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attention qu'ils fçavent toutes ces chofes prefque en naiffant, & qu'ils les obfervent, cha- CHAP. I. cun dans fon efpéce, avec une conftante uniformité, fans avoir jamais eu de maître, ni vû de modéle; on ne pourra s'empêcher de reconnoftre qu'une fouveraine intelligence préfide à toutes ces opérations; & l'on s'écriera avec le prophéte dans les tranfports d'une religieufe admiration: La vue de vos ouvrages, Seigneur, Pf.91.40 me remplit de joie 5 je fuis dans le ravissement, en confidérant les œuvres de vos mains. O Seigneur, que vos ouvrages font magnifiques! que vos deffeins font profonds & impénétrables ! L'homme bébété & stupide n'y comprend rien

Pinfenfé n'y fait aucune réflexion. Quelle ftupidité en effet, d'avoir fous les yeux tant de merveilles, & de n'y réfléchir non plus que des enfants! Quelle folie de perdre tant de temps à des lectures ou pernicieufes, ou inutiles; au lieu de l'emploier à lire le grand livre de la nature, qui eft toujours ouvert, où tout nous éleve à Dieu, & nous invite à l'adorer & à lui rendre graces!

[Que la terre produife des animaux vivants de toute efpéce.....Et cela fe fit ainfi ]Dieu,après avoir créé les poiffons & les oifeaux, fait fortir de la terre toutes les efpéces d'animaux qui doivent la peupler: 1o. animaux domestiques deftinez à vivre avec l'homme, pour l'aider de leur force ou de leur induftrie, le nourrir de leur lait, le vétir de leur laine: 2°. bêtes fauvages, qui habiteront dans les bois & dans les folitudes; & dont les unes plus paisibles, comme le cerf, fe nourriront d'herbes, de grains: & de fruits; les autres plus cruelles, comme le lion & le loup, chercheront à vivre de fang & de carnage: 3°. infectes, à qui leur peau tient

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fieu d'os; & dont les uns marchent fimpleCHAP. I. ment, comme la fourmi & l'araignée; les autres volent, comme la mouche & le haneton : 4°. reptiles, qui n'ayant point de pieds, s'avancent en allongeant & accourciffant fucceffivement les différentes parties de leurs corps, comme le ver; ou fe gliffent avec une incroyable viteffe, comme le ferpent. Que de prodiges opérez tout à la fois par une feule parole: Le plus petit infecte que nous foulons aux pieds

& que nous cherchons à détruire parce qu'il nous incommode, en offre une infinité à notre admiration dans la variété & la délicateffe de fes organes, dans le choix qu'il fait de ce qui lui eft utile, dans l'attention à éviter tout ce qui lui eft contraire, dans les précautions qu'il prend pour fe perpétuer. Un cirom, par exem ple, qu'à peine les yeux apperçoivent, a des jambes avec des jointures, puifqu-il marche : il y a des veines dans ces jambes, du fang dans ces veines des humeurs dans ce fang, des gouttes dans ces humeurs, des vapeurs dans ces gouttes: les refforts & les nerfs qui fervent aux divers mouvements de ce petit corps, font à proportion auffi délicats que ceux du corps humain, dont plufieurs échappent à nos yeux. Cependant le ciron eft lui-même un gros animal, fi

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on le compare avec d'autres infectes, dont on découvre des millions à l'aide du microscope dans une quantité prefque imperceptible d'une certaine écume. Leur extrême petiteffe ne pernet prefque pas de diftinguer leur figure: mais la rapidité de leurs mouvemens démontre qu'ils font vivants; & parfaiteinent organifez dans la même proportion que le ciron. Je me perdois tout à l'heure dans l'étendue immenfe des cieux : maintenant je me perds dans la petiteffe in

concevable où la matiére peut être réduite. C'est

des deux côtez un abîme dont la profondeur CHAP. I. m'épouvante; & dans le transport de mon étonnement je m'écrie avec le Sage, Qui fera ca- Eccli. 18. 22 pable de parler des ouvrages du Seigneur? Qui pourra pénétrer fes mervilles? qui pourra exprimer fa puissance & fa grandeur?... Lorsque Y. 6. l'homme fera à la fin de fa recherche, il trouvera qu'il ne fait que commencer & après qu'il s'y fera long-temps appliqué, il ne lui en demeurera qu'un profond étonnement.

