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eaux toutes effrayées. Les eaux couvroient les CHAP. I. plus hautes montagnes : vôtre voix menaçante les a mifes en fuite au bruit de votre tonnerre elles fe font retirées avec empreffement & frayeur.

Pf. 103.

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[Ces eaux qu'il avoit rassemblées,il les appella Mers. J La même volonté qui les a raffemblées dans ces vaftes baffins, les y retient par une loi inviolable. Dans les plus hautes marées du printemps & de l'autonne, le reflux ne passe jamais certaines bornes; & dans les plus furieufes tempêtes, lorfque la mer, felon l'expreffion du prophéte, élevant fes vagues jufqu'au ciel avec d'effroyables mugiffements menace la terre d'une inondation elle refpecte l'ordre de fon Créateur, qui lui défend de franchir les barriéres qu'il lui oppofe, en lui Jøb. 38. 11. difant: Tu viendras jusqu'ici; mais tu n'iras pas au delà, & ce terme brifera l'orgueil de tes flots. Cette deffenfe confifte dans la jufte & admirable proportion que la Sageffe divine a mife entre la quantité des eaux de la mer, la preffion de l'air qui caufe le reflux, la hauteur des rivages, & la violence des vents. Si cette exacte compenfation étoit ôtée, & que les eaux, par exemple, fuffent en plus grande quantité, ou la preffion de l'air plus forte, ou les rivages moins hauts, ou les vents plus violents; tous les voifins des mers feroient noyez. pays

[Or Dieu n'avoit point encore fait pleuvoir,

. C'eft une réflexion que le S. Efprit même nous fournit. Ceux qui voient les plantes prendre leur naiffance & leur accroiffement par la chaleur du foleil fecondée des pluyes, de la ro fée, & du travail de l'agriculture, pourroient croire que c'eft l'union de ces caufes qui les produit: & en effet la plupart des hommes peu accoutumez à remonter jufqu'à la premiére

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eaufe, parlent comme s'ils n'en connoiffoient point d'autre que celles que nous venons de CHAP. I. marquer. Mais l'Ecriture nous fait voir la terre revétue d'herbes & de plantes de toute forte, avant que le foleil ait été créé, & lorfque fa furface n'eft encore ni humectée par les pluyes ou la rofée, ni cultivée par la main d'aucun homme afin que nous fçachions qu'en Dieu feul réside la fécondité & la puiffance; que tout dépend immédiatement de lui; & que, fi felon l'ordre établi dans la nature, une chofe dépend de l'autre, par exemple la naiffance & l'accroiffement des plantes, de la chaleur du foleil; c'eft à cause que ce. même Dieu qui a fait toutes les parties de l'Univers, a voulu les lier les unes aux autres, & faire éclatter fa fageffe par ce merveilleux enchaînement.

[Que la terre produife, &c. Et la terre produifit de l'herbe verte, &c. ] Dieu parlé, & la terre, ftérile de fa nature, voit fortir de fon fein une infinie variété de plantes, qui changent tout à fa furface trifte & aride en un coup payfage diverfifié de prairies, de riches vallons, d'agréables collines, & de montagnes couvertes de forêts; femé de fleurs, & chargé de fruits de toute efpéce. Chacune de ces plantes a fa figure, fon ufage, & fes propriétez particuliéres. Chacune trouve dans la terre des fucs nourri ciers proportionnez à fa nature. Chacune enfin a reçû du Créateur la vertu de fe perpétuer & de fe multiplier par la graine qui la reproduit. La moindre fleur, l'herbe la plus méprifée, & qu'on foule aux pieds, renferme des merveilles fans nombre. Jesus-Chrift lui-même Mat. 6. 28% nous exhorte à confidérer les lis de la campagne, dont il relève l'éclat au-deffus de toute la magnificence de Salomon. Il veut que dans le

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foin que prend de les vétir le même Dieu qui CHAP. I. les a créez, nous reconnoiffions fa bonté & fa providence fur tous les hommes ; & il nous apprend par cet exemple l'ufage que nous devons faire du fpectacle de la nature qui eft exposé à nos

yeux.

[Dieu fit deux grands corps lumineux,&c. Ces deux grands corps font le foleil & la lune. L'Ecriture les appelle ainfi, non felon ce qu'ils font en eux-mêmes * mais parce qu'ils paroiffent tels à nos yeux, & qu'ils répandent sur la terre une plus grande lamiére que tous les autres enfemble..

