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ΜΑΙ

52 de tout ce qui fent le faste, & pour ne pas affecter un ufage qui fembloit n'appartenir qu'aux perfonnes d'un étage fupérieur; & cette coutume, ou cette façon de penfer eft fi bien établie, mais feulement parmi les pauvres gens de la campagne éloignés des vil. les, que ceux qui font fages & modeftes difent à leurs enfans qui reviennent du fervice, que leur condition ne leur permet pas de parler françois : en conféquence il ne leur arrive guere d'écorcher cette langue que lorfqu'ils font pris de vin: ce délire les mettant bien au-deffus de leur fortune, leur fait oublier leur mifere, ou leur condition préfente.

Mais ceux qui jouiflent de quelque aifance cherchent depuis quelque temps à fe mettre de niveau avec ce qu'on appelle les honnêtes gens, en mêlant dans Jeur idiome certains termes françois qui flattent le plus leur amour propre; parce qu'ils femblent affectés à cette claffe d'honnêtes gens; tels font les termes de pero, mero, frero & fur, qu'ils prononcent de cette façon, comptant que c'eft la même chofe que pere, mere, frere & fœur.

Li vai plan coumo s'anavo prê. në la maire dou nis; il y va tout doux comme un preneur de taupes.

MÂIRË; La matrice : & l'on dit dans ce fens, le mal de mere, vapeur de mere; & non, de matrice.

MÂIRÎNO; La veille, ou la femme la plus âgée d'une maison. MÂISSAN. v. 1. Méchant. MAISSÉLA. v. 1. Joue, mâchoire. Qi të féra à la maisséla, dona li l'altra; & quelqu'un vous frappe fur une joue, préfentezlui l'autre. Maiffélo, ou madaiffo; la mâchoire, & méraphoriquement, les dents. A la maiffelo bono; il a la dent bonne.

MÄISSËS, mâissos, pluriel de

ΜΑΙ

mai, adverbe de quantité ; plus, davantage.

MAISSO. Voy. Maifsêlo.

MAISSU; Qui a de groffes mâchoires, une lourde ganache, chargé de ganache. au figuré, un gourmand, un fricaffeur. L'augmentatif de maissu est mâiffudas.

MAISTRË, dit pour, majhif trë; maître, principal. Vala maîftrë; ruiffeau principal, grande tranchée faite au travers d'une colline pour recevoir l'égout des petites ravines qui aboutiffoient à un champ cultivé & qu'on detourne ailleurs par ce moyen. Vala maîftre, ou maïftrë, fe dit auffi d'un grand follé creusé dans une plaine, & auquel d'autres petits foffés aboutiffent & s'y déchargent.

MAISTRO, féminin de maïftrë, a les mêmes fignifications, & n'eft guere appliqué qu'au chaton femelle de certains arbres, & en particulier du châtaigner, qui porte fur le même pied des chatons mâles & femelles. La maiftro, ou chaton-femelle, eft le chaton principal, le maître chaton qui décide de la bonne, ou de la mauvaise récolte, felon que le châtaigner en eft plus ou moins fourni après la chute des chatons mâles.

MÂIZO, mâizo, ou mâifoun. Ce terme prononcé à la languedocienne eft auffi ancien que celui d'ouftâou, fon fynonyme : la raison en eft, qu'il eft devenu n. pr. pour certaines habitations appelées maizoun-novo. On ne prononce pas ce nom comme en fr. mefon: mais on fait fonner l'i, en appuyant fur l'a dont l'i fait partie comme une appendice du fon principal de l'a: on fait par-là une diphthongue languedocienne de, ái, qui n'eft dans le mai du mot maifoun qu'une feule fyllabe: c'eft ainfi qu'on prononçoit autrefois. Dëfra las máifos, la mâifo dal comu, l'Hôtel de Ville, &c. Et pour

avertir de cette prononciation qui nous eft propre, on écrivoit quelquefois la diphthongue, âi, par uny grec máyzoun.

MAJHE; Grand, plus grand. En parlant des enfans d'une famille, lou majhë; l'aîné, le plus âgé.: Le plus grand. Ma jhë eft vifiblement le majus, ou major. lat. d'où l'on a formé récemment l'expreffion françoife, la majeure partie, pour, la plus grande partie.

