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de lui, ne font pas moins myftérieufes que for CHAP. IX. augufte qualité de Prêtre du Dieu très-haut. Elies nous font fouvenir de ce que nous devons à celui qu'il figuroit. Toutes les bénédictions nous viennent par Jesus-Christ, comme Pontife éternel. Il nous a tout mérité par fon facrifice. C'est de lui feul que nous recevons & que nous attendons tout c'eft à lui feul que nous en devons l'hommage; & c'eft en lui & par lui feul que nous pouvons rendre à Dieu de dignes actions de graces pour les victoires que fa protection toute-puiffante nous fait remporter.

Explic. de

la Gen, to. 2. P. 471.

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[Feléve la main, je jure par le Dieu trèshaut, &c.] Ancien ufage, de montrer le ciel, & le redoutable témoin qui y régne, & qui de là voit toutes chofes & fur la terre, & dans le cœur des hommes: figne effrayant, qui tient lieu d'imprécation contre le parjure, & qui paroît appeller une vengeance exemplaire, fi l'on ofe mentir devant une telle Ma jefté, & employer fon Nom, terrible pour autorifer le menfonge.

[Afin que vous ne puiffiez pas dire que vous avez enrichi Abraham.] Il refufe ici ce qu'il n'a point fait difficulté d'accepter en Egypte. Mais les circonftances font différentes. Les préfents de Pharaon étoient fans conféquence pour lui dans un pays où il ne devoit pas faire un long féjour. Ici le butin qu'on lui offre, lui attirer des fervitudes contraires à fon devoir, où le reproche d'être ingrat, s'il refuse fon fecours dans d'autres occafions à un roi qui paffera pour l'avoir enrichi: & il veut par ce généreux refus fe conferver libre & indépen dant. D'ailleurs une grande partie du butin étoit des effets que les ennemis avoient enlevez aux

peut

habitans de Sodome, aufquels Abraham croit qu'ils doivent être reftituez. Enfin il ne veut CHAP. III.

rien tenir de la libéralité des hommes dans un pays que la bonté de Dieu lui a promis. Il eft fous les yeux & fous la main du Tout-puiffant. Comme c'eft lui qu'il fert, & à lui feul qu'il veut plaire; c'eft de lui feul auffi qu'il attend la récompenfe de la bonne œuvre qu'il vient de faire; femblable au favori d'un grand roi, qui croiroit faire injure à fon maître, s'il acceptoit aucune libéralité d'un autre que de lui.

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Foi d'Abraham. Sacrifice mystérieux. Sommeil d'Abraham. Dieu lui apprend ce qui doit arriver à sa postérité. Gen. 15.

A

du

20921

PRE'S cela, le Seigneur parla à Abraham dans une vifion, & Anda M lui dit: Ne craignez point, Abraham : je fuis votre protecteur, & votre récompenfe fera infiniment grande. Seigneur mon Dieu, répondit Abraham, que me donnerez-vous? Car je mourrai fans enfants ; & cet Eliezer, fils de l'Intendant de ma maison.... Pour moi, continua-t-il, vous ne m'avez point donné d'enfants; & le fils de mon ferviteur, qui eft né dans ma maison, fera mon héritier. Le Seigneur lui répondit auffitôr; Non, celui-là ne fera

