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non, comme bo-narang. 3. Il ne faut point élider la derniere voyelle d'un mot fuivie d'un autre qui commence par une hafpirée ainfi dans ces expreffions, la harpe, la hune, Philippe le Hardi, ne prononcez pas comme, l'harpe, l'hune, Philipe l'Hardi; mais comme la harpe &c.

Dans quelques cantons de la province voilins de l'Espagne, on prononce une h afpirée dans la plupart des mots où cette lettre eft changée par tout ailleurs en une f: ainfi on prononce les mots tels que Fenno, Filio, Fazer, &c. comme s'ils étoient écrits ainfi, Hënno, Hilio, Hazër, &c. prononciation qui

H

eft commune aux habitans de ces cantons avec les Espagnols, dont nous rapporterons un exemple pour deux temps du verbe Hazer; dans l'infcription fuivante de la ftatue de Louis XIV à Pau.

Aici qêi l'arrëchil dë nouftë gran Enric;

Lou cêou që l'abë dat për lou bë dë la têro,

L'a Hêit lou pai deus bous, deus michans l'ënëmic, U Salomon ën pas, u brái Cefar ën ghêro: Plaz' à Diou qu'à jhamái lou marbré lou mëtáou Haziën bibë fa glouêro âita pla coum' à Pâou.

Lorfque cette voyelle devient confonne, on dit en l'épellant, je, ou i confonne; & non, ji.

:

Cette voyelle garde toujours en languedocien le nom qui lui eft propre, ou celui qu'on y donne en la prononçant fépaté ment i au lieu qu'elle prend fouvent en françois le fon d'une autre voyelle, fur-tout lorfqu'elle précede I'm & l'n, comme dans, impie, ingrat. Les fyllabes im & in deviennent alors des voyelles dans lesquelles l'i difparoît pour prendre le fon de l'è ouvert : en forte que les mots précédens fe prononcent comme, èmpie, èngrat; & non, comme impie, ingrat, en faifant fonner l'i cette derniere prononciation n'étant pas moins vicieufe, dit M. Duclos, dans la déclamation du théâtre où elle s'eft introduite, que dans le difcours familier. Voyez ce que nous avons dit à ce sujet dans les remarques à la fuite du difcours préliminaire,

I

I DO

fur les diphtongues ái, ĉi, ôi, oùi.

C'eft une faute affez ordinaire dans le Vivarais de mettre un i de trop dans l'impératif des verbes, dont l'infinitif est en er, en ir & en re, lorfque cet impératif eft accompagné d'une négation. Ainfi l'on dit, n'alliez pas là, ne veniez pas ici, ne préniez pas la peine, &c. au lieu de, n'allez pas là, ne venez pas, ne prenez pas, &c.

ICHAGA, eiffaga iffaga; mouiller, tremper. = Ichaga; innondé, abreuvé. Têro ichagado; champ où l'eau a croupi. du grec, ichor.

IDOULA; Heurler: cri du loup en chaleur, ou lorfqu'il eft preflé par la faim; il traîne la voix d'une maniere effrayante, pour quelqu'un fur-tout qui l'entendroit feul dans la nuit, & loin de toute habitation. Le chien qui eft du genre du loup, heurle d'une façon approchante, pour

témoigner fa peine lorfqu'il eft enfermé ou qu'il a perdu fon maître. en b. br. yudal.

I-É; Formule par où commençoient, il n'y a pas bien des années, les cris publics dans les villes mêmes, avant que le luxe y eut introduit des trompettes. Le crieur difoit par ex. i-é, à dous foous lou cartâirou daou bon vi; i-é, aco de moussu tâou, &c:

Cet i-é eft un refte de l'ancien, oyez corrompu, qui s'eft confervé depuis Guillaume le Conquérant dans les cris publics de Londres, qui commencent par,

oyez.

On fait que cet ancien Duc de Normandie ayant conquis l'Angleterre, obligea fes nouveaux fujets à fe fervir du françois qu'on parloit dans fes États de de-çà la mer ufage qui fubfifta jufqu'à Édouard III, qui défendit d'employer cette langue dans les Tribunaux & dans les actes publics.

IË; Lui. Të dighêri; je lui dis.

IËNOLS; Genoux; v. 1. Apropriet së á lehfus us hom plegats los iënols dënan lui, difens, Sënhor, miferia aias de mi è del meu fil; quar lunaios ës, é fofrë mal; foven ca en foc é ëspesamën, ën aiga.

