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N

N, fubftantif féminin. Une grande éne; & non, ênno.

Lorfque dans un mot françois il y a deux n, comme dans, manne mannequin, bannir, anne, Susanne, année, &c. On n'en prononce qu'une, ou comme s'il y avoit, mane, manequin, &c. C'eft en quoi péchent les Languedociens qui font fi enclins à doublet cette lettre, qu'ils en mettent quelquefois deux dans les mots où elle eft fimple; comme dans, dîner, qu'ils prononcent dans bien des endroits dinner, ou din-ner.

Cette confonne a deux prononciation en françois, une liquide; comme dans, ânerie; Pautre muette comme dans, ancien. L'n eft liquide, lorf qu'elle modifie la voyelle qui la fuit, & qu'elles forment enfemble une fyllabe: telle eft la fyllabe, ne d'ânerie : elle eft muette lorfqu'elle modifie la voyelle qui la précéde, avec laquelle elle ne fait qu'une fyllabe; comme la fyllabe, an du mot, ancien.

Cette derniere forte de fyllabes font du nombre de celles qu'on appelle voyelles nazales. On en compte cinq; favoir an, en, in, on, un auxquelles on peut ajouter, am, em, im, om, um ; qu'on prononce fourdement, quelque place qu'elles occupent dans le mot; comme dans, enfant, tendre, patente, manteau, enfin, infini, once, mouton, un, amphigouri, em. barras, importun, &c.

Ces fortes de voyelles font inconnues dans les finales des mots languedociens où l'on fait l'n liquide; & par une fuite naturelle les habitans de nos Provin

Tome II.

NA

ces portent cette n liquide dans les mots fr. tels que, bon, ancien, matin, importan, bâton, &c. qu'ils prononcent comme s'ils étoient écrits, bone, anciene, bâtone, &c. au lieu que I'n finale doit y être prononcée fourdement ; à quoi les Gafcons mauquent le plus fouvent.

Dans l'ancienne orthographe languedocienne, l'n suivie d'une h, avoient la valeur du gn mouillé françois. Ainfi on prononçoit, anhel, pënhora, &c. comme agnel , pëgnora, &c. Voyez le commencement de la lettre G.

NA. v. 1. eft le figle, ou les lettres abrégées de Domina, ou Dona, en ufage dans le XII. Giecle. C'eft ainfi qu'on voit dans les anciens actes, Na Rigâouda; Dona, ou Domina Rigauda.

Le Traducteur du N. T. Vaudois ne donne le Na qu'aux femmes les plus qualifiées, ou qu'il croit telles : de même qu'il donne l'En aux hommes & ne met quelquefois qu'une n pour les femmes: c'eft ainfi qu'il fait dire à St. Paul. Saludats Na Prifca, la máifo de N. Eftivena, d'En Aquila, d'En Fortunat; faluez Madame Prifque, la maifou ou la famille de Madame Etienne & MM. Aquila & For tunat.

On y voit auffi, Na Sara; Madame Sara, ét lë sërpéns ënganec Na Eva ab la sua guifcofia; Madame Éve fut féduite par les artifices du ferpent. Intrec Maria e la mâifo de Zacarias é faludec Na Elifabet; & falua Madame Elifabeth.

NA, nap, ou nabë; Un navet: racine potagere. Nabe; N

NAD

98 le pivot de certaines plantes qui pivotent, ou dont la racine s'enfonce à plomb à la différence de celles qui tracent, ou qui s'étendent horizontalement. NADADO, terme de nageur. Voy. Arcádo.

NADADOU, ou bagnadou; Un baignoit endroit d'une riviere propre à nager & à s'y baigner. Bagnadou; une baignoire, ou un cuvier pour prendre des bains domestiques.

L'art de nager devroit entrer dans le plan d'éducation des jeunes gens; plutôt que d'autres arts frivoles, dans lefquels on les exerce avec beaucoup de dépenfe & peu qu point de profit.

NADAIRË; Un nageur, un baigneur ce dernier terme s'applique également à celui qui prend le bain & à celui qui le donne; ou au maître des bains, établis dans les grandes villes & de ceux des eaux Thermales.

