qui n'ont couté à la toute-puiffance qu'une pa- CHAP. X. role: C'est ainsi, lui dit-il, que fe multipliera vôtre race. Croyez feulement, & attendez avec perfévérance l'effet de ma parole. [ Abraham crut à la parole de Dieu; & fa foi lui fut imputée à juftice.] Abraham n'avoit jamais douté des promeffes de Dieu; & ce que l'Ecriture dit ici de fa foi, & de la juftice dont cette foi étoit le principe, doit être suppléé dans les trois occafions précédentes où Dieu lui a parlé, quoique l'Ecriture n'en ait riem dit. Mais fa juftice étoit d'abord moins parfaite. Elle prit de nouveaux accroiffements, à mefure que fa foi vive exercée par de nouvelles promeffes, fe fortifioit, & l'attachoit plus intimement & plus inviolablement à Dieu. Nous expliquerons ces paroles importantes dans le chapitre fuivant. [Comment puis-je connoître que je le poffederai?] Ces paroles ne font pas l'effet d'un doute dans celui dont l'Ecriture vient de louer la foi. Elles marquent feulement le défir qu'il a d'apprendre en quel temps & de quelle maniére Dieu accomplira fa promeffe. [Prenez une geniffe de trois ans c.] Ce qu'Abraham fait ici par l'ordre de Dieu, eft ane cérémonie très-ancienne, obfervée depuis par les Juifs, & par les payens mêmes, pour Jer. 34. 1 la confirmation des traitez. On coupoit en & 19. deux un animal & les parties contractantes Tit. Liv. liv. paffoient entre les deux moitiez, comme pour marquer qu'elles mériteroient d'être coupées en deux comme cet animal, fi elles venoient à violer le traité. Dieu dans l'alliance qu'il va faire avec Abraham, veut bien lui donner par Bette cérémonie une nouvelle-affurance de 40. D. 6. l'immobilité de la parole. Toutes les espéces CHAP. X. d'animaux qu'on avoit coutume d'employer pour les facrifices font réunies dans cette myftérieufe cérémonie. Les bêtes à quatre pieds font coupées en deux: mais les oifeaux ne le font pas. Abraham les mit, l'un d'un côté, l'autre de l'autre. [Il fe trouva furpris d'un profond fommeil &c.] Ce fommeil fut une extafe & un ravissement d'efprit, où Abraham vit avec un faififfement plein d'horreur, la dure captivité que fes defcendants devoient fouffrir en Egypte. [Pendant quatre cents ans. ] Depuis la naiffance d'Ifaac, d'où l'on commence à compter l'accompliffement de la prédiction, il y a quatre cents cinq ans. Mais l'Ecriture fe contente fouvent de marquer les nombres parfaits, fans exprimer le plus ou le moins de quelques années. Pendant tout ce temps-là, les defcendants d'Abraham furent étrangers dans la terre de Chanaan l'efpace de cent quatre-vingts dix ans & enfuite dans l'Egypte pendant deux cents quinze ans. Dieu dit qu'ils ne viendront dans la Terre promife, qu'après la quatrième génération ; c'eft-à-dire après quatre cents ans i par le mot de génération on entend un fié cle. Mais fi on veut prendre ce mot à la lettre, on trouvera quatre générations, en commençant compter depuis l'entrée de Jacob en Egypte, jufqu'à la fortie; par exemple Levi Tun des fils de Jacob, Caath fils de Levi, Amram fils de Caath, Moife fils d'Amram. & [La mefure des iniquitex des habitants n'eft pas encore remplie. ] Leur étoit réfolue: perte mais le temps n'en étoit pas encore venu; Dieu ne veut pas le prévenir, même en faveur Abraham. Les graces de Dieu ne padent d'un peuple à un autre, que lorfque celui qui en [Il parut une fournaife,cu un four, &c.] La fervitude d'Egypte eft appellée ailleurs la fourmaife de l'Egypte, une fournaife de fer. Cette fournaife fumante étoit un fymbole qui repréfentoit à Abraham la dure fervitude, & les pénibles travaux de fes defcendants en Egypte. La flamme du feu qui en fort, c'eft Dieu même, qui devoit tirer fon peuple d'efclavage, & le conduire par une colonne de feu. Ainfi Dieu dont cette flamme étoit l'image, ratifia le traité fait avec Abraham en paffant au milieu des victimes; comme Abraham y avoit fans doute paffé au nom de fa postérité: CHAPITRE XI. Agar. Sa fuite & fon retour. Naiffance d'Ifmael. Circoncifion.. Naiffance d'Ifaac prédite. Gen. 16. 17. SA ARA femme d'Abraham n'avoit An du men- d'âge d'en avoir: mais ayant une escla- moins fi je pourrai avoir des enfants par CHAP. XI. elle. Abraham l'épousa felon le défir de Sara. Mais Agar voyant qu'elle avoit conçû, commença à mépriser sa maîtrefle. Sara s'en plaignit à Abraham, qui lui dit : Votre esclave eft en votre pouvoir faites-lui ce qu'il vous plaira. Sara l'ayant donc châtiée, Agar prit la fuite. Comme elle erroit dans le défert, un Ange du Seigneur lui dit : Agar, d'où venez-vous ? & où allezvous? Elle répondit: Je fuis de devant Sara ma maîtreffe. L'Ange lui répartit: Retournez à vôtre maîtreffe & humiliez-vous fous fa main. Et il ajoû ta, parlant au nom de Dieu : Vous voilà enceinte : vous mettrez au monde un fils, & je vous donnerai une postérité innombrable. Agar retourna donc chez Abraham, où elle mit au monde un fils qui fut appellé Ifmaël. Treize ans après la naiffance de cet enfant, Dieu apparut à Abraham, qui étoit alors âgé de quatre-vingts-dixneuf ans; & il lui dit: Je fuis le Dieu tout-puiffant: marchez en ma préfence, & foyez parfait. Je ferai alliance avec vous, & je multiplierai vôtre race juf qu'à l'infini. Abraham fe profterna le vifage contre terre ; & Dieu lui dit : Oui, je fais alliance avec vous, & je vous établis pour être le pére d'une multitude de nations. Je vous donne- CHAP. XI, rai une poftérité très-nombreufe: je vous rendrai le chef des nations; & des rois fortiront de vous. J'affermirai mon alliance avec vous, & après vous avec vôtre race dans toute la fuite de leurs générations, par un acte éternel, pour être vôtre Dieu, & le Dieu de vôe postérité après vous. Je vous donnerais, à vous, & à vos defcendants après vous, le pays de Chanaan où vous demeurez-maintenant comme étranger: ils le pofféderont à jamais, & je ferai leur Dieu. Enfuite le Seigneur ordorna à Abraham & à tous fes defcendants la Circoncifione, comme la marque de l'al liance qu'il contractoit avec eux. Ilvoulut que tous les enfants mâles qui naîtroient, fuffent circoncis le huitiéme jour; & il ajouta : Tout mâle qui m'aura pas été circoncis, fera exterminé du milieu de fon peuple, pour avoir violé mon alliance. Dieu dit encore à Abraham: Je benirai Sara votre femme, & je vous donnerai un fils né d'elle, que je benirai auffi. Il fera le pére de plufieurs peuples; & des rois fortiront de lui. Abraham fe profterna le vifage contre |