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point votre héritier: mais vous aurez CHAP. X. pour héritier celui qui naîtra de vous. Alors Dieu le fit fortir de fa tente, & lui dit: Levez les yeux au ciel, & comptez les étoiles, fi vous pouvez. C'est ainfi que fe multipliera votre race. Abrahamcrut à la parole de Dieu, & fa foi lui fut imputée à justice. Dieu lui dit encore: Je fuis le Seigneur, qui Vous ai tiré d'Ur en Chaldée, pour vous donner ce pays-ci, afin que vous le poffédiez. Seigneur mon Dieu, répondit Abraham comment puis-je connoître que je le pofféderai ? Le Seigneur lui répliqua Prenez une geniffe de trois ans, une chévre de trois ans, & un belier de trois ans, avec une tourterelle & une colombe. Abraham prenant tous ces animaux, coupa chacun en deux moitiez, qu'il mit vis-à-vis l'une de l'autre : mais il ne coupa point en deux la tourterelle ni la colombe. Des oifeaux venoient fondre fur ces bêtes mortes, & Abraham les chaffoit. Vers le coucher du foleil, il fe trouva furpris d'un profond fommeil.: une frayeur le faifit, & il fut comme enveloppé de ténébres. Dieu lui dit alors: Sçachez dès maintenant que vos defcendants demeureront dans un pays étranger, & qu'ils feront ré

les

duits en fervitude, & accablez de maux pendant quatre cents ans. Mais j'exer- CHAP. X. cerai ma juftice fur le peuple dont ils auront été esclaves ; & après cela ils fortiront avec de grandes richeffes.Pour vous, vous irez en paix avec vos péres; & vous mourrez dans une heureufe vieilleffe: mais vos defcendants ne viendront dans ce pays-ci qu'après la quatrième génération, parce que la mefure des iniquitez des habitants n'est pas encore remplie.

Après que le foleil fut couché, il se forma une épaiffe obfcurité : & il parut une fournaife, d'où fortoit une grande fumée, & une flamme de feu qui paffa entre les bêtes coupées par la moitié. En ce jour-là le Seigneur fit alliance avec Abraham, & lui promit de donner à fa poftérité le pays qui s'étend depuis l'Egypte jufqu'au grand Heuve d'Euphrate.

ECLAIRCISSEMENTS ET REFLEXIONS.

[Ne craignez point, Abraham: je fuis votre protecteur; (felon l'Hebreu, vôtre bouclier) votre récompenfe infiniment grande. ] La victoire qu'Abraham venoit de remporter, étoit capable de donner de l'ombrage aux princes du & les rois vaincus pouvoient revepays; nir avec une armée plus nombreuse. Dieu le Tome 1.

H

raffure, en lui donnant parole qu'il fera touCHAP. X. jours fon protecteur. Il avoit refulé les préfents du roi de Sodome; parce qu'il ne vouloit point recevoir la récompenfe de la victoire d'une autre main que de celle qui la lui avoit fait rem porter: & ieu qui ne fe laiffe jamais vainere en générofité, lui promet une récompenfe infirie, qui n'eft autre que lui-même.

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[Seigneur, mon Dieu que me donnerez-vous? car je n'ai point d'enfants, &c.] La nouvelle promeffe que Dieu venoit de faire à Abraham, lui rappelloit le fouvenir de celle dont il étoit le plus occupé, & qui regardoit l'ayénement du Meffie. C'étoit par lui qu'Abraham attendoit de Dieu la protection de fa grace pour la vie préfente, & la récompenfe pour la vie future. Il ne doutoit pas que ce Sauveur ne dût naître de fa race, puifque Dieu le lui avoit révélé. Mais fon âge & la ftérilité de Sara commençoient à lui faire croire que cet honneur qu'il avoit efpéré pour un de les véritables fils ne lui, feroit accordé que pour un enfant né dans fa maison, dont il deviendroit pére par adoption. C'étoit Eliezer fils de fon Intendant, Il penfoit alors à faire cet enfant fon héritier. Il en parle néanmoins avec quelque fentiment de trifteffe; & fon difcours entrecoupé découvre le fond de fon cœur. Mais Dieu le confo le à l'inftant, en lui déclarant qu'il aura pour héritier un fils qui naîtra de lui, & pour exercer de nouveau & affermir fa foi, il lui montre fous une nouvelle image l'innombrable poftérité dont il veut le rendre pére. Dans l'apparition précédente il avoit comparé la multitude de fes defcendants à la poufliére de la terre. Dans celle-ci il fait fortit Abraham de fa rente pendant une belle nuit; & lui montrant

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