On donne fort improprement le nom de, baigneur, aux perruquiers des petites villes, qui n'ont point chez eux de baignoire & qui n'ayant d'autre talent que de frifer & de poudrer, ne favent ce que c'est que de baigner leurs pratiques.

NADALË; Les huit jours qui précédent la fête de Noël. NADALEN; De Noël. Souc Nadalën; bûche de Noël.

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NADAOU; Noël. en v. fr. Nolet. Naddou; n. pr. francifé dans Nadal, du lat. Natalis qu'on donne pour nom de baptême; comme fi c'étoit celui de quelque Saint qu'on pût invoquer. Souc de Nadâou, ou Nadalën; la bûche de Noël. C'eft un gafconifme de dire, à la Noël; au lieu de, à Noël. Le proverbe dit, à Ñadâou, âou fip; à Pâfco, áou ro. Voy. Calëndos.

NADELO; La fardine fraîche poiffon de la méditerranée.

NADILIO, ou anilio: terme de meûnier; l'anille: plaque de

:

NAF

fer en catré-long dont les deux bouts font en queue d'aronde. L'anille, ou l'anil eft encaftré dans la partie inférieure & au centre de la meule tournante d'un moulin à farine, laquelle est soutenue par l'anille qui porte ellemême fur l'axe vertical, qui fait tourner cette meule.

NADIUEL; L'Orvai; petit ferpent de couleur de fer poli: il eft court, tardif, ferme & liffe au toucher. Le bout de fa queue n'eft point amenuifé en pointe comme dans les autres ferpens.

Le peuple croit l'Orvai aveugle & fi méchant, que c'eft un dicton vulgaire, que fi l'Orvai voyoit clair, il feroit capable de démonter un cavalier. Deux balourdifes; ce reptile a de fort bons yeux, quoique petits; & d'ailleurs jamais animal ne fut plus doux, plus pacifique & plus Atupide.

Il ne faut pas confondre l'Orvai, ou Nadiuel, dont nous parlons avec celui qu'on trouve aux environs de Montpellier qui eft le Seps, ou Calcides des Naturalistes: vrai lézard fous l'apparence d'un petit ferpent; il a quatre pattes qu'on n'apperçoit qu'en y regardant de près; ces membres font à la vérité, fi foibles & fi court, qu'ils ne femblent lui fervir que de parade; & il n'en eft pas moins obligé de ramper fur le ventre.

On voit par l'exemple du mot N'-a-d'iuel que le languedocien ne le cede point au grec pour la facilité de faire des noms & des noms énergiques.

NÄDO > particule négative; point, pas. Nour m'ën dounet nádo; il ne m'en donna point. en efpgl. nada.

NAFO. Voy. aigo náfo. NAFRAR. v. 1. Bleffer, lader, balafrer.

ftafi

NAFRO, & en v. 1. nafra; balafie, stafilade.

NÂISSË, ou brulia, en parlant des femences mifes en terre

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Jever, ou poindre. Lou bla ës nafcu; le bled a levé. Es nafcu coum'un boule; il eft venu comme un champignon.

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NAISSE; Naître. On dit, natif d'un tel endroit ; & non, nénatif d'un tel endroit : terme du bas peuple de Paris.

NAISSEDURO; Mal d'avanture: efpece de panaris le moins dangereux; il vient à la main, &lorfqu'il fe forme au bout des doigts il n'occupe que les régumens.

NAISSËMËN, ou naissenfo; v. 1. Naiffance. Pays. Baros de tot naifsëmen. Hommes de quelque pays que vous foyez. (Viri ex omni natione. ) Li maior për naifsëmën; les Sénateurs; (majores natu.)

NAISSENSO. Ëfan dë naissênfo; enfant nouveau-né ; & non, enfant de nailfance ; ce qui fignifie, iffu de parens nobles. Es inoucën coum'un ëfan dë naissënfo; il eft innocent comme l'enfant qui vient de naître.

