爽爽爽爽::::: A MONSEIGNEUR MONSEIGNEUR GILLES DE BEAUVAU EVÊQUE DE NANTES. MONSEIGNEUR, Je prefente à V.G.lavie & la Doctrine fpirituelle d'un des hommes du monde qui a le mieux fçû, le plus folidement enfeigné, & le plus exactement pratiqué la perfection de la vie apoftolique,dont les premiers Maîtres font les Evêques, les Princes de l'Eglife. Vous y reconnoîtrez ces faintes maximes de la morale de l'Evangile la plus pure, qui font les regles de vôtre conduite; ces nobles fentimens d'un cœur penetré de Dieu; cet efprit de pieté, cet efprit de zele que vous joignez ensemble avec tant d'édification. C'eft-là, Monfeigneur, ce que je confidere plus, que tant d'autres grands avantages qu'on admire en vous: la nobleffe d'un fang allié lance à qui rien n'échape; une attention à la prefence,& aux volontés de Dieu, une finguliere affection à l'oraifon. Oüy, Monfeigneur, je le diray fans flaterie, ces precieux dons de la grace, fi rares même dans ceux qui par l'obligation de leur état, les deDroient poffeder dans leur plenitude, font les biens que vous prifez le plus, & dont vous faites votre plus chere poffeffion. Ainfi je puis me promettre qu'un ouvrage qui les développe fi bien, ne vous fera pas defagreable. Je vous demande pour comble de faveur, que vous le receviez comme une marque fincere & publique de ma reconnoiffance pour toutes vos bontés, & du profond respect avec lequel je fuis, MONSEIGNEUR, De V. G. Le très-humble & très-obéïffant ferviteur en J. C. Pierre Champion, de la Compagnie de JESUS. AVERTISSEMENT. L E P. Louis Lallemant a laiffé parmi nous une odeur de fainteté qui dure encore. C'eft pour la conferver, & pour la faire paffer à la pofterité, que j'ay pris le deffein de donner au public avec fa Doctrine spirituelle un abregé de fa vie. J'aurois mieux exécuté ce deffein, fi j'avois pû avoir la communication des memoires qu'on a mis entre les mains d'un de nos Peres de la Province de Champagne, qui promettoit de compofer l'Hiftoire entiere de la vie du faint Homme. Ce que j'en rapporte eft appuyé fur le témoignage public de tous ceux qui l'ont connu, & fur-tout de fes difciples : & les graces interieures qu'on n'a pû apprendre de luy-même, ont été remarquées par quelques-uns de fes Confeffeurs, & de fes plus intimes amis : par le P. Pierre Meflant : par le P. Jean Bagot par le P. Antoine Vaher : par le P. Jacques Grand-ami, quatre Theologiens, qui par leur éminente vertu & leur grande capacité, meritoient d'être fes confidens. Quant à fa Doctrine fpirituelle, elle a á iiij été fidelement recueillie par le P. Jean Rigoleu, qui loin de luy rien ôter de sa force, ni de fon onction, luy en a plûtôt ajoûté. Le recueil qu'il en avoit fait a été gardé par un autre faint Homme, que la reconnoiffance demande que nous faffions auffi connoître à fon tour. C'est le P. Vincent Huby, qui par le pouvoir qu'il avoit fur mon efprit m'a engagé à entreprendre les petits ouvrages aufquels je donne le peu de temps que mes occupations me laiffent libre. J'ay trouvé depuis peu parmi les papiers du P. Jean Joseph Seurin un cahier, où il avoit écrit de fa main quelques pieux fentimens de fon Directeur le P. Louis Lallemant. Comme l'on ne pouvoit plus les mettre chacun en fon lieu dans le recueil du P. Rigoleu, on les donne à part, de la maniere que le P. Seurin les avoit marqués. Au refte pour obéir aux Decrets d'Urbain VIII. & des autres Souverains Pontifes, je protefte qu'en la vie du P. Lallemant, je ne demande du Lecteur qu'une foy humaine, & qu'en parlant de ce Pere comme d'un faint Homme, je ne prétens nullement luy attribuer un titre qu'il n'appartient qu'au Saint Siege Apoftolique de donner à ceux qu'il en juge dignes. |