tant par un petit escalier, qu'on avoit pratiqué dans le mur, j'allai fur la plate-forme, d'où je confidérai à loifir toutes les ruïnes de ce fuperbe édifice, qui me parut avoir environ 150. pas de long fur 100. de large. J'ai joint à la figure de ce Temple, celle de fon plan geométrique afin que le Lecteur n'ait rien à defirer fur un fujet fi curieux & fi interreffant.

Les vaftes débris & le prodigieux nombre de Colomnes qui font répandues de tous côtez me perfuadérent aisément qu'il y avoit eu autrefois en cet endroit une Ville auffi grande qu'elle étoit magnifique, & om ne peut pas douter que ce ne fut celle d'Hermontis, dont Stra→ bon, Ptolemée & Stephanus, nous ont laiffé la defcription dans leurs ouvrages. Ces AuB. 2

teurs

teurs la placent dans le Nome Hermontite, dont elle étoit la Métropole, un peu au-deffus de Thebes, fur le bord Oriental du Nil, & au deffous de Latopolis& de la grande ville d'Apollon. Stephanus nous aprend, après Strabon, que Jupiter étoit la grande Divinité des Hermontides, qui avoient auffi beaucoup de vénération pour Ifis & pour Apollon; & quand nous ne trouverions pas cette particularité dans leurs écrits, nous avons encore des Médailles & d'autres Monumens qui ont conservé le nom de Jupiter Hermant ; une entr'autres, avec la tête d'Adrien, & au revers la figure de Jupiter debout, tenant d'une main un Aigle, & de l'autre la Hafte pure fymbole de la Divinité, avec cette Infcription EPMONO, qui eft l'abregé ΕΡΜΩΝΟ, d'EP

ΕΡΜΩΝΘΙΤΩΝ. Ainfi ce monument, & la Divinité à laquelle il étoit confacré, ne font pas de ces chofes problématiques, où l'on fait fouvent fervir de preuves les conjectures les plus frivoles.

Je n'entreprends pas de décider ici quel étoit ce Jupiter que Strabon apelle Ερμονθι τῆς ξεως ; étoit-ce Apollon qui portoit aussi le même nom, fuivant cet habile hiftorien, ou Mercure, dont ce nom femble dérivé ? C'eft ce que je n'oferois décider.

Après avoir parcouru, avec atention toutes les ruïnes de l'ancienne ville d'Hermontis, je traverfai le Village d'Armant, qui n'en eft pas fort éloigné. Ĉe lieu paroît avoir été autrefois affez confidérable, comme on le voit par un grand nombre de Mofquées, qui tombent pref

prefque toutes en ruïnes. Mesguides m'affurérent même qu'il avoit été entierement abandonné il y a quelques années, & que les habitans qui y font aujourd'hui en affez petit nombre, y font venus des environs.

Etant monté fur une petite élévation, je vis à gauche du Village de Gorne, plufieurs monumens qui me parûrent mériter quelque attention. Je crus d'abord que c'étoit des Colomnes; mais ceux qui m'accompagnoient m'affurérent que c'étoit Figu des Figures Coloffales; m'en loffal étant aproché, je vis en effet deux Statues d'un beau marbre rons de granite grifâtre, qui ont chacune plus de 60. pieds de haut. On les apelle le bœuf & la vache, parce qu'on voit fur leurs têtes des cornes femblables à celles de ces animaux. C'étoient aparem

res Co

les aux

envi

Gorne.

ment

ment des representations d'Ifis & d'Ofiris, les deux grandes Divinitez d'Egypte, qui pour avoir enfeignél Agriculture aux Egyptiens, furent mis après. leur mort au rang des Dieux, & honorez fous les fymboles de ces deux animaux. On m'affura qu'il y avoit une autre Statue à deux lieuës delà d'une groffeur prodigieufe, dont la tête reprefentoit une femme fur le corps d'un Lion ou de quelqu'autre animal, & qu'on trouvoit en ce même endroit un nombre. prodigieux de momies, qu'on retiroit des Puits & des autres -lieux foûterrains. Comme tous les environs font remplis de ruï nes & de monumens, je ne doute point que le lieu dont on me parloit ne fut celui des Catacombes, ou d Hermontis ou de Latopolis, qui en étoit pro

che.