JEOU, & en v. 1. ëou, ou jhëou; moi, ou je.

En languedocien comme en latin, on met la premiere perfonne avant la feconde, & l'on dit très-honnêtement, iëou é vous; comme en lat. ego & tu; & l'on ne doit pas trouver à redire à l'un plus qu'à l'autre. Les Grammairiens donnent pour raifon de cette préféance (pr. prefféance), que la premiere perfonne étant la plus noble, doit pafer devant; mais cette no bleife grammaticale n'étant point reconnue dans la langue françoife, ce feroit une impoliteffe de dire moi & vous, vis-à-vis

d'un fupérieur, & même d'un égal.

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Il arrive rarement qu'il faille commencer le difcours en françois par, moi; ce n'eft que dans le difcours familier, de la converfation, ou lorsqu'on le dit par exclamation, comme : moi je fouffrirois cette injure ! Dans tout autre occafion, c'eft une faute de fuivre le tour languedocien, & de dire par ex. moi je ne fais pas; moi, j'étois préfent, &c. au lieu de, je ne fais, j'étois préfent, &c. Que fabë ieou, à cáou parlë iêou; que fais-je, à qui parlé-je; & non, que fai-je moi, ni à qui parlai-je moi, ni même à qui parle-je?

Il faut dire de même, m'exprimé-je bien ? dussé-je mourir marché-je bien, &c. & changer en é fermé l'e muet qui termine la premiere perfonne d'un verbe futvi du pronom, je.

IÉR. On dit hier au foir; & non, hier à foir, ni hier-fair. Expreffions familieres aux Avignonois, prifes de l'italien, ieri fera. Iér de la, ou paffat iér; avant hier; & non, hier.

avan-z

IÊRI, ou êli; le lis. IGLAOU. Iglâoussa. Voy. Elidou, ëlioussa.

IMAJHË. On n'appelle image que des eftampes de peu de valeur qui repréfentent les Saints, ou quelque myftere de la religion, (qui font les unes & les autres les livres des pauvres gens non lettres) & les enluminures groffieres qui parent les boutiques des artifans. Un imajhë dë vëlin; une image de vêlin: appuyez fur l'e, & ne prononcez point, vlin.

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Les deffeins ou deffins (comme on l'écrit depuis peu imprimés fur papier comme les précédens, mais faits avec foin par une main habile, font ap pelés, eftampes. On les grave au burin, à l'eau-forte, en ma¬

IME

4 niere noire, en façon de crayon, &c. Les hachures ne paroiffent pas dans la maniere noire, qu'on prendroit pour un lavis à l'encre de la Chine. Les eftampes au crayon femblent faites à la fanguine.

Image eft féminin, & dire par ex. un bel image, eft un folécifie qu'on ne pardonneroit point dans nos Colleges, fi on le faifoit dans une langue morte, qu'il eft plus pardonnable de mal parler que le françois.

Les imagers & les marchands d'eftampes attachent fur un cordon tendu, avec des fichoirs, ou petits bâtons refendus, les images qu'ils étalent dans les rues. IMATES. v. 1. Idoles. Láizamëns de las imaiës; fouillures des idoles.

IME; Signifie en général le bon fens, le difcernement, la penfée, & paroît être l'abrégé du lat. animus. On le rend différemment en françois, felon les circonftances.

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A bel îmë; à vue de pays, à la bonne venue ; & non, à boule qui fignifie étourdiment. N'ai pa jhes d'îme d'aco; je n'ai point d'idée de cela. di imë që....je pense que.... je conjecture que.. Aves ime? y penfez-vous? Aqël garfou n'a pa jhës d'imë; ce garçon n'a pas d'efprit, n'a pas de tête. N'a pa d'îme d'aco; il n'eft pas inftruit fur cela, il n'a pas d'idées nettes là-deffus.

....

Fa qicon d'imë; faire un ouvrage d'idée, ou fans modele, travailler de tête. Ou di fat a fmë; je l'ai fait par inftin&t. Aviêi imë që vëndrias; j'avois un fecret preffentiment que vous viendriez. Croumpa à bel îmë; acheter de la viande à la main & fans pefer, acheter à l'eftimation. M'ën a douna fans îmë; il m'en a donné fans mefure, &c. Le peuple Lyonnois dit dans ce fens, acheter à l'efme, tu n'a point d'efime, &c.

