins s'eltil laissé entamer. On lui a reproché d'avoir efté trop fur les gardes, après avoir efté trompé, & trop peu avant que de l'eftre. Homme fage, maitre de fa langue & de fes paffions, fçachant à propos fe taire & parler, pouffer fon reffentiment, le fufpendre ou le facrifier; en general homme digne de l'estime qu'on eut pour lui de fon vivant, & qui s'eft confervée depuis fa mort jufques à nous..

Il vint au monde l'an 1460. quoique dès fa naissance il fuft destiné à l'Eglife comme cadet de sa Maison ; il ne fit pas pour cela de meilleures eftudes. Un Gentil-homme, en ce tems-là, eust tenu prefque à deshonneur de fçavoir beaucoup.La mode eftant alors que les Ecclefiaftiques fuffent Docteurs en Droit Canon, il se le fit de bonne heure. Il eftoit plus aifé d'en avoir le titre que d'en aquérir la capacité.

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A quatorze ans d'Amboife fut poftulé à l'E- AQUATORvesché de Montauban par une partie du Cha- ZEANS I

pitre ;

EST POSTUL
LEEVESQUE

TAUBAN.

E

Ego anno

Officialis &

ne Archie

de caufa Ele

tis Albani

Catel, Hi

DE MON- pitre; l'autre partie aiant élû un Chanoine Preftre de cette Eglife; il eftoit aifé de décider, 1474. tunc à en juger par le bon fens & par les Loix EcVicarius Do- clefiaftiques, qui des deux Concurrens auroit mini de Leo- dû eftre preferé. L'Elû eftoit un homme fait, pifcopi Tolo- qui avoit de l'érudition, du mérite, de l'exJani, cognovi périence d'Amboife n'eftoit qu'un enfant; Elionis Epif- cependant l'enfant l'emporta, moins par le copatus mon- luftre de fa Famille, quoi qu'elle fuft confidéinter Geor- rable, que par l'intrigue de fes freres, & par gium de Am- le crédit que l'aifné avoit auprès de Louis XI. bafia& Elec mofinarium sous un Prince, dont la politique & l'inclinaejufdem Ec- tion eftoit de ne garder ni régle ni mesure. clefia, &c. On ne doit point eftre furpris qu'il y euft peu ftoire de de difcipline, ou pluftoft qu'il n'y en euft Evefque de point, ni dans l'Eglise ni dans l'Eftat. Le jeune Evefque introduit à la Cour, où 1474. fes freres eftoient en faveur, y fut Aumofnier INTRODUIT du Roi, Si la Cour de Louis XI. n'eftoit pas une Ecole, où le jeune Prélat puft se former à la vertu ni aux fonctions de fon Eftat, il y aprit du moins à fe bien conduire & à ne parler qu'à propos; chofe des plus importantes pour ne point gafter fes affaires dans un païs plein d'Efpions, & où la plupart des gens, de ceux-mefmes qui fe difent amis, ne laissent pas, par leurs raports, de faire leur cour à vos dépens; raports fouvent infidelles, toûjours

Languedoc,

Montauban

A LA COUR,

IL Y EST
AUMOSNIER
DU ROI.

malins.

L'humeur

L'humeur de Louis XI. défiant à l'excès, fes variations continuelles, la prévention où l'on eftoit qu'il fçavoit toft ou tard tout ce qui fe difoit & faifoit, tenant tout le monde en alarme, chacun estoit fur les gardes. D'Amboise y eftoit plus qu'un autre, parce qu'il avoit l'honneur d'aprocher le Roi de plus près, & d'en aprocher plus fouvent, comme fon Aumofnier. Tout jeune qu'il eftoit, il fçût de bonne heure fe contenir, à l'exemple des fonnes fages qui parloient le moins qu'elles pouvoient, de peur d'irriter un Prince auffi terrible que Louis XI. qui regardoit comme ennemis tous les gens qui lui déplaifoient: grande gefne pour des Courtifans, fous les yeux de qui fe paffoient tous les jours des fcénes nouvelles.

per

Louis débaraffé, par la mort de Charles le Hardy dernier Duc de Bourgogne, de la seconde Race, des inquiétudes que ce Duc, turbulent, guerrier & puissant lui donnoit continuellement, ne fongea plus tant au-dehors, mais tourna fes vûës au-dedans, principalement fur fa Famille, qui eftoit réduite LE MARIAen ce tems-là au Dauphin & à deux Princeffes. LES DE Louis L'aifnée des deux, appellée Anne, avoit de X1. FAIT l'esprit infiniment; la feconde, nommée Jean- LA COUR ne, ne paroiffoit guéres en avoir. L'une eftoit Is. belle & fe prefentoit noblement, l'autre estoit

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toute contrefaite. Le Roi leur pere les aimoit; celle-ci beaucoup moins, l'aifnée paffionnément : cette tendresse fut cause qu'il ne put fe réfoudre à marier cette chere fille à un Prince Eftranger; à l'égard de la cadette, qui en euft voulu?

Entre les Princes du Sang de France, iln'y en avoit que trois qui pûffent époufer les Princeffes. Louis, Duc d'Orleans, qui depuis fut le Roi Louis XII. Charles Comte d'Angoulefme, & Pierre Sire de Beaujeu. Les autres Princes eftoient mariez,ou eftoient trop vieux ou trop jeunes. Le Duc & le Comte eftoient de la Maifon d'Orleans'; le Sire de Beaujeu eftoit de celle de Bourbon, & cadet de la branche aifnée. Le Duc avoit treize ans, le Comte quatre davantage; Beaujeu en avoit trentefept: ils eftoient tous parens du Roi, Beaujeu d'affez loin, les deux autres de près, defcendant en ligne masculine de Loüis de France Duc d'Orleans, frere unique de Charles VI.

Tout fembloit devoir concourir à marier le Duc d'Orleans avec l'aifnée des Princeffes. Le Duc & cette aifnée eftoient de mefme âge, à une année près. Le Duc eftoit beau & bien fait; il eftoit, après le Dauphin, le premier Prince du Sang de France, & conféquemment le premier à fuccéder à la Couronne, fi le Dauphin venoit à mourir. Par de fi bonnes

raifons

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