L'orme heureux qui eft tout près de la ca hutte du Charbonnier, offre une vue fi bien compofée, que je lui ai donné la préférence dans la quantité que j'aurois pu choifir: beaucoup de gens inftruits, en lifant fur cet arbre Le voici cet orme heureux où ma Louife a reçu ma foi, se sont rappelé l'ariette du Déserteur; ils ont effacé ma foi pour y fubftituer mes vœux. Le fentier que vous fuivez traverse un petit bois de pins, & conduit fur une haureur où eft pratiquée une grotte cintrée foutenue par un pilier. On y lit ces quatre vers gravés fur le roc: Vois-tu, paffant, cette roche creusée! Elle a fervi, toute brute qu'elle eft, Cette grotte, ou plutôt ce banc couvert, préfente un afile commode pour jouir de la Luperbe vue que l'on découvre de la roche Jofeph. Si l'on me reprochoit de ne l'avoir pas fait graver, je répondrois qu'elle étoit trop étendue être réduite dans un auffi pour petit format; d'ailleurs les vues à vol d'oifeau, qui produifent fouvent un effet agréable par leur immenfité & leur variété, font ordipairement très-ingrates en peinture, où la mul tiplicité des détails nuit à l'effet général. Je demandai à mon conducteur, avant de quitter cet endroit, l'explication des vers de l'inf cription. Il me dit que l'Empereur étant venu voir Ermenonville, la pluie l'avoit furpris dans ce lieu, & qu'il s'étoit mis à couvert fous cette grotte; c'est depuis ce temps qu'elle eft appelée la roche Jofeph; & M. de Gérardin a voulu confacrer ce petit événement par ces quatre vers. J'avoue que je fus fâché que cet hommage à Jofeph II vînt troubler dans mon efprit l'idée d'égalité que l'afpec d'un défert y avoit fait naître. En fuivant le fentier tracé à mi-côté, vous trouvez écrit fur un tronc de genevrier : Sentier des Peintres. Que tous ceux qui n'ont rien fenti en parcourant l'enclos de la forêt, qui n'ont rien éprouvé lorfque le tableau du Défert s'eft préfenté à eux dans tout fon développement, enfin que ceux qui ne font venus ici que pour pouvoir dire, & moi aussi j'ai vu Ermenonville, s'arrêtent Jà. Que gagneroient-ils à poursuivre ? Rien. En defcendant la montagne, ils arriveront à la maison de Jean-Jacques par un chemin plus court & plus facile, & n'en auront pas moins vu Ermenonville. Mais que ceux qui cultivent les arts ou qui en ont le fentimenta |