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tent,

terre; & il rit, en difant au fond de MAP. XI. fon cœur: Seroit-il bien poffible qu'un homme de cent ans eût un fils? & Sara enfanteroit-elle à quatre-vingts-dix ans? Seigneur, ajouta-t-il, je ferai trop confi vous me confervez Ifmael. Dieu lui répondit: Affurez-vous que Sara votre femme vous donnera un fils. Vous le nommerez Ifaac; & je ferai avec lui & avec fa race une alliance éternelle. J'ai exaucé auffi la prière que vous me faites pour Ifmael: je le be nirai, & je lui donnerai une poftérité très grande & très-nombreuse. Douze princes naîtront de lui; & je ferai for tir de lui un grand peuple. Mais l'alliance que je fais avec vous regarde Ifaac, que Sara mettra au monde dans Rom. 4. 18, un an en ce même temps. Abraham

ayant entendu la promeffe que Dieu lui faifoit, n'hésita point, & n'eut pas la moindre deffiance. Il ne confidéra point qu'étant âgé de près de cent ans, fon corps étoit déja comme mort, & que la vertu de concevoir étoit éteinte dans Sara: mais efpérant contre toute espékance, il fe fortifia par la foi, & rendit gloire à Dieu, étant pleinement perfuadé qu'il est tout-puiffant pour faire tout ce qu'il a promis. C'eft pour cela que fa foi lui fut imputée à justice.

Auffitôt après l'entretien qu'il avoit

eu avec Dieu, Abraham prit fon fils CHAP. XI. Ifmael, & tous les mâles d'entre fes domestiques, & il accomplit fur eux. & fur lui même la loi de la Circoncifion, laquelle a toujours été observée depuis par fes defcendants..

ECLAIRGISSEMENTS ET REFLEXIONS..

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[Vous voyez que le Seigneur m'a rendu ftérile. ] Voilà la philofophie de l'Ecriture: tout: y eft rapporté à Dieu & à fa volonté, comme à la caufe fuprême & univerfelle. La fécondité & la ftérilité,. la fanté & la maladie las force & la foibleffe du tempérament, la conformation. parfaite ou défectueufe des parties. da corps, les divers accidents de la vie ; l'abondance des fruits, & le temps qui y oft propre; la stérilité de la terre, & le déréglement: des faifons ou les autres accidents qui la cau-fent; toute la fuite de l'hiftoire nous montrera que l'Ecriture n'en reconnoît point d'autre: caufe que Dieu. Elle ne donne rien au hazard elle ne connoît pas même dans toutes ces: chofes l'ufage du mot de nature.. Le langage, qui n'eft que trop commun parmi nous, eft emprunté des payens qui ne connoiffoient: point Dieu; & la peine que nous avons à re-venir à celui du Saint-Efprit, eft une preuve: de la foibleffe de notre foi fur cette grande vérité, que hors le déréglement du péché, c'est Dieu qui fait tout dans le monde, & qu'il n'y arrive rien que par sa volonté. Car. fi les effets que nous appellons naturels, font produirss

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immédiatement par l'action des créatures; ce CHAP. XI. n'eft que parce que Dieu donne à ces créatures l'activité & le mouvement; qu'il forme & conferve entr'elles un enchaînement & dépendance propre à la production-des effets dont il s'agit; & qu'enfin elles font toutes des inftruments, que fa main toute-puiffante, con duit felon les régles de fa fageffe, pour l'exé cution de fes deffeins.

[Prenez donc....ma fervante... Abraham Pépoufa felon le défir de Sara. ] Nous avons remarqué que Lameck fut le premier qui époufa deux femmes, contre l'inftitution primitive du mariage. La paffion feule fut fa loi, & pour la fatisfaire, il ne craignit point de violer la loi du Créateur. Il n'y a ici rien de semblable; & il eft vifible que tout s'y fait par l'infpiration fecrette de celui qui difpenfe de fes loix qui il lui plaît. Abraham plein de foi attend fans inquiétude l'accompliffement de la promeffe que Dieu vient de lui faire de lui donner un fils. Il ne forme là-deffus aucun projet; & il s'en repofe abfolument fur celui qui a dans les tréfors de fa toute-puiffance une infinisé de moyens d'arriver à fes fins. Sara informée de la promeffe, & perfuadée, à caufe de fa ftérilité & de fon âge, que ce n'eft point par. elle que Dieu a deffein de l'accomplir qu'il entend qu'Abraham devienne pere par une autre femme, & dans cette penfée elle lui propofe d'époufer Agar. Abraham, qui n'apperçoit dans la propofition de fa femme que des vûes très-pures, & des motifs très-défin réreffez, ne doute point que cette pensée ne lui ait été infpirée d'en haut. Ainfi il fe rend à fon défir, fans autre vûe que de fuivre l'orte de Dieu, & d'avoir de cette feconde époufe