INC

Or difoit en v. fr. aétmer, ou aéfmer pour, avë imë. Aétmerent, dit Ville-Hardouin, qu'il y avoit quatre cens Chevaliers. On difoit auffi, aéfmer, pour eftimer, ou mettre un prix. en anglois, to aim; vifer.

IMOUROUS, ou amourous; humide, moite. Doux, fouple, moelleux. Doûgo imou rouzo; douve qui fuinte.

IMOURETAT; Moiteur. IMPEISSER. v. 1. Chaffer. Quas Deu impêifs dë la cara dëls noftrës pâiros; (quos Deus expulit à facie patrum noftrorum.)

IN, contraction de, lui en, leur en, ou de, y en. Dounas in; donnez-lui en. S'in troubas ; fi vous en trouvez.

INCAN; Vente de meubles à l'enchere, ou absolument, vente & inventaire ; & non, encan, & encore moins, incan.

Un encan eft un cri public qui fe fait par un fergent pour ven dre des meubles à l'enchere. Le crieur dit par ex. à fix francs teile chofe; & l'on dit, vente à l'encan, mettre des effets à l'encan, les vendre à l'encan. Mais lorsqu'on dit, an fat un incan dë librës, il faut traduire par, on a fait une vente de livres, en fous-entendant à l'enchere. Vaou à un incan; je vais à une vente à un inventaire ou bien à une vente faite à l'encan; & non, à un encan.

.

Un inventaire fe prend ici pour la vente des meubles contenus dans l'inventaire ; c'està-dire, l'état ou le dénombrement des meubles. Un tel court tous les inventaires.

INCANTA; Vendre aux encheres, mettre aux encheres ; & non, encanter ni incanter. de la b. lat. incantare; crier haut, proclamer.

INCA, incara, inkera. v.

encore.

1.

INCASTELLAR. v. 1. Fortifier une place.

IŃCOBOLAR. v. 1. empêcher.

Incobolat; empêché, arrêté. INLITERA; Non lettré, fans lettres, fans études, qui n'a point de lettres. On dit auffi, ignare & non lettré; & jamais, illiteré, ni illetré, gafconifme très-ordinaire que fe permettent des Littérateurs de réputation, mais gafcons. Cet homme n'a point de lettres; il a cependant beaucoup d'efprit.

INOUCEN; Un pigeon à la cuiller, plus ufité, qu'un innocent pigeonneau tiré d'un bou lin de pigeonnier, ou de colom

bier.

Les colombiers font des bâtimens à pied. Les pigeonniers font des volets conftruits fur le haut des maifons. Les premiers font un droit feigneurial. Il n'en est pas de même des pigeonniers, que qui que ce foit peut avoir. INQIO, ënquis, ou d'inqios; v. 1. jufqu'à ce que.

INSABATA. v. 1. Chauffé.
INSOLAR. v. 1. Voy. Invan-

nar.

INTESTA. On meurt inteftat, & non, ab inteftat. Cette derniere expreffion ne convient qu'à celui qui étant héritier préfomptif de quelqu'un mort fans tefter, en hérite, ou en eft l'héritier ab inteftat.

INTRA, ou dintra; entrer. Ce verbe eft fouvent actif en languedocien, & toujours neutre en fr. Pode pa intra moun pë din moun foulié; je ne faurois mettre le pied dans mon foulier, ou mon pied ne fauroit y entrer. Intras agël efan; faites entrer cet enfant. Intras aqëlo bouto; ferrez ou rapportez ce tonneau, ou remettez-le à fa place. On dir, ce chapeau ne peut entrer dans ma tête, quoique ce foit plutôt la tête qui entre dans le chapeau. Intras mâi voftè capel; enfoncez davantage votre cha peau.

Ce verbe demande dans fes temps compofés le verbe auxiliaire, être. Je fuis entré, &

non, j'ai entré. D'où vient n'êtesvous pas entré? & non, n'avezvous pas entré? Je fuis rentré de bonne heure; & non, j'ai rentré de, &c.

INTRAN ; Hardi, affuré, délibéré, qui fe préfente fans introducteur, qui s'infinue, qui s'impatronife dans une maifon. Le terme entrant feroit trèsimpropre dans ce fens.

INTRAN. v. 1. A l'intran d'Octôirë; au commencement d'Octobre. Vëni irtran-fourcan; entrer tout de go. ft. fam.