Notre, Majhë s'eft confervé dans le fr. Juge-Mage, ou premier Juge, Juge principal, ou Lieutenant du Sénéchal. MAJHË-FÉSTO; Fête patronale. Voy. Vôto.

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MAJHË-PAR (la) ; La plûpart. Lorfque, la plupart eft nominatif & qu'il regit un verbe on conftruit le verbe au fingulier, ou au pluriel, felon que le mot auquel il fe rapporte a trait à l'un ou à l'autre : ainfi on dit la plupart du peuple vouloit, & la plupart de fes amis l'abandonnerent. Lorfque, la plûpart fe dis abfolument il regit le pluriel. La plûpart vouloient.

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MAJHENC, ou maiënc; Le foin qu'on fauche en Mai.

MAJHENCA, ou rëfôirë; Biner donner à la vigne un fecond labour qu'on fait ordinairement en Mai. On a dans quelques Provinces un outil appele binette, propre à cette façon, qui ne confifte qu'à égratigner la terre, pour la rendre perméable à l'humidité de l'air & pour y faire périr les mauvaifes herbes qui la defféchent.

On a dit, majhënca pour, maiënca; faire un labour en Mai; comme on a vu précé demment le terme maiën, pour ce qui appartient au mois de

Mai.

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L'on remarquera à ce fujet que la prononciation du n. pr. précédent, Majhëncoûlo par l'j confonne, eft plus récente que celle par l'i voyelle, maiëncoûtlo puifque dans les plus anciens manufcrits languedociens l'j confonne y eft inconnu, comme il l'eft dans l'italien, & comme il l'étoit probablement dans la langue des anciens Romains.

=

MAJHENO; Image, ou médaille de pélerin. Majhêno ou majhîno ; une poupée. Poulido coum'uno majheno; jolie comme une poupée.

MAJHER, v. 1. Voy. Gâspo. MAJHERS. v. 1. Le plus grand. Qual që fumëliara en diffi co queft efants, aquift ës majhers el regn del cel; quiconque s'humiliera comme cet enfant fera le plus grand dans le royaume des Cieux.

MAJHISTRÂOU, maîstrâou, ou miftráou, dérivé de matftrë, maïftrë; maître, principal, fe dit de la tramontane, nord-nord-oueft, qu'on regarde comme le premier & le principal vent.

du vent

MAJHOOU. Voy. Roussë. MAJHOFO. Qinto majhôfo! quel coup, quelle bofle! MAJHORMEN; Sur-tout principalement.

ou

MAJHOUFIÉ; Le fraifier. Il fe multiplie de traînaffes, des fils qu'il jete de tous les côtés. Ces fils le provignent, en pouffant des racines ou des feuil

Chili qui eft de la groffeur d'une petite noix, ne vaut pas la nôtre pour le goût, ni le parfum Le Capron et une troifieme efpece de fraife qui dans fa plus grande maturité eft ferme & a un côté verdâtre. en gallois, méfous. en v. fr. maiofos. MAJHOURANO; La marjolaine : plante aromatique. MAJHOURAOU, ou majhoural; Le chef, le maître. = Le maître berger. = L'aîné d'une famille. Le coq d'une Paroille, ou d'un village; ou celui à qui refprit, le bon fens & les fervices rendus ont donné un crédit & une autorité bien fupérieure à celle que s'attribuent, ou s'arrogent la nailfance, les emplois,

ou les richelles fans talens.

MAJHOURAOU ; Un jaune

d'œuf.

MAJHOURIÉ; Une groffe

poutre.

MAKEIROU ; Meurtriffure noire, ou livide, une échimofe. Une feuille de tabac flétrie en

tre les mains & appliquée de bonne heure fur la partie meurtrie, eft un excellent remede. Le perfil pilé avec du fucre y eft très-recommandé, lorfqu'il y a échimofe ou épanchement de fang entre cuir & chair. pr. ékimofe.

MAL, málo; Aigre, âpre. Binagrë mal; du vinaigre fort. MAL, ou mâfo; Le maillet d'un fendeur de bois : fes deux têtes font quelquefois liées avec une virole de fer; comme celles du mail à jouer à la boule.