NANËT, ou nët; Un nain, petit nabot. Lou Diou nanët ; Cupidon.

NANOUN. n. pr. Nanette dit pour Annette.

NANTI; Avancer, expédier. NÃOU, náouco ; Auge à pourceaux.

on tanne

NÄOU; Terme de tanneur une foffe-au-tan, dans laquelle ou l'on prépare avec le tan; foit les peaux des empeignes, foit le cuir fort des femelles. en b. br. neaw. = Nâou; auge de moulin à foulon. NAOU, nau, ou naïf; v. 1. Vaiffeau, navire. en v. fr. nauf, du lat, navis.

NÂOU, náouto; Haut, haute. De la cadiêiro en náou; du haut de la chaire. Fefto-náou; fête folemnelle.

On dit que le Carême eft haut, lorfqu'il arrive tard ou qu'il commence vers le neuf ou le dix de Mars; & qu'il eft bas, lorf

qu'il commence aux premiers jours de Février: il femble qu'il faudroit dire tout le contraire.. NAOUCADO, ou nâoucat; Une augée, ou plein une auge. NAOUKE, diminutif de náou; une petite auge.

NAOUT. v. 1. Haut, élevé. U pui gran é nâout ; une large & haute montagne.

NAOUTOU; Hauteur. Ës de ma nâoutou; il eft de ma taille, ou de ma hauteur; & non, de mon hauteur. Il y a de l'eau de ma hauteur. NÂOUTRËS

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nantres, ου

nous dous; nous; & non, nous autres : imité de l'efpgl. nos otros.

NAP. v. 1. Écuelle; (catinum. }

NARIDOS. Voy. Rambal. NARÎLIOS, ou nazilios; Les narines des perfonnes, les nafeaux des animaux quadrupedes. NARO; Le nez. au figuré; mufeau groin, trogne. Li bailer un co de poun fu la náro.

NARO; Odorat. Sënti dë náro; avoir bon nez. A bôno nâro; il a l'odorat fin; ce qui fe prend auffi pour fagacité.

NARSOUS; Humide. NARUT; Fin, rufe, trant, fubtil, adroit.

péné

NARUT; Méchant, vicieux. NAS. Aco n'a pa jhës dë nas; cela n'a ni tête, ni queue, cela ne fignifie rien.

NASSO; Prairie qui enfonce fous les pieds.

Ces prairies font une espece de plancher, qui porte fur l'eau d'un lac fouterrain: il eft principalement formé de l'enlace-ment des racines du grand fouchet à l'épaiffeur d'environ un pied, & bien liées entr'elles, qu'elles ne fe féparent que difficilement.

On voit tout près de Tivoli un pré de cette efpece : une groffe fource qui paffoit par-deffous a creufé & emporté une grande partie du pré; il s'en est détaché.

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ramer,

NAVEIAR. v. 1. Naviguer, tirer à l'aviron. Naveians; navigant. Co agheo naveiat ; (cum remigassent. )

NAVETA.. v. 1. Barque, bateau. De là le fr. navette. Pujhet, o poiët ë la navêta; il monta fur une barque; (afcendit in naviculam.)

NAVOS. n. pr. en v. fr. Na ves; vaiffeau.

NAZËJHA; Montrer le nez, ou fe préfenter quelque part à la dérobée & pour épier. = Naze jha; fleurer.

NAZIC, nazico. Voy. Narilios.
NAZILIA; Aller à la décou-

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NEC

NEBLO; Le brouillard qu'on appelle, brume fur mer vapeurs 'condensées qui ne différent des nuages qu'en ce que ceux ci font plus légers & plus élevés: ils ne rampent fur la terre d'où ils ont tranfpiré, que lorsque l'air est plus léger que de coutume, ou qu'il n'y a pas affez de chaleur pour rarefier les globules d'eau qui font la matiere du brouillard.

La mauvaise odeur que répand quelquefois ce météore, indique affez qu'il contient des parties huileufes, ou bitumineufes ; & que les vapeurs qui s'élevent de terre & qui forment les nuages, entraînent avec elles des matieres inflammables, capable de produire les feux folets, les étoiles volantes, les éclairs, les tonnerres, &c.

