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Aoiles, en quel endroit du monde on étoit. Mais la Sageffe éternelle étoit fon pilote: l'œil CHAP. V. du Tout-puiffant ne ceffoit point d'être attentif fur elle: fa main feule la conduifoit, & en régloit tous les mouvemens. Tout ce qui étoit: dans l'Arche, étoit confié à la vigilance de Noé & de fes enfants, & foumis à leur autorité : mais la conservation & la conduite du vaiffeau, & le falut de tout ce qu'il renfermoit, ne venoit ni de leur foin, ni de leur travail.

I. On apperçoit déja dans ces premiers traits un rapport admirable entre l'Arche de Noé, & T'Eglife de Jefus-Chrift. L'Eglife n'eft conduite dans fon cours, délivrée du naufrage, & fauvée des eaux, & de la tempête, que par la force & la protection de Dieu. Elle ne fe conferve ni par la fageffe, ni par l'expérience des hommes. Elle n'eft jamais mieux gouvernée, que lorfque les Pafteurs ne s'appliquent qu'à leurs devoirs au-dedans, & laiffent à Dieu feul le foin des événements; ne s'effrayant jamais des vents & des flots, mais confidérant uniquement leurs obligations & leurs régles; & tâchant de mériter la protection de Dieu par leur obéiffance, au lieu de mêler à fa fageffe une politique indigne de lui, & injurieuse à fes promeffes.

II. L'Arche étoit l'unique moyen de fe fauver du naufrage. Aucun autre ne fut falutaire. L'adreffe, la force, l'expérience, tout fut inutile. Quiconque n'étoit pas entré dans l'Arche, fut noyé quiconque en feroit forti avant l'écoulement des eaux, l'auroit été auffi. Hors de l'Eglife on ne peut trouver ni la vie de la juftice, ni le falut; & jufqu'à la fin du monde il fera vrai de dire que tous ceux qui n'y font point entrez ou qui en font fortis avant leur

mort, périffent éternellement; fans que ni la CHAP: V. fcience, ni les talens, ni la puiflance, nila pratique extérieure des bonnes œuvres, puiffent leur être d'aucun fecours pour éviter un fi trifte naufrage.

IH. Aucun genre d'animaux n'étoit exclus de l'Arche. Les purs & les impurs, les doux & les féroces, les domeftiques & les fauvages, les oifeaux & les reptiles, y étoient admis sans diftinction, & tous y vivoient en paix fous la conduite de Noé & de fes enfants. L'Eglife Chrétienne renferme dans son sein toutes fortes de peuples, Juifs & Gentils, Grecs & Barbares: aucun n'en eft exclus par fa naiffance. Mat. 15. 26. Les Gentils que l'Ecriture compare à des animaux immondes , y font appellez aussi bien que les Juifs; & alors toute diftinction ceffe par la profeffion d'une même foi, l'efpérance aux mêmes promeffes, l'union fous un même chef, & la foumiffion à la même autorité. Il n'y a Col. 3. 11. alors ni Gentil, ni fuif, ni circoncis, ni incirconcis, ni Barbare, ni Scythe, ni esclave, nı li» bres mais fefus-Chrift est tout en tous.

Act. 10. 14.

IV. Perfonne ne pouvoit, fe plaindre avec justice de ce qu'il n'étoit point dans l'Arche comme perfonne ne peut ni fe plaindre, ni s'excufer de ce qu'il n'eft point dans l'Eglife. Ceux qui avoient entendu parler de l'Arche avant le déluge, ou qui l'avoient vû, étoient vifiblement inexcufables d'avoir négligé d'y demander des places. Mais ceux qui habitoient des pays éloignez, & qui ne connoifoient ni les malheurs prédits, ni l'unique moyen de les éviter, quoique moins aveugles, étoient affez criminels pour être dignes de mort, & indignes de l'Arche. En un mot tous méritoient de périr: perfonne n'étoit digne de pardon; &

Arche pouvoit être ignorée, fans que les hommes en euffent pour cela plus de droit à la vic. CHAP. I Ý. L'Eglife eft de même : c'eft un moyen pour le falut, dont perfonne n'eft digne; & ceux même qui ne la connoiffent point, ou qui la combattent de bonne foi par l'effet des préjugez de l'inftruction & de la naiffance, font traitez felon leurs mérites, en demeurant dans leurs té

nébres.

