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l'année, & que ces fenêtres répondant à tous les degrez de l'écliptique, le Soleil venoit chaque jour faluër la Divinité qui y préfidoit ; mais outre qu'il ne paroît à present aucune de ces fenêtres, je ne connois aucun ancien Auteur qui ait fait cette remarque au fujet du Temple d'Andera. Tout ce que je puis dire ici, fans rien décider fur ce fujet, eft que je ne crois pas qu'il y ait encore dans le refte du monde un monument qui offrent rien de fi prodigieux,. & c'est ici qu'on peut justement apliquer ce que Pline dit du Labirinthe, portentofum humani ingenii opus.

Ce qui eft de bien certain c'eft que le lieu dont je viens de parler, & qu'on nomme aujourd'hui Andera, ainsi Village qui eft auprès, étoit

que le

au

autrefois la Ville de Tentyris, qui étoit dans la Haute Egypte fur le bord Occidental du Nil, à plus de 100. lieuës de Memphis, dans le Nome Tentyrite, dont elle étoit la Métropole, fuivant tous les anciens: Ses habitans, fuivant le raport de Strabon, étoient ennemis déclarez des Crocodiles, & ne les regardoient pas avec le même refpect que ceux de la Ville d'Arfinoé & quelques autres. Et cette contrarieté de fentimens attiroit fouvent la guerre entre les differentes Villes comme nous l'aprenons de Juvenal, qui dit que le Peuple de chaque Ville d'Egypte croiant qu'il n'y avoit que fes Dieux qui méritaffent d'être adorez, méprifoit ceux des autres, & conçevoit quelquefois, par ce motif, une haine irréconcilia

ble

ble contre les voifins, comme on le voioit encore de fon tems, entre les habitans d'Umbos & de Tentyris.

Il me reste à faire encore une réfléxion fur ce fujet ; c'est que fi l'on trouve dans des Villes comme Tentyris & quelques autres des monumens d'une

fi grande beauté, , que doit-on penfer de ceux qui étoient dans les Villes principales, dans cellés qui étoient le féjour ordinaire des Rois, comme Thebes, Memphis & Alexandrie? Et quelle idée ne devons-nous pas avoir de la puiffance & dela magnificence des anciens habitans de l'Egypte ? Après avoir quitté à regret un lieu où il refte tant de monumens de la plus grande antiquité, que Je n'eus pas autant de tems de parcourir que je l'aureis fou

Conti

nuation

haité, je revins à nôtre Bar-
que, & aiant repris le courant
de l'eau, on arriva bien tôt au
Village d'Andera, qui n'est qu'à
deux lieues des ruïnes que je
viens de décrire. Comme on y
tenoit ce jour-là le Marché, je
mis pied à terre pour y aller
acheter quelques Médailles
& j'y en trouvai d'affez bon-

nes.

Le onze on arriva au Port de la de Bajoura à deux heures après juf- minuit. Le lendemain matin

route,

qu'au

Caire. je fus avec Moustapha, remer

cier le Chek de la bonté qu'il avoit euë de nous fournir une Barque nous en fûmes reçûs avec beaucoup de froideur, parce qu'il avoit été informé du mauvais traitement que Mouftapha avoit fait à fes gens, & fur-tout au Patron de la Barque, qu'il avoit battu avec beau

coup

coup d'emportement. Ce qui : étoit de plus fâcheux dans les circonftances où nous nous trouvions, c'eft qu'il refufa de nous continuer ces honnêtetez, & nous ne favions comment faire pour nous en retourner. Par bonheur que le frere de fon Secretaire, incommodé de deux taches fur les yeux, eut befoin de mes remedes. J'eus le bonheur de le guérir, ce qui fit affez de plaifir au Chek, pour l'obliger de nous faire donner, pour nôtre argent, une fort petite Barque, & fi mal équipée, qu'on ne pouvoit pas s'y mettre à couvert de l'ardeur du Soleil, qui étoit violente dans la faifon où nous étions alors. Il fallut pourtant s'en accommoder, à moins que de vouloir de meurer dans un miférable Village, fans efpérance de reFom. III.

E tour

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