NECI, mátoù, baou; Nigaud, imbécille, niais. Sés bë neci de crëirë që...... vous êtes bien fimple de croire que... Es nêci dë fa fënno; il raffole de fa femme, ou il l'aime éperdument. Un pâourë nêci; un pauvre innocent. Un michan nêci; un innocent fourré de malice. Soûi pa tan nêci de... je ne fuis pas fi fot que de..... Sés un nêci dë rëfusa; Vous êtes un fou de refufer telle chofe. N'anës pa fáirë lou nêci ; n'allez pas faire la bête. Ës pu nêci që l'aigo noun ës lôngo; il eft plus fou qu'on ne fauroit dire. Nizado de necis; couvée d'imbécilles.

On voit dans l'ancienne farce de Patelin: il eft nice, quelle niceté, pour : il eft fou, quelle folie. en efpgl. necio.

NECI; Néceffaire; ce qui eft différent de nêci. NËCIARDARIÉS. Voy. Nif

fardariés.

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NËCIAS augmentatif de nêci; grand benêt.

NECIJHE, ou matarié; Imbécillité, fimplicité. Bêtife. NECO, ou nêcio; Sotte imbécille.

purifier. Nëdëiats lë velh lëvan; (expurgate vetus fermentum.) NËDEIAT. v. 1. Nettoyé. pr. Netèyé,,netèyer.

NËDËZA. v. 1. Pureté. Totas caufas fo nëdezas als nëdës; ( omnia munda mundis.) Religios nëdës vas Deu es gardar fi no láizat daqueftë sëglë; la piété aux yeux de Dieu eft de fe préferver de la corruption de ce fiecle préfent.

NËDÉIAMËN. v. 1. Pureté, purification.

NËGA; Noyer. pr. nai-ier: c'eft par-là que dans la prononciation on diftingue ce verbe dụ fubftantif noyer; arbre, qu'on écrit de même; & qu'on prononce, nouai-iér ; & non, comme, noyé faute que l'on commet encore en prononçant, niyé ; un nëga; au lieu de prononcer, néyé.

:

Prononcez de même, tu te noyeras; tu te nééras, qu'ils fe noyent, qu'ils fe naient. Ils fe noyeróient, ils fe nééraint, &c.

On fait revivre les noyés une heure après qu'ils feroient tombés dans l'eau & au-delà. Il faut les porter avec le moins de fecouffe poffible fur un lit chaud, ou dans une étuve de boulanger; le tourner fur un côté la tête élevée; faire des frictions d'abord avec de la fimple flanelle, y ajouter enfuite de l'eau de lavande ou de l'eau-de-vie camphrée; leur fouffler fortement dans la bouche, irriter la membrane pituitaire du nez en ver fant, ou feringant dans les narines de l'eau de luce, ou du vinaigre des quatre voleurs, y enfoncer les barbes d'une plume, irriter les inteftins par un

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Pour ne pas fe lafler, ni fe rebuter de donner les différens fecours précédens on doit fa voir qu'en les répétant fur des noyés, pendant fept à huit heures, après qu'ils avoient été tirés de l'eau, on les a enfin rappelés à la vie. On eft bien dédommagé de fes peines lorfqu'on peut jouir d'une auffi douce satisfaction.

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On doit être averti encore que c'eft un fecours meurtrier de pendre les noyés par les pieds; ce n'eft pas l'eau qu'ils ont avalé qui les étouffe, mais l'air qui leur a manqué, comme à ceux qu'on a étranglés.

On dit proverbialement d'un homme timide, a pôou dë nëga për klou; il a peur de s'embourber.

NEGADO; Un noyon: terme de jeu de mail. On fait un noyon lorfqu'on pouffe la boule au-delà des bornes du jeu.

NEGADOU; Celui qui fe noie. Celui qui devroit être noyé, ou qui méritetoit d'être jeté & étouffé dans l'eau.

NEGADOU; Celui qui nie une

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