INVANNAR, ou infolar; v. L. couvrir de charpente un édifice. INVENSIOU; Calomnie. Fa d'invënsious; calomnier.

10, ou ios; v. 1. joug. Lo mêous ios ës fuâous, ël mêou fái ës lêous; mon joug eft doux & mon fardeau léger. Sors-io ; fubjugalis.)

10CH, ou iué; huit.

IOL; Eil: d'où eft formé le n. pt. Boun-iol, & par corruption, Bougnol, ou Bougnôou; bon œil. Voy. Iuél.

C'eft par une compofition pareille qu'on a formé dans un au tre dialecte le n. pr. Bounel, ou plutôt, Bou-n-el qui fignifie, de même bon œil, où l'n est une lettre euphonique pour éviter le hiatus de deux voyelles, défaut qui ne fe rencontre pas dans le n. pr. Grifel, ou Gris-el; œil gris.

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IÔOU; Œuf. D'iôous ën trîpoz des œufs à la tripe. Un pla d'ióou farcis ; des œufs à la farce. lôous entre dous plas; des œufs au miroir. D'iôous fallas, iffallas; des œufs pochés. D'iôous en côco; des œufs mollets, des œufs à la coque, qu'on mange avec des mouillettes. Fa l'iôou; popdre l'œuf. Më voudrié fa crêirë që las cátos pougnou d'iôous; il voudroit me faire accroire que les veffies font des lanternes; c'est-à-dire, m'en donner à garder. Lous iôous dë l'acâou; les bifcuits de la chaux;

ces prétendus oeufs de coq, de la groffeur d'un auf de pigeon, étoient de vrais œufs de poule dont les organes étoient viciés. IOUS, ou ióous; v. 1. Jeudi. Védam als ieuffieus që non aufon aparër en publighë lo ious, nil mercrës, nil vënrës, nil fabtës fains. Coft, d'Al.

IRAGNADO, eftalirágno, ou eftirágno; toile d'araignée. On dit au figuré, lēva las iragnados; fecouer les puces à un enfant;, c'est-à-dire, le fouetter. IRAGNAS; Le trou où fe retire l'araignée.

IRAGNO; Araignée; & non, aragnée: infecte connu. Il a huit yeux fur le dos, & de fortes pinces creufes, qui lui fervent à faifir fa proie & à la fucer à travers ces mêmes pinces. Telles font entr'autres, l'araignée des Indes, dont le volume égale celui d'une groffe noix, & qui fait la guerre au colibri. L'araignée maçonne de Montpellier, qui fabrique avec un art admirable une porte à charniere pour boucher fon trou. L'Araignée de Calabre appelée, tarentule, à la morfure de laquelle on attribue des effets dont il faut rabattre les trois quarts.

L'araignée enfin de nos champs, qui porte avec elle un paquet de foie jaune, dans lequel fes œufs font renfermés : foie d'une grande beauté & que feu M. le Préfident Bon projetoit de multiplier, en élevant l'infecte qui la produit. A de cambos d'iragnado; il eft haut enjambé. IRAGNO; La Vive; poiffon

de mer. IRAGO, ou virágo. V. Jhiuel. IRANJHË; Une orange, une belle orange; & non un bel

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ISPROUS; Apre, aigre. Voy. Visprë.

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ISSAGA; Mouiller, tremper. ISSALLA, iffania, ou falla d'idoux; Pocher des œufs, les frire à la poêle.

ISSAMA; Jeter, ou effaimer. On le dit des jeunes abeilles qui fortent d'une ruche avec une reine à leur tête, pour aller établir ailleurs une nouvelle colonic. Aqël brus a issama; cette ruche a jeté.

ISSAN; Un effaim, ou peuplade de jeunes mouches à miel qui quittent la ruche où elles font nées & qui ne peut plus les contenir. Le départ est annoncé par un grand bourdonnement; il fe fait vers les neut à dix heures du matin, par un rayon de foleil bien chaud. Une ruche bien entretenue effaime, jette fouvent deux fois l'année, & quelquefois trois.

ου

ISSAR; Un effart champ nouvellement effarté ou défriché, ou dont on a arraché le bois & les épines, pour y femer du bled: c'est ce qu'on appelle auffi une novale. Fa un iffar; effarter, ou défricher un champ, un bois. Un effart porte fans engrais trois années de fuite. De là le n. pr. des Effarts. en

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