croit

des enfants, en qui les promeffes s'accompli

fent. C'étoit Dieu en effet qui étoit auteur de CHAP. XI. la penfée de Sara: il vouloit par ce mariage d'Abraham avec une efclave, & par le fils qui en devoit naître, figurer des myltéres que la

fuite nous dévoilera.

[Sara l'ayant châtiée. Le mot Hebren fignifie abbaiffer, humilier, abbattre. C'étoit de quoi l'orgueil d'Agar avoit befoin; & c'étoit uniquement dans cette vue, & non par aucun mouvement, ni de colére, ni de jalousic, que Sara la châtioit.

la Gen, to 3.

~[Comme elle erroit dans le défert, un Ange Explic. dedu Seigneur lui dit.] Ni Abraham ni Sara ne la font fuivre: mais Dieu envoie fon ange pour la confoler, & la remettre dans le devoir. Aucune charité n'eft comparable à la fienne. Cette pauvre efclave alloit fe perdre. Son orgueil & fa fuite la rendoient encore plus indigne de la bonté de Dieu, que de celle des hommes. Mais la patience des hommes a des bornes étroites; & la miféricorde de Dieu eft infinie.

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[Fe fuis le Dieu tout-puissant : marchéz en mas préfence, & foyez parfait. ] Dieu, qui va réité-rer fes promeffes à Abraham, & en ajoûter de nouvelles, l'y prépare' en lui remettant devant les yeux fa toute puiffance. Par là il fortifie la v foi, & affermit fon efpérance il lui fait perdre de vue les obftacles & les difficultez, &... impofer filence à fes raifonnements, pour n'étre attentif qu'à l'étendue infinie du pouvoir & à la certitude infaillible de la parole de celui qui promet. Toutes nos craintes & nos hé- Explić, de la fitations ne viennent que de ce que nous Gen: to, 3, voyons plus les difficultez, que la puiffance de Divul Les obftacles four préfents, & feruis;

mais Dieu paroît abfent, parce qu'il eft in CHAP. XI. vifible; & peu attentif; parce qu'il nous laiffe quelque temps dans l'épreuve. Qui croiroit comme Abraham, que Dieu eft la toute-puiffance-même, oferoit tout croire après cela, & tout efpérer.

Réfi. fur He [Marchez en ma présence.] Cette expreffion moch. ch. 3. a été expliquée ailleurs. Mais elle a ici un fens propre, & lié avec les paroles précédentes; comme fi Dieu difoit, Ne confidérez que moi; n'écoutez que ma parole, ne confultez que ma lamiére. Si votre foible raifon voit dans mes promeffes des difficultez infurmontables ; que votre fai voie des reffources infinies dans ma toute-puiffance. Et foyez parfait. Tenez-vous-, en là, fans vous laiffer entamer ni affoiblir par quoi que ce foit; & rendez-vous tous les jours plus droit, plus ferme, plus fimple plus pur, en me regardant toujours, & en ne segardant que moi.

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LE RESTE du chapitre contient-les promeffes: de Dieu, la loi de la Circoncifion, & le témoi gnage que l'Ecriture rend à la foi d'Abraham. Je vais tâcher d'éclaircir, chacune de ces trois chofes, en me refferrant le plus que je pourrai, pour éviter la longueur; fans néanmoins. rien omettre de ce qui me paroîtra nécessaire pour les faire bien entendre,

DES PROMESSES FAITES A ABRAHAM.

1. Comme ces promeffes, qui ont été faites à différentes fois, fe trouvent difperfées dans Ecriture, il eft bon de les réunir d'abord tou-tes fous un feul point de vûe,, afin qu'on puiffe les mieux entendre en les comparant..

Dieu.ccmmandant à Abraham de fortir de Chap 7 fon pays, lui dit: Je ferai fortir de vous

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