MAL; Le martinet, ou grof fiffime marteau des forges. MALABERO (d); Avec peien s'incommodant.

ne

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ladie; & non faire une maladie, gafconifme. Elle eut une maladie à la fuite de fes couches; & non elle fit une maladie en fuite de fes couches : on peut feindre une maladie ; & non, la faire.

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MALAFACHO, malafâcha; Délit, contravention, & proprement, mauvaise action. Ana ën malafâcho; aller à la picorée, ou en maraude; ou bien aller en garouage, ou courir le guilledou; c'est à dire, aller dans un Trouba en malafácho; trouvé, lieu fufpect, ou mal famé.

ou pris en flagrant délit. b. lat. inventus in malafacha, ou tala. en v. fr. méfait.

MALA-FAN. Morir dë mala

fan; mourir de mifere, mourir miférablement par famine.

MALAGHET; Le cerifierfauvage. Son écorce eft un febrifuge. Ses cerifes font ameres. On les vend quelquefois aux Apothicaires en marmelade pour le fruit du nerprun.

Rofes de

MALAIROSOS ; provins, d'un beau rouge cramoifi foncé. On les emploie en médecine. Malairôzos eft dit pour,

mâles rofes; parce qu'elles font d'une couleur forte & vigoureufe, à la différence des roles ordinaires.

MALAMËN; Fort, beaucoup, étrangement, extrême ment, cruellement. en lat. male.

MALAMOR; Mort violente, mort tragique. Morir de malamor; mourir dans les fupplices. Mourir de la main du bourreau. La malamor ti vegno; puiffes tu être pendu, ou rompu. On dit le plus fouvent, la ma mor; comme une fimple expreffion d'impatience. On dit auff

plus brièvement, la malo! ce qui revient à foin! pefte! &c. MALÂOUTAS augmentatif de maláqu. Voy. Mâcu en trin. MALAOUTË, ou maláou. On dit en proverbe, fâou pa dëmanda à malãoutë së vôou mëdëcino; il ne faut pas demander à un malade s'il veut fanté. Un parla dë malâou; ton dolent, langoureux, ou languiffant qu'affectent certains pauvres pour inf pirer de la compaffion; ce qui produit un effet contraire.

MALAOUTËJHA, ou malavëjha; Traîner, languir par l'effet d'une maladie, ou d'une infirmité habituelle. N'a pa gâirë malâoutëjha; il n'a pas traîné long-temps.

MALAOUTIÉ. A fat uno malaoutié, il a eu une maladie ; & non, il a fait une maladie.

MALÂOUTIĖS das magnas; Les mues des vers à foie. Ils en ont fix en y comprenant les deux qu'ils font dans le cocon, ou lorfqu'ils quittent la dernierepéau de ver, & celle de chryfalide. On appelle auffi, mues les peaux dont ces infectes fe dépouillent.

Les parties du papillon font affez bien deffinées fous la peau de la chryfalide: mais celle ci n'a prefque rien de commun avec le ver lui-même.

MALAOUTIÊIROS; Maladrerie, leproferie: maifon ou hôpital deftiné autrefois aux malades attaqués de la lepre, ou la drerie, fruit, dit-on, des Croifades. St. Lazare, appelé par corruption St. Ladre, étoit le patron de ces hôpitaux, deffervis d'abord par les Chevaliers du Temple, ou les Templiers, & donnés enfuite à l'Ordre de Malthe, forfqu'il n'y eut plus de malades.

Le patron St. Ladre a donné le nom à la maladie & aux mai. fons. On difoit, mal St. Ladre, ou fimplement, mal ladre; ce qui n'eft pas loin de maladrerie. Voy. Ladre.

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sejha.

MALAËTS, ou malazit; v. 1. maudit, déteftable. Malin. MALAZITO. v. 1. Malédiction, imprécation, maudiffon. MALBOULIËNSO; Méchanceté. en v. fr. maleftie.

MAL-COMPAZÎBLË. v. 1. Mal qu'on ne peut arrêter; (inquierum malum.)

MAL DESPIECH, on mâou dëfpiech; pefte de. . . . Mal dëfpiech lé cap de por; pefte du fot. Voy. Dëfpié.

MAL-DIG. v. 1. Paráoulos de maldig; blafphêmes.

