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les inquiéter. Au fortir delà je me fis conduire à la Grotte où l'on entend le bruit dont j'ai parlé; & comme elle n'eft qu'à un demi-quart de lieuë de celle où demeurent les Coptes, leur Prêtre voulut bien lui - même m'y accompagner. Cette Grotte peut bien avoir environ trois cens pas de profondeur; mais il n'eft pas poffible de mesurer fa largeur, à caufe de l'irrégularité des apartemens qu'on y a ménagez, & qui avançent ou reculent fans aucune fymmétrie. On me fit aller d'abord vers le lieu où l'on entend ce bruit extraordinaire qu'on croit dans le païs être l'effet de quelque Talifman, & que je jugeai, fans beaucoup de peine, être caufé, ou par le vent qui s'engage par quelques ouvertures dans ces vaftes Rochers, ou plûtôt par une chute d'eau

Tom. III.

F

qui

qui tombe & fe perd dans ces gouffres.

gnes

Je demande ici aux fçavans, par qui & en quel tems ont été taillées toutes ces Grottes qu'on trouve en fi grand nombre dans la plupart des Montade la Thébaïde, fur-tout du côté du Levant? N'étoit-ce pas l'habitation des premiers hommes, qui s'étant retirez en Egypte peu de tems après le déluge & ignorants encore l'Architecture, fe fervirent de ces demeures fombres, que la nature avoit aparemment commencé à leur ménager ? Et ne peuton pas les regarder, avec raifon, comme les premieres Villes du monde ? Car il ne faut pas s'imaginer ici que les Anachorettes, qui s'y retirérent dans les premiers tems de l'Eglife, les aient taillées eux-mêmes; el

les

les font fans doute d'une antiquité bien plus reculée, & il a fallu une dépenfe infinie pour les faire.

Après avoir vifité encore quelques autres Grottes, je defcendis la Montagne avec mes guides, pour aller rejoindre nos chevaux, & nous retournâmes à la Ville, en traverfant une Plaine fablonneufe, qui étoit, à ce qu'on m'affura, inondée autrefois par le Nil; mais fes eaux aiant pris un autre cours, elle eft prefentement ftérile.

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qu'on

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dans la

Dès que nous fumes arrivez à Siouth, on me fit paffer pour un homme merveilleux, & on a de publioit par tout que j'avois le ter fecret, avec mon bâton, de voir Haute dans les lieux les plus fombres, & même à travers les Rochers & les murailles les plus épaiffes; que j'avois par ce moyen découF 2

vert

Egy.

ptc.

vert tous les trefors qui étoient dans les Montagnes d'où nous venions, & que je reviendrois fans doute dans une autre occafion les enlever fans être aperçu de perfonne: difcours fondez uniquement fur ce qu'on m'avoit vû fouvent regarder avec ma lunette, tant ces bonnes gens font fimples & ignorans. Cependant, comme ces bruits qui fe répandoient de tous côtez dans la Ville auroient pû m'être pernicieux dans la fuite, je fongeai à ramaffer promptement les provifions dont j'avois befoin, furtout d'eau-de-vie,qu'on fait dans le païs,avec des dattes. Je m'embarquai le trente, & aiant dépaffé Manfelout, je fis mettre la Barque à bord pour aller vifiter les Grottes de la Montagne voifine, & qui font fi belles, qu'elles prefentent une fymmétric

ad

admirable. J'entrai dans quelques-unes de celles qui me parûrent les plus propres, dans une entr'autres qui eft parfaitement quarrée, & où l'on voit de belles Niches dans les quatre côtez, avec quelques figures de Momies. Tout le tour de la Grotte eft peint de plufieurs sujets d'hiftoire, & les couleurs en font fi belles & fi vives que fi elles ne venoient que d'être apliquées. Il régne autour de la Grotte une infcription de huit lignes que je ne pûs jamais déchifrer, & je fouhaiterois que quelqu'un plus habile que moi, dans la connoiffance des Langues Orientales pût voir un Monument qui mé rite fans doute l'atention des perfonnes les plus curieuses.

Etant forti de cette belle Grotte, j'entrai dans une autre moins grande à la vérité ; mais très

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