Non la conobbe il mondo mentre l'ebbe ! « Le monde ne la connut pas lorsqu'il la possédoit; o mais je la connus bien, moi qui suis resté ici pour o la pleurer. » Sur la face opposée à la porte, on lit : PETRARCA. Occupé de pensers d'amour, je viens dans ces » lieux, où l'on entend les oiseaux se lamenter , le doux zéphyr agiter mollement les feuillages, le > murmure des eaux limpides qui arrosent une rive » fraîche & Aeurie; & j'écris , Celle que le ciel nous » monira, la terre nous la cache ». Lorsqu'on a traversé une ausli grande étendue de prairie, exposée aux ardeurs du midi, quel plaisir n'éprouve-t-on pas en arrivant dans le joli bois d'aunes, qu'on appelle le Bocage! L'entrée en est annoncée par un : ( 8ر ) ) bâtiment (1) d'une forme ronde, avec cette dédicace : Orio & Mufis, au Loisir & aux Muses. Il tombe en ruine; l'on ne paroît pas disposé à le faire rétablir : on sent combien il est déplacé. Suivez ce sentier qui se présente à vous; il conduit à une grotte cintrée, où vous trouverez un banc de mousse : l'on s'y arrête avec ravissement, pour y jouir de la fraîcheur qui règne dans ces lieux. Vis-à-vis eft un bassin d'une eau claire & limpide, du fond duquel s'élèvent, en bouillonnant, sept sources différentes, dont l'une apporte une grande quantité d'un sable blanc & fin; ce fable forme le lit du petit ruisseau qui fait le charme & l'ornement du Bocage. Les ombrages épais. de l'aune à la feuille noirâtre permettent à peine au soleil de jeter , à travers ses masses, des jours douteux & inégaux. Une petite cascade d'une eau transparente donne, par son doux murmure, un charme de plus à cette délicieuse retraite. C'est ici , Peinture, qu'il faut quitter tes pinceaux; ce tableau 多 (1) Voilà , avec les deux ponts du côté du nord, les seuls monumens des travaux d'un Architecte qui, dans fa théorie des jardins, veut faire entendre , d'une manière fort adroite, qu'il elt le créateur de ceux d'Erinenonville. ( و ) ( n'est point fait pour toi, tu ne saurois rendre son effet séduisant : tes droits finissent lorsque la Nature cesse de parler aux yeux; c'est à la Poésie à s'en emparer , lorsqu'elle parle à l'imagination; c'est à la Poésie seule qu'il appartient de donner l'idée d'un bocage où rien n'est pittoresque, & où tout est enchanteur; c'est elle qui doit animer cette scène par le ramage des oiseaux & les épisodes du génie; c'est elle aussi qui a fixé le caractère de cet afile par les huit derniers vers de l'inscription que voici : Olimpide fontaine ! ô fontaine chérie ! Puisse la fotte vanité Par aucun tourment de la vie , L'avarice , & la fausseté! Et le cristal d’une onde pure Et les images du plaisir. Ce n'est qu'avec peine qu'on parvient à s'arracher d'un lieu fait pour plaire à tous les âges : la jeunesse voudroit y venir sou pirer le plaifir, l'âge mûr y vivre de souvet nances, & la vieillesse y rêver l'avenir. Le sentier serpente au gré d'un ruisseau que vous traversez sur un petit pont de bois; il vous conduit au bord d'un baflin d'une eau transparente & pure, qui vient tomber en différentes petites cascades, pour former le joli ruisseau qu'on vient de côtoyer. Auprès de la première chûte , à l'ombre d'un saule pleureur , on aperçoit un monument dans le goût antique. On y lit ces deux inscriptions : Qui regna l’Amore. L'acque parfan d'amore , PETRARCA: « Les eaux, le zephyr , les feuillages, les petits » oiseaux, les poissons, les fleurs, le gazon, tout » parle ici d'amour. » Le sentier vous mène, en tournant , sur le bord de la grande rivière , que vous traversez dans un va & viens, vis à vis de la tour de Gabrielle; mais, tandis que vous avancez , votre pensée vous ramène au Bocage : c'est ainsi que le souvenir peut encore rendre heureux, lorsqu'on vient de cesser de l'être. |