Mais l'homme n'a pas feulement dans la création des poiffons, des oiseaux & des animaux terreftres, de quoi admirer : il y trouve encore de quoi s'inftruire de fes devoirs. Le Créateur pris plaifir à les lui montrer dans plufieurs animaux ; & les différents inftincts qu'il leur a donnez, font autant de leçons pour nous, qu'il veut que nous étudiions. J'ai nourri des enfans, Ifai. 1. 2. gà dit-il par l'un de fes prophétes, & je les ai élevez; & après cela ils m'ont méprifé. Le bœuf connoît celui à qui il appartient;

l'âne, l'é

table de fon maître: mais Ifraël ne me connoît point, mon peuple n'a point d'intelligence. Un autre prophéte reproche au même peuple d'ignorer ce que fçavent les oiseaux, & de ne pas difcerner les temps propres & favorables ni les fignes qui les prédifent. Le milan connoît Jer. 8. yi dans le ciel quand fon temps eft venu: la tourterelle, l'hirondelle, la cicogne fçavent difcerner la faifon de leur paffage: mais mon peuple n'a point connu le temps du jugement du Seigneur. Le Sage renvoie le paresseux à la fourmi, qui Prov. 6ị n'ayant ni chef, ni maître,ni prince, fait néan- 6. 7. 8. moins fa provifion durant l'été, & amaffe pendant la moiffon de quoi fe nourrir. Et il veur qu'en confidérant fa conduite il apprenne à deve nir fage.

[Faifons l'homme. ] Jufqu'ici Dieu avoit tout CHAP. I, fait en commandant : Que la lumiere foit : que la terre produife des animaux. Mais quand il s'agit de produire l'homme, la plus excellente des créatures vifibles; l'Ecriture s'accommodant à notre maniére de penfer, & nous repréfentant fous des images fenfibles ce qui fe paffe dans le fecret de Dieu, elle lui fait tenir un nouveau langage : faifons l'homme. Ce n'eft plus cette parole impérieufe & dominante: c'eft une parole plus douce, quoique non moins efficace. Dieu tient confeil en lui-même : il parle à quelqu'un qui fait comme lui, à quelqu'un dont l'homme eft la créature & l'image : Jean. 5. 15.à celui qui dit dans fon Evangile, Tout ce que le Pere fait, le Fils auffi le fait comme lui. En parlant à fon Fils, il parle en même temps à I'Efprit tout-puiffant, égal & coéternel à l'un & à l'autre. Ainfi le profond mystére de l'unité de Dieu en trois perfonnes, nous est montré dans la formation de celui qui doit en porter dans foi-même l'image & la reffemblance.

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[Anotre image & à notre reffemblance.] Ce n'eft poin: par le corps formé de la poussiére de La terre, que l'homme eft l'image de Dieu mais par fouffle l'efprit de vie répandu fur lui. c'est-à-dire par l'ame fpirituelle & immortelle unie à fon corps. Il eft l'image de Dieu parce qu'il eft, comme lui, capable de connoître & d'aimer: & de même que Dieu eft fouverainement heureux en fe connoiffant comme vérité éternelle, & en s'aimant comme bien infini, ainfi l'ame qui tire fon origi ne de Dieu, & qui doit retourner à lui, ne trouve de vrai & de folide bonheur qu'à le connoître & à l'aimer. Il y a même dans cette ame toute parfaite qu'elic eft, quelque chofe qui

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répond à la nature infinie de Dieu. Dieu eft une fource inépuisable de biens & de richeffes, & CHAP. I. l'ame a une capacité infinie de recevoir ces biens & ces richeffes. Toute autre chose que la vérité éternelle ne peut fixer fes recherches : tout autre bien que le bien infini ne peut remplir les défirs.

[Qu'il domine fur les poiffons de la mer, fur les oiseaux du ciel, fur les bêtes, & fur toute la terre. ] Dieu, après avoir créé l'homme & la femme, leur répéta ces mêmes paroles; & il ajouta:Je vous donne toutes les herbes de la cerre, tous les arbres qui portent du fruit, afin que vous en tiriez votre nourriture, Ainfi toutes cho fes font pour l'ufage de l'homme; toute la terre lui eft affujettie, parce qu'il eft plus grand & plus excellent que toutes ces chofes: c'eft lui qui eft la fin des ouvrages de Dieu, & le principal objet de fon attention. Qu'est-ce que l'homme, PC. 8. &c qu ô mon Dieu, pour vous souvenir de lui ? ou le fils de l'homme, pour le vifiter? Vous l'avez rendu un peu inférieur aux Anges : vous l'avez couronné de gloire d'honneur; vous lui avez, donné l'empire fur tous les ouvrages de vos mains: vous avez mis toutes chofes fous fes pieds, les brebis, les bœufs, tous les animaux domestiques, &les bêtes fauvages, les oiseaux du ciel, & les poiffons de la mer. Tout eft donc pour l'homme: mais l'homme eft pour Dieu. Il fe doit tout entier à lui il ne doit vivre que pour lui & c'eft en cela que confifte fa gran deur & fa félicité. Malheureux, s'il fe dégrade & s'avilit lui-même, en livrant fon cœur à ce qui eft au-deffous de lui, & qui n'est destiné qu'à fon ufage: ingrat, s'il fait fervir con tre fon Dieu les biens mêmes qu'il tient de fa libéralité, & qu'un devoir indifpenfable l'obli

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