Ce que l'Ecriture raconte ici avec une fimpli cité digne de celui à qui les plus grandes merveilles ne coûtent rien, les prophétes qui font venus depuis, en ont parlé dans les termes les f. 18. 1. plus magnifiques. Les cieux, dit David, an noncent la gloire de Dieu; & le Firmament publie les ouvrages de fes mains. Chaque jour porte l'ordre au jour qui le fuit; la nuit marque à la nuit fuivante en quel temps elle doit commencer & finir. Il n'y a point de peuple, quelque langue qu'il parle, qui n'entende leur voix : le bruit en retentit par toute la terre; & leurs paroles fe font entendre jufqu'aux extrémitez du monde. C'eft dans les cieux que Dieu a établi la demeure du foleil; & cet aftre à son lever reffemble à un époux qui fort de fa chambre nuptiale. Il part plein d'ardeur d'une extrémité da ciel, pour courir comme un géant dans fa carriére; il continue fa courfe jufqu'à l'autre portant en tout lieu la lumière, la chaleur & la fécondité, fans qu'il y ait rien qui se cache à Bar, 3. 33. l'ardeur de fes rayons. Il envoie la lumiere, dit un autre prophéte parlant de Dieu, & elle part il l'appelle, & elle lui obéit en tremblant. Les

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CHAP. Is

étoiles ont répandu leur lumiére, chacune en ja place: il les a appellées, & elles ont répondu Nous voici; & elles ont pris plaifir à luire pour leur Créateur. Ce langage fi différent de la fimplicité de celui de la Genefe, étoit proportionné aux befoins de l'homme. Dieu pour lui Rom, 1. 20, rendre fenfibles fa fageffe & fa puiffance, n'avoit ce femble qu'à expofer devant lui le fpeAtacle merveilleux du ciel & des aftres. Il ne faut que des yeux pour en être frappé, & un peu de réflexion pour en reconnoître l'auteur. Les lumiéres qui y brillent de toutes parts le découvrent. Mais l'homme s'eft conduit au milieu d'une fi vive lumiére, comme un aveugle & il a été fourd à la voix de toutes les créatures, qui publioient la grandeur de Dieu. Il a vû tous les jours luire fur fui le foleil, & toutes les nuits l'innombrable armée des étoiles former au-deffus de fa tête un camp lumineux fans y faire aucune attention. C'eft pour le tirer de cette efpéce d'affoupiffement, & pour lui reprocher fa ftupidité & fon ingratitude que les prophétes femblent emprunter le fon de la trompette dans les magnifiques defcriptions qu'ils font des merveilles de la nature. Levez les yeux en haut, lui crie Ifaïe, & re- Ifaï. 40: 267 gardez. Qui eft celui qui a créé toutes ces chofes qui fait marcher avec tant d'ordre l'armée des étoiles, & qui les appelle toutes par leur nom Il n'y en a pas une qui se dérange, tant eft grande fa force & fa puiffance.

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[Que les eaux produisent des animaux vivants qui nagent dans l'eau,& des oiseaux qui volent, &c.] Dieu commence au cinquième jour à étaler des merveilles d'un genre tout nouveau. L'eau & l'air fe trouvent tout d'un coup peuplez d'une multitude innombrable d'êtres ani

mez, en qui l'on voit une variété étonnante

CHAP. I. de mouvements qui paroiffent libres, & à qui Dieu donne la force, l'induftrie, le difcernement, la prévoyance, la rufe pour la confervation de leur vie, & la fécondité pour la multiplication de leurs efpéces. Les poiffons & les oifeaux font tirez de la même matiére, c'està-dire de l'eau, fans néanmoins fe reffembler en rien, fi ce n'eft en ce que Dieu a donné aux uns & aux autres des rames naturelles qui leur font fendre les eaux & les airs. Les poiffons n'ont, ce femble, qu'une tête & une queue: ils font fans pieds & fans bras: rien ne paroît en eux propre au mouvement. Cependant avec fi peu d'organes extérieurs, ils font plus agiles & plus prompts que s'ils avoient plufieurs mains & plufieurs pieds ; & l'ufage qu'ils font de leurs queues & de leurs nageoíres, les pouffe comme des traits, & femble les faire vo fer. Comme l'eau où ils vivent ne leur produit point de quoi fe nourrir, la principale ressource de ces animaux voraces eft dans la force, la violence & la rufe: ils s'attaquent & fe dévorent mutuellement, & les petits font la proie des grands; fans que cette guerre fanglante & ce cruel acharnement, qui durent depuis P'origine du monde, aient encore détruit aucune de leurs efpéces ; parce que la Providence qui veille à leur confervation, les multiplie d'une maniére fi prodigieufe, que ce qui s'en détruit est toujours fort au-deffous de ce qui fert à les renouveller.

Les oifeaux nous font plus connus. Qu'on obferve la légéreté de leur vol, la douceur de leur chant, l'admirable ftructure de leurs nids, leur pénible affiduité à couver leurs œufs, leurs tendres foins pour leurs petits; & qu'on faile

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