MAL DIR. v. 1. Blafphemer. No fia maldits lo bës noftrë; n'expofez point aux médifances des hommes les biens dont nous jouiffons.

MALDIZORS. v. 1. Bënēzets los maldifors de vòs; béniffez ceux qui vous maudiffent.

MALËSQIS ( de ); De mauvaife grace, par dépit.

MAL ESTRUC; Mal inftruit, mal appris, ignorant. Mal eftruc paroît avoir été l'origine du fr.

MAL

56 malotru, & le n. pr. Aftrucêtre le même, & avoir été corrompu de ëftruc.

MAL-FAR; Maltraiter. = Porter préjudice.

MAL-FARAS; Malicieux, qui fe plaît à faire du mal.

MÂLHA, ou mália; v. 1. maille: très-petite monnoie, moi tié d'un denier, qui eft luimême, par le non-ufage, au rang des mailles & des pittes. Fa la malia bona; arrêter un compte, en allouer les articles. Rembourser, dédommager quel qu'un des menues dépenfes qu'il a faites, lui en tenir compte. MALIA; Mailler, terme du jeu de quille. On maille à ce jeu lorfque la boule paffe à travers les quilles fans en renverfer aucune. Malia eft de deux fyllabes, parce que ia n'en fait qu'une, étant une diphthongue que nous ne prononçons point comme mali-a. Pour produire en fr. le même fon que le languedocien, on écrivoit mailla. Notre ortho

graphe eft plus fimple. V. Palié, MALHA-NIRVA. v. 1. Ride. lat. ruga.

MALHÃOU, ou maliáou. Voy. Plantié.

MALICANO, ou arro (poûmo malicano); pomme fauvage, pomme des bois, d'un goût âpre & agrefte pareille à celles dont on fait le bon cidre.

MALICIADO, au propre ; malice, mutinerie, quinte. au figuré, une guilée, une giboulée

de Mars.

MALIDA. v. 1. Irtité.

MALIËTO; Porte, ou anneau à quoi s'accroche le crochet d'une agrafe. Voy. Noufcleto. MALIJHE. v. 1. & n. pr. mal aife, incommodité, infirmité. de la b. lat. malignare;

être infirme.

MALINCOUGNO; Trifteffe,

mélancolie.

MAL-INJHERT; Mal-mis, mal-propre, mal-bâti, en défordre.

MAL

MALIÔOU, maliol, maliólo ;; un avantin: farment de vigne qu'on plante dans une tranchée pour former un cep: il y en a de deux fortes; favoir, les croffettes & les barbues: celles-ci ont du chevelu, & reprennent plus aifément. On les appelle dans quelques provinces des fautelles. du lat. malleolus.

MALIÔOU, ou maliôlo; la bande, la bandelette d'un enfant au maillot. Ce dernier terme ne répond pas à maliôou: c'est un nom colle&tif qui comprend la couche, le lange, la bande, tout ce qui fert à envelopper un enfant de cet âge. Voy. Bouráfo.

&

MALIUGA; Rouer, ou rompre un criminel.

MALL-PUBLIC. v. 1. Au

diance.

MAL-M'AGÂCHO, ou máoum'agácho; terme de mépris qu'on dit en général d'un borgne, d'un louche, d'un bigle.

MALE das pors; forte de ca. cochymie qui furvient aux jeunes pourceaux mal-foignés & trop expofés au froid dans leur étable, où on les tient malproprement faute de litiere: ils ont la peau d'un roux fale, les foies du dos hériffées; ils font exténués & ne profitent pas.

MÂLO, la mâlo! expreffion d'admiration ou d'étonnement; oh !

bourru : phantôme imaginaire.

MALO BESTIO; Le moine

MALO-BOSSO; La peste. MALO-BOUZËNO; Malheur, mal-encontre. Pourta malo-boueno porter malheur. La malobouzeno ti vegno! puiffes-tu trouver quelque mal-encontre ! Voy. Bouzëno.

MALO-BOUVÎSTO, ou málo vifto; fort, maléfice, mauvaise cillade, mauvais coup d'œil, auxquels les magnaguiers fuperftitieux croyent, & fur quoi ils rejettent les mauvais fuccès

dont

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