V. Il y a dans l'Arche de toutes les efpéces d'animaux: mais il n'y en a qu'un très-petit nombre de chaque efpéce: c'est Dieu même qui en fait le choix ; & ce choix eft abfolu ment gratuit. Le corbeau qui entre dans l'Arche, & qui y eft sauvé du déluge, n'a rien au-deffus d'un million d'autres qui périffent hors de l'Arche, C'eft de même par un choix de la pure miféricorde de Dieu, que les hommes font appellez à la foi & au falut : & comme nous avons vû que les animaux qui devoient être fauvez dans l'Arche vinrent fe préfenter à Noé par un inftinct que Dieu leur donna ; c'est auffi par l'infpiration de fa grace, que tous ceux qu'il prédeftine à la vie éternelle, A&. 13. 48, croient & embraffent la vérité. Leur entrée dans PEglife, la juftice qu'ils y reçoivent, & qu'ils y confervent, & le falut qu'ils y trouvent au milieu de tant d'autres qui périffent, font la fuite d'un difcernement dont Dieu feul, eft l'auteur, & où le mérite de l'homme n'a point de part.

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VI. Les eaux élevoient l'Arche au-deffus de la terre, à mesure qu'elles croiffoient. Les pluyes & les débordements, qui font tout périr, fauvent l'Arche, & l'élévent vers le ciel. Plus les eaux font hautes, moins elle trouve d'écucils. Plus l'inondation eft extraordinaire,

plus elle lui applanit la route, & la mer en CHAP. IV. état d'arriver où Dieu l'a conduit. Quelle confolation, & pour l'Eglife, & pour ceux qui l'aiment, de voir que toutes fes afflictions, & toutes les perfécutions qu'on lui fufcite, contribuent à l'élever vers Dieu, à la mettre au large & en liberté, à avancer & confommer la fanctification des Elûs!

yo yo yoyo yeye yo yo yo yo voye

CHAPITRE V.

Fin du déluge. Sacrifice de Noé. BénédiEtion de Dieu. Sévére défenfe de l'homicide. Arc-en-Ciel. Gen. 8. 9.

LA

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à

A terre demeura couverte des eaux du déluge pendant cent quarante jours après quoi Dieu s'étant fouvenu de Noé, & de tous les animaux qui étoient avec lui dans l'Arche fit fouffler un vent qui les deffecha peu peu. L'Arche s'arrêta d'abord fur les montagnes d'Arménie. Quelque temps après, les fommets des montagnes fe découvrirent. Quarante jours s'étant paffez depuis qu'on eut commencé à les appercevoir, Noé ouvrit la fenêtre de l'Arche, & lâcha un Corbeau, qui en étant forti, n'y rentra point : mais il alloit & revenoit, jufqu'à ce que les eaux fuffent entiérement defféchées. Après le Corbeau, Noé lâcha une Co

lombe

, pour voir fi les eaux étoient retirées de deffus la terre. La Colombe CHAP. V n'ayant pû trouver où mettre le pied, parce que la terre étoit encore toute Couverte d'eaux, elle revint à lui. Il attendit fept jours, après lefquels il lâcha de nouveau la Colombe, qui revint fur le foir, portant dans fon bec un rameau d'olivier, dont les feuilles étoient toutes vertes. Noé connut par là que les eaux étoient retirées de deffus la terre. Après avoir encore attendu fept jours, il laiffa aller pour la troifiéme fois la Colombe, qui ne revint plus. Noé fit alors une ouverture au toit de l'Arche; & regardant de-là, il vit la terre entiérement découverte.

Cependant il paffa encore près de deux mois dans l'Arche. Au bout de ce tempslà, comme la terre étoit tout-à fait deffechée, Dieu dit à Noć : Sortez de l'Arche, vous & votre femme, vosenfants, & les femmes de vos enfants; & faites-en fortir tous les animaux qui y font, & qu'ils croiffent & multiplient fur la terre. Noé fortit de l'Arche un an après qu'il y étoit entré.

Alors il dreffa un autel au Seigneur ; An du mon & ayant pris de toutes les bêtes & de de 1657. tous les oifeaux qui pouvoient être pfferts en facrifice ( car il avoit eu or

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