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en Philofophie; & pendant fon fecond noviciat, il luy obtint de Dieu une entiere délivrance d'un mal de tête habituel, qu'il avoit eu durant les études, depuis neuf ans.

Etant un jour attaqué d'une tentation importune & violente, il se mit en oraison. Alors Ste. Therese luy apparut, & chaffant l'ennemi, rendit la paix à fon ame. La même tentation étant depuis revenue, il eut recours à l'oraison à fon ordinaire, & il vit S. Ignace & Ste. Therefe, qui mirent le démon en fuite,& qui l'affranchirent pour toûjours de cette forte d'attaque.

Un jour comme il prioit Dieu dans l'Eglife du. Noviciat de Rouen, il fut vifité de S. Jofeph, & il en reçut des graces que l'on n'a pas fçûës, non plus qu'un grand nombre d'autres vifites du ciel, qui l'inftruifoient dans fes doutes, le confoloient dans fes peines, le fortifioient dans fes travaux, & l'animoient dans les entreprises, que Dieu luy infpiroit pour fa gloire.

On fçait pour certain, qu'il eut plufieurs revelations de l'état des ames du Purgatoire. Il voyoit leurs fouffrances: il en connoiffoit la caufe, & fouvent il eut la confolation de voir la pompe de leur entrée triomphante dans le ciel.:

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que quelque faint, par exemple faint Ignace, prefentoit à la fainte Vierge l'ame de celui de fes enfans qui fortoit de fes peines que la fainte Vierge la préfentoit à nôtre Seigneur; de quelle maniere J. C. la recevoit; l'accueil que les Anges & les Saints luy faifoient; comme fon Ange Gardien l'accompagnoit jufqu'au Trône de gloire,où le Sauveur la plaçoit.

Ses oraifons,fes lectures, & fon étude. étoient ordinairement affaifonnées des confolations, & des douceurs de la grace ; & l'onction du faint Esprit fe répandoit fur fes lévres, & fe faifoit fentir en fes paroles.

faite

de la

On peut juger avec quelle perfection Sa paril pratiquoit luy-même ce qu'il recom- dépenmandoit tant aux autres, de s'abandon- danee ner entierement à la conduite du faint conduiEfprit. Il s'y étoit livré dès fon enfan- te du S. & tout le cours de fa vie ne fut Esprit. qu'une perpetuelle dépendance de la direction de ce divin Esprit, qui l'ayant rempli de fes dons, l'avoit rendu admirablement fouple à tous fes mouvemens.

ce,

Le S. Efprit fut fon maître dans la Theologie mystique. Il ne l'apprit point des hommes; & quoy qu'il eût eu pour Directeurs des Religieux d'une grande vertu & capacité, il n'avoit point trouvé en eux les avantages que le Pere

F

Scurin & le P. Rigoleu trouverent en luy pour devenir ce qu'ils ont été. Le S. Efprit fut fon guide dans ces fublimes voyes de la vie interieure, où il a fait de fi merveilleux progrès. La loy interieure, que le S. Efprit avoit gravée dans fon cœur, étoit fa principale regle. Il la fuivoit en tout, & n'agiffoit que par elle. Toute fa conduite étoit furnaturelle. Ses fentimens, fes paroles, fes actions, paroiffoient venir d'un fonds pleinement poffedé de Dieu. On n'y remarquoit point de défaut. L'interieur & l'exterieur avoient en luy une parfaite correfpondance. Sa vie interieure étoit toute cachée en Dieu avec J. C. & l'Efprit de J. C. fe manifeftoit sensiblement dans fa vie exterieure, comme dans un miroir; de forte qu'on ne pouvoit le regarder fans fe fentir touché de devotion, & porté au recueillement.

Il a paffé fans contredit pour un des plus parfaits Jefuites de fon temps, animé du vrai Esprit de S. Ignace, & fort femblable à ce faint Patriarche. Les Superieurs des Ordres Religieux, & fur tout les Carmelites & les Religieufes de la Vifitation, & toutes les perfonnes les plus fpirituelles des lieux, où il a demeuré, avoient une fainte liaison avec luy, & le confultoient comme l'oracle

du S. Efprit, foit pour leur propre conduite, ou pour celle des ames dont ils étoient chargés.

Tous fes difciples avoient une fi haute idée de sa vertu, que je n'en ay vû aucun, qui n'en parlât en toute rencontre avec admiration. Mais fur tout le Pere Jean Joseph Scurin, & le P. Jean Rigoleu, eurent pour luy toute l'eftime & la veneration que l'on a pour les Saints, & leurs écrits marquent qu'ils avoient parfaitement retracé dans leur efprit & dans leur cœur, la doctrine & la fainteté de leur Maître.

Sa réputation paffa jufques dans les païs étrangers, & le ciel fit connoître miraculeufement fon merite à la Mere Loüife de l'Ascension, Religieufe Clariffe, qui vivoit alors à Carion en Espagne, remplif fant tout l'Univers de l'éclat des merveil

les

que la grace operoit en elle. Ce faint homme luy fut montré en efprit avec le degré de perfection où il étoit élevé.Elle defira de lier avec luy une fainte amitié, & trouvant l'occafion de quelques perfonnes qui venoient à Rouen,elle les pria d'y faluer de fa part le P. Louis Lallemant de la Compagnie de JESUS, & de la recommander à fes prieres.

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Il eût été à fouhaiter que Dieu luy sa more eût donné une vie auffi longue, que

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nerail.

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l'interêt de fa gloire fembloit le demander. Mais les jugemens de Dieu font impénetrables. Les Superieurs voyant que ses travaux exceffifs dans l'employ du Noviciat de Rouen, achevoient de ruiner fa fanté, l'en retirerent, & le firent Préfet des hautes études au College de Bourges, & enfuite Recteur du mêmeCollege. Mais pendant tout ce temps-là, il ne fit que languir & foûpirer après la mort, la regardant comme le paffage de cet état de corruption, où la loi du ché regne en nous malgré nous, à cet heureux état de fainte liberté,où la claire vifion de Dieu rend ceux qui en joüiffent impeccables pour une éternité. Sentant les approches de la mort, il prit d'une main un Crucifix, & de l'autre une image de Nôtre-Dame, jettant les yeux tan-tôt fur l'un, tantôt fur l'autre, leur parlant amoureusement, & les regardant alternativement avec des marques de confiance & de tendreffe, qui faifoient fondre en larmes tous les affiftans. Ce fut dans ces pieux fentimens qu'il rendit doucement fon ame à fon Createur le s. d'Avril, jour de la fainte Cene,. l'an 1635. étant âgé d'environ 47. ans, dont il en avoit pallé 29. en la Compagnie.

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La nouvelle de fa mort s'étant répandue dans la Ville, augmenta les fenti

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